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[25C-NBOMe / 600µg sublingual] La Grange

Procyon

Glandeuse pinéale
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29 Mar 2014
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J'étais parti une semaine en vacances chez une pote à moi, nous l'appellerons Morgane, non loin des frontières suisses. Petit village calme, entouré par les champs, champs eux-mêmes bordés par de petits bosquets. Au milieu de ce décor, non loin du couvert des arbres, moi et ma pote qui prenons chacun un buvard de 25C-NBOMe. La nuit tombante, le temps nuageux. Le décor est planté.


T-15mn : Nous arrivons dans le champ en début de soirée avec un peu de matériel. Deux sacs de couchage au cas où il nous prendrait l'envie de passer la nuit dehors, un cracker de N2O, quelques fringues plus chaudes, de l'eau, beaucoup d'eau, et quelques trucs à grignoter. Nous nous installons près des arbres, le plus loin possible des quelques maisons du village encore visibles.


T+0mn : Je coupe les buvards, un pour chacun : 600µg en sublingual, sachant que nous pesons chacun une cinquantaine de kilos. J'avais déjà consommé du 25C deux fois et connaissais donc un minimum la molécule ; Morgane n'avait encore essayé que le LSD et la MD. Pendant une demi-heure, parlant de temps à autre, nous attendons doucement que la salive fasse son oeuvre, tandis que le goût désagréable du carton s'efface peu à peu. J'ai mis de la musique, pour que le temps paraisse un peu moins long : de Salut c'est cool, nous passons vite à 1200 Micrograms.


T+20mn : Morgane retire le buvard de sa bouche ; je la suivrai une quinzaine de minutes plus tard. À mesure que le temps passe, elle me dit que de légers visuels apparaissent, mais je ne suis pas vraiment concentré sur ce qu'elle dit à ce moment précis. La partie du champ dans laquelle nous nous trouvions me semble accueillante, presque chaleureuse (nous avons assemblé un semblant de foyer pour un feu que nous n'avons finalement pas fait...), et vers 22h (T+30mn) je commence à ressentir des effets déjà connus : une sensation de chaleur, une légère euphorie, et une bonne envie de bouger.


T+30mn : Nous nous levons de concert pour aller courir un peu dans les champs. Nous jouons (presque) comme des gosses, descendant la colline sur laquelle nous étions juchés ; la montée se fait assez discrète et nous ne ressentons pas d'effet dérangeant. Morgane me demande tout à coup de faire jouer à mon enceinte portable la bande originale du Seigneur des Anneaux. L'ambiance s'y prête en effet à merveille, les dernières lueurs du coucher de soleil resplendissent encore sur le lac Léman et les champs prennent des couleurs de rêve, le vent se met même à souffler pour renforcer la cohésion du tout.
Tandis que nous remontons la colline, Morgane se retourne vers moi et me fait :
- Tu sais, si t'as du mal à t'amuser comme ça en temps normal, c'est parce que t'as perdu ton âme d'enfant !
Je la regarde ébahi. La réplique est à la fois tellement juste et tellement inattendue que je suis pris de court. Ne sachant pas vraiment quoi répondre, je la laisse juste trotter dans ma tête - elle reviendra bien assez tôt, un peu plus tard dans l'histoire.


T+45mn : Comme la nuit commence à tomber "pour de vrai" et que le temps n'est pas au beau fixe - une mer de nuages nous surplombe, pour être exact -, nous décidons de rentrer nos affaires à l'intérieur d'une petite grange que nous avions repérée plus tôt dans la journée. Elle se trouve dans un petit bosquet, à une vingtaine de mètres de notre "feu de camp" : autant dire que la tâche est rapide.
Autant de jour, la grange était sympathique - bon, pleine de poussière et de toiles d'araignées et trouée de partout, mais suffisante pour se protéger de la pluie -, autant de nuit l'intérieur devient carrément glauque. Les odeurs de vieux bois mouillé et de poussière ne sont pas des plus heureuses, mais la musique nous le fait vite oublier. Les rythmes et les mélodies entraînantes d'un film épique ne peuvent pas faire empirer ce détail, en tout cas !


