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[DXM 760 mg] Bipbip sitte et Stylo tripe

  • Auteur de la discussion Styloplume
  • Date de début
S

Styloplume

Invité
Substance: DXM
Quantité: 760 mg
Poids: 72 kg. (donc 10,5 mg/kg)
Set&Setting: Juste au moment de sortir d'une gueule de bois méchante de la veille.


Styloplume et Bibip sont de retour! Mais cette fois ci, c'est moi, Bipbip, qui vais vous raconter le trip de notre ami, ou même pour généraliser le morceau de vie que je partage avec lui.

(Toutes les notes de Bipbip ont été faites sur l'ordi en live, celles de Styloplume ont été rapportées après coup)

Bipbip:
Nous voilà donc chez moi - c'est un détail qui n'intéressera sans doute personne, mais depuis la dernière fois j'ai déménagé et je vis seul dans un appart' assez classeux.
Bref, après une soirée bien arrosée hier, et une balade dans les rues plus ou moins calmes de la ville par un bel après-midi pré-printannier, Styloplume se décide de se faire une cure au DXM. C'est pas que je ne veuille pas l'accompagner dans le trip, c'est juste qu'aujourd'hui, j'ai décidé d'être raisonnable. Donc sobre. Il a pris une grande dose - 760 mg, je sais pas vous mais pour moi ça veut dire beaucoup, étant donné que les rares fois où j'en ai pris, je me faisais un point d'honneur à ne pas dépasser les 360 mg. J'étais high mais encore conscient. Maître de moi. Si je l'accompagnais aujourd'hui, j'ai bien peur de nous mettre tous les deux dans de beaux draps. Surtout que Styloplume ne considère pas l'expérience comme un truc marrant comme moi. Lui, il voit ça comme une épreuve: il me dit qu'il va passer par différents stades et faire face à ses angoisses, les affronter, pour en être, enfin, libéré. La démarche de départ, ce qui nous pousse à se mettre sans dessus-dessous, n'est donc pas la même. Je me dois d'être sobre pour lui tenir compagnie. Et puis, ce n'est qu'un service rendu, après tout. La dernière fois, c'est bien lui qui m'a sagement tenu compagnie quand je trippais et qui a veillé sur moi.
Le Set&Setting. Là aussi on gère les choses différemment. Lui a joué le rôle d'un catalyseur, d'un guide dans mon trip. Moi - et je l'ai prévenu, je ne vais pas lui tenir la main. Je vais juste être à sa disposition quand il aura besoin de moi (un verre d'eau?).
17h: Styloplume s'asseoit sur la canap' et pose son attirail. Vingt Dieux, tant que ça? Heureusement, la plupart des trucs sont des comprimés assez facile, je pense, à gober. Pas comme cette merde que j'ai ingérée la dernière fois, qui me faisait presque gerber.

Styloplume:
Ces derniers temps ont été marqués par un combat perpétuel entre mes accès de joie spirituelle dues à mes prises de conscience, et mes sensations dépressives qui me viennent des matrices périnatales 2 et 3, réveillées par quelques méchantes trips au DXM. Le fruit de toutes mes recherches m'a conduit à m'intéresser à la thérapie au LSD, telle que mise au point par Grof. D'une façon générale je vais beaucoup mieux que l'an dernier, mais je ressent toujours le poids ce ces méchantes matrices périnatales, et je veux passer au travers. Reste que j'ai besoin de deux choses: du LSD et un sitter versé dans la spiritualité, ayant une expérience psychédélique. Pas facile à trouver. Alors, quand je me retrouve chez Bipbip après long time no see, c'est vite fait d'organiser une soirée DXM, même si c'est pas la même chose. Pour le reste, on verra.
2 billes de T, deux comprimés de Pul**, vingt capsules de E, et huit capsules de H (le DXM allemand). Jamais autant pris de pillules différentes en une seule fois. 760 mg, jamais autant pris. Petit jeu arithmetique, combien de DXM se trouve dans une capsule de H?