T+55mn : Un morceau triste s'incruste dans la bande originale du Seigneur des Anneaux. S'enchaînant après un titre bien épique, elle nous met en quelques minutes dans un état de peur assez dérangeant.
[YOUTUBE]
Rapidement, les visuels (qui restaient alors minimes) commencent à émerger, à se déployer sur les murs et au plafond. Rien n'est bien défini - la majeure partie de la grange était de toute façon dans la pénombre - mais c'est effrayant, sombre, et ça bouge pas mal. Sur mes trois prises de 25C, les trois m'ont amené à une montée soudaine et brutale des visuels, et celle-ci n'était pas la plus "impressionnante", mais ça surprend toujours beaucoup.
Morgane me dit rapidement d'une voix mal assurée quelque chose comme :
- C'est quoi ce truc ? C'est glauque. Change de musique, vite.
Et je suis d'accord avec elle, alors je fouille dans mon mp3 pour trouver le premier truc épique qui passe. Wintersun ? Parfait... Morgane tiendra un demi-morceau, avant que je ne m'arrête sur un album de Pendulum qui sera le dernier que nous écouterons ce soir.


T+1h05mn : Avec des musiques plus dynamiques et enjouées, les visuels prennent une teinte plus positive. J'observe un mur en bois, sur lequel mon esprit relie les noeuds pour créer des réseaux de lumière qui envahissent la pièce. Morgane, à côté de moi, me demande :
- Je peux toucher ?
J'ignore de quoi elle veut parler, mais j'imagine stupidement et absorbé par mes visus qu'elle veut parler de ces filaments de lumière.
- Tu veux toucher quoi ? La lumière ? Celle qui se dessine sur le bois là ?
Je sens son regard un peu étonné :
- Euuuh... Non, non, juste... le mur.
Nous éclatons tous les deux de rire devant le ridicule de la situation.
Peu de temps après, nous décidons de quitter la grange pour prendre un peu l'air, en laissant nos affaires ici bien entendu. Nous emportons juste une couverture et mon enceinte portable, plus notre lampe-torche pour réussir à y voir dans une nuit toujours plus noire.


T+1h15mn : D'un pas un peu hésitant, nous nous asseyons dans l'herbe au milieu du champ. Contemplant le ciel et les lumières d'une ville pas très lointaine, je suis émerveillé par le contraste entre la grange que nous venons de quitter et le paysage du haut de la colline. Je me lance alors dans l'observation des alentours, parlant un peu avec Morgane - échangeant sur les effets ressentis, essentiellement, et sur les visuels que nous expérimentons respectivement. Je ressens une légère contractation et je ressens une envie de bouger que je contiens sans mal.
Quelques discussions avec Morgane, à propos de la phrase qu'elle m'a dite tout à l'heure et d'autres sujets qui lui sont plus personnels.


T+1h40mn : Morgane me dit qu'elle a soif, mais qu'elle ne se sent pas de retourner dans la grange maintenant qu'il fait nuit noire et qu'elle préfèrerait que j'aille chercher un petit encas. Je ne suis pas vraiment rassuré à cette idée, mais bon... je suis dans une phase où mes visuels ne sont pas très présents et je m'imagine à tort qu'ils vont rester bien sagement à leur place. Préférant deux précautions à une seule, je prends tout de même soin d'allumer la lampe torche et de la laisser au niveau de Morgane ; comme ça, en revenant, je pourrai me guider avec cette lumière.
J'avais à peine fait dix mètres au moment précis où la forêt s'est ruée sur moi pour tenter de m'étouffer. J'avançais un peu tendu, quand tout à coup le paysage entier s'est rapproché comme s'il m'était hostile. Des monstres de pénombre avec de grands yeux rouges menaient la meute des bosquets environnants, et même si j'étais parfaitement conscient que tout était artificiel, mon corps ne pouvait pas être raisonné. Tentant de ne pas céder à la panique, je me suis retourné et ai aperçu la lumière de la lampe torche. Sans réfléchir, je me suis rué dessus.
Morgane, en me voyant arriver à toutes jambes, a bien compris que quelque chose n'allait pas, mais au bout de quelques secondes c'était déjà passé - une présence humaine, ça change tout.