Bipbip:
Hop, en deux minutes, c'est fait. Le gars n'en a pas laissé une miette.
Il va sur l'ordi et se fait une playlist pour l'occasion. Je suis un peu naze, on se repose tranquillement.
Styloplume va sur le lit, et me fait part des épreuves qui - d'après lui, vont l'attendre. Je veux jouer à la Playstation pour dire de m'occuper pendant qu'il va monter, mais il me dit d'éviter parce que les sons qu'il va entendre et les images qu'il risque de voir sur ma télé pourront lui paraître violents, ce qui va en rajouter aux angoisses qu'il devra surmonter.
Styloplume prend une douche. Je me mets à un café-clope en réfléchissant à ma manière de raconter cette histoire.
18h: Il me dit qu'il est en train de monter. Super. Il me dit aussi: "A forte dose, le dex peut parfois te bloquer quand tu vas pisser." J'acquiesce, car je ne sais pas où il veut en venir, mais il reprend: "Donc, si tu vois que je vais aux toilettes et que j'y reste, au bout d'un moment, rassure moi, sors moi de là et dis moi qu'on repassera dans une demi-heure." OK, je comprends mieux. Toujours la même rengaine, en fait, celle de calmer ses angoisses. Ça fait bizarre de se dire qu'il voit ça comme le parcours du combattant. Je me demande d'ailleurs ce qu'il a à combattre. Ça s'annonce lourd.
La musique qui passe: Right Here, Right Now - Fatboy Slim (pour celles et ceux qui ne sauraient pas...)
Styloplume m'a filé un bouquin: Psychothérapie au LSD, de Stanislas Grof. Il paraît que ce livre n'a jamais été traduit en français, la version qu'il me file est une traduction allemande, je la feuillette mais j'ai la flemme de la lire attentivement. Toutefois, il y a la description des différents stades que Styloplume envisage de traverser ce soir, avec notamment le stade périnatal et le stade transpersonnel. C'est le premier de cette liste qu'il craint, et qu'il va essayer de revivre.
Il veut lire ce que j'écris, je l'en dissuade, lui dit que c'est pour une raison semblable à ce qu'il m'a dit par rapport aux WC: "Ce que j'ai capté, quand tu m'as expliqué ça, c'est que tu avais déjà toutes tes angoisses *intérieures* à gérer, et qu'il ne fallait pas qu'un élément extérieur s'y ajoute. C'est pareil: si jamais tu lis mon trip-report pendant ta montée et qu'il y a certains passages que tu n'aprécies pas, ça pourra te faire bader extérieurement alors que tu seras en train de partir au combat dans ton subconscient."
Notre ami prie. Puis il demande à baisser les volets. Moins de lumière, OK. Je le rejoins pour l'avoir à l'oeil.

Styloplume:
Je me pose sur le lit et je commence à laisser le DXM m'envahir. Je me demande au passage si ça va vraiment marcher, si c'est si simple que ça, et la réponse vient assez vite: oui, oui, ça marche. Très rapidement je me retrouve confronté à l'étape qui posait problème lors de ma dernière grosse prise de dex: le passage au plateau 3, traduit par une perte de stimuli extérieurs, un vertige et l'impression de flotter. La dernière fois j'avais refusé.
Hop, la machine se met en route, et je commence à glisser, oulà, ça glisse, ça glisse, ça s'arrête pas. Je suis balotté à droite, à gauche, puis mis dans une centrifugeuse à tourner à toute vitesse, la tête vers l'extérieur, et je me laisse docilement faire, je veux lâcher prise comme on m'a bien dit de faire. Résultat? RIEN! Je me fait juste balotter. Quand je décide de revenir, j'explique à Bipbip: Bon, je vais partir pour de bon, là, ne te fait pas de souci pour moi, je vais bientôt revenir.
Et je repart. Ce qui finit par m'embêter c'est que je ne part pas vraiment loin, le lit est toujours aussi proche, et je ne sent aucun grand processus se mettre en route. Je vais tâcher de décrire certaines choses quand même:
Je suis sur le lit allongé les yeux fermés. Je distingue de grandes lignes rouge venir sur l'horizon, comme des motos dans TRON qui laissent des traces lumineuses. Elles sont nombreuses et se prolongent jusque dans mes yeux. Elles rentrent dans mon crâne par les yeux et ça fait mal. Je décide de ne pas paniquer, de laisser faire. Ca fait toujours mal même si je sais que c'est du faux, que ça vient du mental, donc je laisse faire. Et quelque part, ben, il ne se passe rien d'autre, et ça s'arrête tout seul, je finit par ouvrir les yeux et regarder le plafond avant de repartir.
Je pars dans quelques trips paranos, du fait d'entendre des sons au-dehors. De la violence? Ca me fait peur. Je suis dans une phase assez anxieuse et je laisse l'extérieur beaucoup influer sur mon psychisme, par exemple, mes hallus changent selon que le plafond est plus ou moins éclairé par l'écran de l'ordi. Je fous Bipbip dehors.

Bipbip:
20h : Je suis dans la cuisine. J'ai dû m'isoler avec mon ordi et mes affaires, pour que Môssieur fasse son trip sans que je le dérange. Ça a commencé par la lumière. Il voulait être dans le noir, et la lueur changeante de l'écran de mon ordi le génaît. Ça m'a un peu énervé, mais bon, OK, sauf que je ne peux rien faire. Il me l'a avoué cash: "Je cherche le conflit avec toi." D'accord. On est mal barré. J'ai fini par éteindre mon PC et me suis assis sur le canap'. Ensuite, c'était le bruit de la rue qui le dérangeait. "C'est quoi?
- J'en sais foutre rien. Des supporters avant un match de foot ou des gens qui sont contents des attaques aériennes en Libye? En tout cas, je ne peux rien faire, Styloplume. Faut attendre que ça passe.
- Humpf" a t'il soupiré.
Je viens de voir comment ça allait, pour la deuxième fois, et lui donner un verre d'eau pour qu'il se réhydrate. Il me remballe au bout d'une minute: "Va-t'en!". Il me dit qu'il veut éviter les conflits. Mais merde, pourquoi il pense au conflit? Il n'y en a pas. Tiens, par exemple, la musique de la rue. je lui ai dit, au lieu de tiquer et de l'éviter, de justement la faire venir à lui, l'appréhender et la partager. Toujours le même "Humpf".

Styloplume:
Cette période du conflit a été la plus gênante. Je me suis rendu compte qu'elle était la plus révélatrice du trip, et que bien gérée, elle aurait du être la crise, l'opportunité qui aurait donné une évolution. J'ai projeté d'un coup mes peurs et mes angoisses sur Bipbip, je voulais le mettre à l'épreuve, voir s'il fairait un bon gourou plein d'amour, un chamane qui ne s'en laisse pas compter. En fait, le pauvre se faisait du souci pour moi et je ne voulait pas lui en rajouter. Du coup, on était dans l'impasse, parcequ'on s'était accordé sur le fait qu'il ne prendrait pas le rôle d'un thérapeute ni d'un chamane, mais qu'il m'accompagnerait juste. Or à ce moment j'aurais désespérément souhaité avoir un chamane à disposition, un type plein d'amour pour m'exorciser, que tous mes délires n'effrairaient pas. Je me rends compte que j'en ai trop demandé à Bipbip et je laisse tomber. La décision n'a pas été facile à prendre de le foutre dehors, surtout sous DXM. Je me suis senti vraiment mal. Les quelques arguments de Bipbip à propos me semblent parfaitement déplacés, je ne me sent pas écouté ni compris pour un sou, je suis dans l'impasse totale, alors "Humpf" et je lui demande de sortir.
Bipbip sort. Les bruits de l'extérieur cessent. Je suis seul dans le noir et dans mes délires.

Bipbip:
Styloplume veut être seul. Chaque fois que je viens lui donner de l'eau, c'est ce qu'il me dit.
J'ai bien peur que rien que le fait que je tape au clavier dans la cuisine le dérange. Pourtant il est loin (dans tous les sens du terme) et il a son walkman sur les oreilles.
Je note: dissociation temporelle. Enfin, c'est pas le bon mot, mais j'espère que vous me comprenez. Il ne sait pas quelle heure il est, et me la demande tout le temps.
Styloplume est en prendre d'en prendre pour sa gueule. Il souffre, je crois, en tout cas il n'est pas bien. J'ai l'impression qu'il s'est fait son Set&Setting lui même. Il s'est dit: "Tiens, je vais affronter mes angoisses, je vais passer des épreuves, machin truc." et c'est ce qui finit par se passer. Vous comprenez? Il s'est *conditionné*. Je trouve ça un peu con, en règle générale, de prendre une drogue en sachant qu'on bade et qu'on va encore plus bader - à cause des effets démultiplicateurs. Sauf de Styloplume a ses raisons, et même si je ne les connais pas, je les devine. Et puis merde, moi c'est ce que je fais aussi, hein, Avec l'alcool. Notamment.