T+1h50mn : J'ai soif aussi, et nous n'allons pas rester toute la soirée sans eau. Je convaincs Morgane de m'accompagner dans la grange pour y chercher quelques affaires et elle accepte ; nous nous levons donc et, ne nous lâchant pas d'une semelle, retournons dare-dare à la grange. Et si tout à l'heure, elle était déjà glauque, là elle frise le mauvais goût. C'est comme si les toiles d'araignées occupaient tout l'espace et tentaient de nous empêcher de rentrer. Mais une fois à l'intérieur, cela nous semble beaucoup plus acceptable, et nous nous adossons à un mur en continuant à discuter. Il y a toujours de la musique en arrière-plan, sans doute toujours Pendulum mais impossible de me rappeler.


T+2h : Avec Morgane, nous nous approchons du fond de la grange, quand elle s'accroche à mon bras en poussant un petit cri. De ce qu'elle m'en a raconté après, elle a vu toute une partie du mur de la grange se couvrir d'insectes et de lombrics, et s'est rapidement éloignée pour se rapprocher de l'entrée. Quelques minutes après, nous avions ramassé ce dont nous avions besoin et étions vite retournés au milieu du champ.
De loin, les arbres semblaient accueillants, voire comiques, mais à l'intérieur c'était vraiment une autre histoire : je ressentais personnellement une sorte d'oppression qui m'était très inhabituelle.


T+2h10mn : À nouveau assis dans le champ, nous nous lassons d'observer et commençons à échanger "sérieusement". Je ne vais pas citer tous les sujets que nous avons abordés, mais les idées fusaient et toute phrase était prétexte à mille associations d'idées. Un peu plus tard, nous décidons d'appeler Maëlle*, la copine de Morgane, et nous passons une bonne partie de la soirée à discuter ensemble. C'est là que nous avons développé une "protection" assez étrange contre la forêt et le bad ; tant que Maëlle parlait avec nous, tout était paisible, et dès que la chape de plomb du silence se posait sur nous, il fallait vite que quelqu'un rengage la conversation avant que les arbres ne se fassent trop hostiles.
Cet étrange phénomène nous a en tout cas permis de parler non-stop pendant trois bonnes heures, même si je n'ai pas le minutage exact en tête. Deux fois le réseau nous lâcha, et les minutes coupées de Maëlle se faisaient étrangement longues et malsaines.


T+5h : Nous décidons d'aller nous poser près de notre "feu de camp", mais nous aurions besoin de nos affaires... pas de problème, Maëlle reste en ligne avec nous pour nous "protéger" pendant que nous allons chercher nos affaires dans la grange. Je me sens ridicule de savoir pertinemment qu'il n'y a pas de danger et d'être quand même terrifié, mais bon ce n'est pas sur le moment que je pourrai régler le problème alors je me contente de faire en sorte que tout se passe au mieux. Le "déménagement" est bref, mais nous sommes tout de même assez tendues et prenons une grande bouffée d'air frais quand nous arrivons enfin dans le champ. Nous restons assis en parlant encore un peu de temps...


T+5h10mn : Tout à coup, Morgane entend un "bruit de pluie". Quelques secondes après, c'est mon tour : j'entends la pluie tout autour de nous, et avec pas mal d'intensité en plus ! Ce n'est qu'après plusieurs secondes que nous nous rendons compte que nos affaires prennent l'eau et que nous n'avons même pas senti la pluie sur nos visages ou sur nos mains pourtant découvertes. Nous entendons un éclair, assez proche. Plutôt que de réfléchir et souhaitant éviter de nous retrouver en plein milieu d'un orage de montagne, nous attrapons vite nos affaires et courons pour rejoindre la maison de Morgane. À pied, une dizaine-quinzaine de minutes nous suffira, et en nous éloignant du champ cette sensation de pesanteur, d'étouffement créé par la forêt nous quitte presque instantanément.