Styloplume:
D'un coup j'ai tout oublié. Je regarde le ciel plein d'étoiles qui brillent les unes après les autres dans un ordre bien précis, et je me dit que c'est mon rôle de rester là et de survivre, que je suis bloqué dans l'instant. Une pensée qui à la fois m'effraie et me rassure fait sa place: Je suis loin de tout, loin de ma famille, loin de ma vie, de mes projets d'études, des filles, de tout le reste. Tout mon univers c'est cette espèce de ciel grillagé, cette matrice dans laquelle je me ballade, ces points sur la grille, tout ce passe ici.
Je me souvient de qui je suis et je commence à combattre. Redevenir Styloplume. Rester moi-même. Ne pas oublier, surtout. Ne pas oublier, ne pas me perdre. Mais je tombe dans des abîmes d'indifférence. Après tout, je pourrais me dissoudre maintenant dans le tout que ça ne changerait pas grand chose. Rapidement, toutes ces choses, ma famille surtout, à qui ça ne plait pas que je prenne de la drogue, me deviennent indifférentes. Ma vie, que j'avais comfortablement oubliée, n'est plus si grave. Après tout, c'est quoi le problème? Nous sommes des âmes venues vivre sur terre pour apprendre des choses, pour oublier Dieu, pour faire notre propre expérience, pour souffrir et apprendre. En ce moment je souffre, j'en chie, je suis loiiiiiin de Dieu, et alors? Je sais de toutes façons que, si nous sommes loin de Dieu, lui il n'est jamais loin. Alors, vraiment, je peux faire mon trip dans l'enfer, je m'en fout, je n'ai aucune émotion. Je ne suis plus perdu, j'ai accepté d'être perdu, même si je me souvient que je suis Styloplume, je sais pertinement que ce dont je me souvient est une illusion et que j'ai toujours oublié l'essentiel, à savoir que je ne suis pas Styloplume, je suis une étincelle du divin venue dans un corps et un esprit limités, et qu'un jour je retournerai à ma vraie nature, à Dieu.
Alors, go, l'enfer c'est partit, en avant la folie. Pas d'extase pour ce soir ni d'expérience mystique, seulement une suite presque ininterrompue de visions stupides, glauques, absurdes, indécentes, bref, l'enfer quoi. Et ça ne m'atteint pas le moins du monde.

Bipbip:
Styloplume est en plein trip. Il a chaud. Il a soif. Son coeur bat la chamade. Il me demande de prendre son pouls. Je ne peux pas le mesurer, je peux juste dire que son coeur bat vite, et de manière irrégulière.
Voilà des bribes de ce qu'il me dit (quand il ne me dit pas d'éteindre la lumière - celle-ci est éteinte dans tout l'appart', sauf dans la cuisine. C'est juste que je laisse la porte de la cuisine ouverte quand je vais le voir): "En ce moment, j'observe. Je suis déjà passé par ces états, je les connais." (il dit ça avec une intonation d'impuissance, comme s'il était déçu de ne pas pouvoir agir sur ce qu'il voit, de ne pas pouvoir influencer le cours des choses)
Je sens chez lui aussi l'idée que le pic est atteint, qu'il essaie de tripper, d'arracher les derniers trucs pendant sa descente, avant la fin.
Et enfin, morceau choisi, pour le best-of: "Et sinon je vais te dire des trucs. Ah, en fait, non, j'ai rien à dire!" (rires). Celle-là, c'est cadeau!
Autre chose que je note, et qui ne me surprend qu'à moitié: "Tu ne dois pas rire, OK?" ce genre d'injonctions, noyées dans son flot de paroles discontinu. La vérité, c'est que Styloplume a peur de certains trucs chez moi. Mon ironie, en fait. Que voulez-vous: je suis parfois désabusé du monde. Je ne le montre pas. À moins que ce soit autre chose, mais on s'en fout. Quoiqu'il en soit, je dis, de temps en temps, des trucs un peu hardcore, mais je fais des pirouettes syntaxiques pour que, même si ça fait mal, ça fasse rire malgré tout. Des trucs gentillets. de la taquinerie. Sauf que, dans son état, Styloplume a peur de la répercussion de ce genre de phrases. Je lui ai dit que je n'allais pas en user ce soir. En y réflechissant, je me dit qu'il a peur de la moquerie. C'est mal me connaître. Je ne dis pas que je ne me moque pas. Simplement, je n'aime pas la moquerie - *tant qu'elle n'est qu'à sens unique*. Pour résumer, quand je me fous de la gueule de quelqu'un, je crache aussi sur la mienne (jusqu'à un certain point, c'est vrai). Pour montrer que ce n'est pas sérieux, ou qu'en tout cas chacun doit savoir un peu rire de soi-même.

Styloplume:
Je trippe à bloc. Le décor se modifie en permanence. Tantôt les hallus sont un marasme de visions plus devinées qu'imprimées sur ma rétine cérébrale, tantôt je vois des choses comme si elles existaient, des formes connues ou inconnues qui se rapprochent de moi, invariablement.
Des architectures fantastiques se montent, se catapultent, se déplient, s'étendent au-dessus de mon lit. C'est comme si je visitait des mondes virtuels en ligne de commande. Ca pourrait être intéressant, mais c'est assez ennuyeux, pas assez mis en forme, je n'ai aucune émotion, souvenez-vous, j'ai laissé tombé déjà. Il n'y a aucun intérêt.
Puis, l'espoir s'impose à ma conscience over-défoncée, non par une émotion (absolument aucune émotion dans tout ce trip), mais, je pense, par un retour de force, comme si mon karma se rappellait à mon bon souvenir, pour me témoigner de mon propre avancement dans les niveaux des conscience. La sagesse la plus pure auquelle j'ai pu avoir accès dans ma vie, dans sa formulation la plus simple et la plus difficile.
Ca se passe comme ça: des architecture fantastiques ornent les trois murs qui tapissent mon champ de visions hallucinatoire. Du jaune, du blanc, des couleurs éthérées, on est dans un archétype divin qui peine à faire sa place au travers de toutes mes visions absurdes et horrifiques qui ornent ma psyché à ce moment là. Les couleurs ne sont pas nettes, elles sont ternies par une pâleur et une fadeur dépressives. Un ange doré écrit sur ces murs en lettres d'or un message qui résonne en même temps dans ma tête. Le message s'impose avec une force dantesque, il était déjà là, juste on me l'a rappellé, un peu reformulé, pour que je m'en souvienne et que je m'y tienne. S'imprime dans mon crâne en même temps que ma pensée formule ces mots:
LA JOIE DE VIVRE AU QUOTIDIEN
Je le savait déjà, mais là je suis obligé de le voir et de l'accepter. Eh oui, on déconne pas avec Dieu, car Dieu veut qu'on aie la joie, et tous les jours. Ca me rassure qu'à moitié parceque ça me pèse un peu, après tout je suis en enfer. Je répère la phrase à voix haute et j'appelle Bipbip.