T+5h25mn : Nous arrivons chez Morgane. Maëlle raccroche - deux heures du matin, tout de même ! - et Morgane va préparer deux bols de céréales pendant que je l'attends dans sa chambre. Je prends machinalement mon téléphone et commence une partie de 2048. J'y fais d'ailleurs un de mes meilleurs scores alors que mes pensées étaient à mille lieues du jeu et que je n'y ai quasiment pas pensé consciemment pendant toute ma partie. On va dire que c'est ma manière à moi de me rendre compte du poids de l'inconscient... En tout cas, Morgane revient avec des céréales au lait, et mon estomac la remercie pour ce geste. Nous parlons, un peu - nous sommes un peu fatigués, mais je n'aime pas particulièrement dormir en descente de 25C ; personnellement, ça me file des coups de chaud assez intenses dans les membres, ce qui m'arrive seulement avec ce prod-là (parmi le petit panel que j'ai testé, mais tout de même).


T+6h : Nous sommes maintenant tous les deux allongés dans le noir, dans nos lits respectifs, mais je ne me sens vraiment pas de dormir, alors j'attrape mon téléphone et ouvre pour la première fois de ma vie l'application "Dessin". Je pars d'une idée simple : qu'est-ce que tu retiens de ta soirée ? J'en tire une image, assez brouillonne, qui ne m'intéresse pas plus que ça, puis deux autres qui me parlent encore moins, mais sur le moment je suis plus attiré par l'idée de dessiner que par le dessin en lui-même. Et pourtant, je ne dessine pratiquement jamais, habituellement.


T+8h : Impossible de me rappeler si la moindre activité constructive a été de mise pendant les quelques heures qui précèdent : en tout cas, nous discutons encore une petite demi-heure, Morgane tente de m'effrayer en me faisant lire des creepypasta dont même la traduction en français portait à rire, puis nous finissons par nous assoupir vers six heures du matin, environ 8h30 après avoir droppé, en somme.




CONCLUSION : Une molécule très visuelle et émotionnelle, qui joue beaucoup moins sur le côté "spirituel" que le LSD par exemple. De ma petite expérience de la bête, les montées sont assez puissantes et "prenantes", c'est lors de mon premier trip au 25C que j'ai réellement vu mon champ de vision entier "respirer"... et pourtant ça n'était qu'un demi-buvard de 600µg ! La tolérance n'est pas si longue qu'on le dit entre deux prises, je dirais plus que c'est entre une semaine et une semaine et demie, mais il vaut mieux éviter de les rapprocher autant évidemment.
La contraction et le petit côté euphorisant/stimulant peuvent être un plus comme un moins, il m'est arrivé un jour d'essayer de jouer de la guitare sous 25C et les muscles avaient du mal à fonctionner sans accélérer inexorablement (et beaucoup trop rapidement pour ma résistance à la douleur, en tout cas). L'utilisation n'est donc pas la même que le LSD, même si c'est encore et toujours le set&setting qui décide de ce genre de choses. Surprenant, mais on sent tout de même lors de la prise que c'est plus "dangereux" que le LSD, au niveau des vaisseaux et des muscles par exemple...
 

FunkyDuck

Sale drogué·e
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31 Mai 2013
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Ouais, le coté physique est plus prononcé qu'avec le lsd, mais l'euphorie visuelle dont tu parles sont les raisons pour lesquelles je suis tombée amoureuse de cette molécule.
En fait j'crois que c'est le fait qu'on reste lucide avec qui fait ça: comment affronter des visus de fous dans un état d'esprit lucide? D'ou les petits coups de flippe dans la foret et dans la grange je pense.

Joli TR en tout cas!
 
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