Bipbip:
21h: "La joie de vivre au quotidien". Styloplume est en train de tripper grave. Il m'appelle, me demande de noter ce qu'il va dire, et voilà ce qu'il me sort... à mon avis, notre ami est en descente, et ça s'est bien passé. Enfin, je croise les doigts...
Il est aussi question de spirales au plafond.
Styloplume n'est plus dans le conflit: "Avec moi ici et toi dans la cuisine qui débarques quand je t'appelle ou simplement dès que tu entends un truc, je trouve qu'on a trouvé un bon équilibre." Si tu le dis...
21h45: Je me dis que celles et ceux qui ont lu le texte jusqu'ici sont des gens courageux. C'est pas un trip-report ordinaire: il est écrit par une personne normale (enfin, pas sûr, mais vous voyez ce que je veux dire, non?) qui raconte, en gros, qu'il se fait chier à mort pendant que son pote tripe et bade sévère.
Je me fais cette pensée au moment où je me dis que je vais écrire que "j'ai pris de la soupe et là je vais manger un yaourt à la pêche comme dessert." On en a rien à foutre... D'où cette pensée qui me trotte dans la tête.
En plus, j'ai pas d'accès internet. de la cuisine, je n'ai pas accès au spot wifi grâce auquel je me connecte sur le web. Comme je le disais plus tôt (et plus haut, je viens de déménager (enfin, j'ai emménagé dans mon nouvel appart' depuis un mois et demi, mais je prends mon temps et vis encore dans mes cartons, comme ci tout ceci n'était que temporaire, comme si je me disais que c'était juste transitoire, comme si je ne me posais pas...). Mais bon, vous devez vous en foutre, de ça aussi, assis devant votre écran à lire ce trip-report. En bref, si vous voulez du cul, des filles faciles en pagaille et des hallus mirobolantes, n'allez pas plus loin: il n'y a pas de ça ici. J'aimerais sortir mais je ne peux pas laisser ce pauvre Styloplume tout seul ici. *Soupir...* Pour m'occuper, je vais piocher un film dans ma DVDthèque et me le mater. Ça me fera passer le temps...
22h: J'arrive dans le salon pour me prendre le film, et je vois Styloplume qui tient un oreiller, dans la même position que quand il priait tout à l'heure: "Je commence à descendre, mais je suis encore trop perché." Il me dit qu'il est 22h, et me demande l'heure qu'il est pour vérifier ses propos. Je lui dit que c'est exact, il n'en revient pas. Finie, la "dissociation temporelle" de tout-à-l'heure. Il poursuit: "Ça va toi? T'en as pas marre de voir ton pote dans cet état à la Las Vegas Parano?
- Je me fais un peu chier", je lui avoue doucement. J'aurais pas dû lui confier ça.
"Ah merde, c'est vrai? J'aurais pas dû te poser cette question."
Il me raconte ensuite que ça ne lui a pas servi. Ça n'a pas fonctionné pour le guérir de son mal-être. La prochaine fois, il fera sa thérapie au LSD. À ta guise...

Styloplume:
Vous remarquez que chaque entrevue avec Bipbip est marqué par une certaine culpabilité chez moi de peser sur lui avec mon trip exigeant.
Chaque fois que je l'appelle sa venue est marquée par une montée de la lumière, je lui parle pour demander de l'eau, l'heure qu'il est, ou pour prendre mon pouls (mon coeur bat à fond, mais vu que j'entends le beat de la musique battre deux fois plus lentement que d'ordinaire, on est sûr de rien). Puis je le fous dehors pour qu'il me laisse seul, en lui demandant bien d'éteindre la lumière. Et puis je replonge dans mes délires de dingue.
Je vois des humains livides, malades, déprimés, sans émotion, leur peau est pâle et fragile, quand je regarde de plus près elle se déchire et laisse couler des paquets d'entrailles en putréfaction. Je vois la maladie, la misère, le manque de toutes dignité, la détresse sans sentiments, l'ennui le plus profond, la sollitude la plus indiférente. Je vois la décadence de notre civilisation, la stupidité de notre régime alimentaire, je vois des fast-foods sans âme, des motards sans joie, des humains vivre sans but.
Sans but, sans but, sans but! Dieu est absolument absent, la joie est une chimère. C'est vraiment ennuyeux comme trip.

Bipbip:
22h30: J'entends Styloplume frapper à la porte de la cuisine. Je mets mon film sur pause. Il vient me parler. Propos de Styloplume: "Je commence à redevenir lucide, mec, et le DXM, merde, et puis merde. Tu prends un boîtier qu'il y a sur la table, et Jung, c'est un archétype. Jung a défini la notion d'archétype. On est vraiment complètement tripés.
-Enfin, toi", je soupire.
"Non, vraiment. Je prends la cafetière de Bipbip, et je la lève. Je voulais atteindre les couches périnatales au moyen du LSD. Et j'ai pris du DXM. Le DXM n'a pas les mêmes effets que le LSD, et j'estime que le DXM en soit n'a pas d'intérêts pour moi en tant que psychonaute et qu'il n'est pas adapté à la thérapie. je vais devoir prendre du LSD passer à travers de mes matrices périnatales. C'est le résultat de mon expérience d'aujourd'hui, le 19 mars de l'an de grâce 2011. Est-ce que j'ai l'air tripé?
- Oui.
(...)
- Ça sert à que dalle. Impossible de travailler du matériel subconscient. Donc j'abandonne complètement le DXM. Maintenant je peux parler, mais je commence à parler comme dans Las Vegas Parano, on peut en rire parce que c'est un peu délirant. C'est surréaliste, mec, j'arrive même pas à te voir. Quand je te vois taper, j'ai l'impression d'être dans Brazil. Déconnecté!(...) C'est pas de l'exploration de la psyché. J'ai rien vu. Rien. Juste une grosse défonce.... évidemment, le conflit dont on parle, on veut s'en sortir. La dernière fois, c'était des matrices périnatales. Alors que là, c'est le gros bordel. Un bon gros Plateau 2. Parlez moi du Plateau 3 (gens du forum, courageux/ses qui avaient lu jusque là, c'est à vous de jouer). Je ne suis pas sorti du corps. Tout ce qu'on raconte sur le DXM, c'est pas vrai. Tu tapes ton roman, là? Il est quelle heure, là?
- 22h45
- Est-ce que tu sais pourquoi on a fait ça, Bipbip?
- Oui, enfin je crois...
23h: Peu après, il me fait réintégrer le salon. On écoute Mozart. "Putain, c'est bien, Mozart". Je ne peux qu'acquiescer.

Styloplume:
Je suis assez redescendu pour pouvoir à nouveau interagir socialement avec Bipbip et rentrer dans l'ironie, dans un semblant d'humour. Je marche difficilement, je parle encore plus difficilement. Le plus amusant c'est de se rouler sur le lit dans un sens et dans l'autre. On finit par se coucher.

Bipbip:
0h: C'est fini? Non. Styloplume va aux toilettes. "J'étais dans le noir, j'ai vu un lego. Il était gradé, très très gradé. Il s'approche de moi et me tend un plateau. Avec un hamburger dessus. Puis il passe à côté de moi. Ça devient gris. Blanc. Gris-blanc. On place des trucs. Pic, coeur, carreau, trèfle, et c'est l'univers. Je retourne aux chiottes pour être sûr qu'il s'agit bien d'une hallucination". Wow...

Dernière conversation avant de dormir.
Bipbip: Tu vois quoi en ce moment?
Styloplume: Je vois la chatte d'une Na'vi en train de pisser.
Bipbip: Ah, en fin de compte un peu de cul, alors?
Styloplume: C'est ça.

Styloplume:
Je tire en ce moment quelques conclusions. C'est assez simple.
- Je suis resté tout le temps dans la troisième matrice périnatale. Les seules émotions qui sont intervenues impliquaient Bipbip, donc je ne les ai pas travaillés, alors je suis resté dans la troisième matrice. Si je veux je peux rester entièrement seul, loin de Dieu, après tout plein de gens le font. Je sais juste que c'est pas bon pour moi, parceque l'enfer c'est l'enfer.
- La solution est simple: la joie de vivre au quotidien. C'est le ciel.
- Sur terre mon projet devient de sortir de la matrice (on prévoit du LSD), et de vivre plus dans le ciel au quotidien.
 

psychopsy

Matrice périnatale
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9 Déc 2010
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6
Bonjour à vous deux.

TR très intéressant comme d'habitude par contre je ne partage pas tes conclusions: il me semble au contraire que les émotions que tu as ressenties et qui impliquaient bipbip pouvaient faire sens dans la mesure où elles étaient forcément dépendantes du set & setting que tu avais mis en place: à savoir ta volonté de repasser par certaines matrices périnatales. En gros et si bipbip n'avait pas été que bipbip pendant ton trip?...

Je m'arrête là dans mes interprétations psy mais j'aimerai assez qu'on en discute par mail donc recontacte moi bientôt ou en tout cas donne moi de tes nouvelles.

@+
 
S

Styloplume

Invité
psychopsy a dit:
il me semble au contraire que les émotions que tu as ressenties et qui impliquaient bipbip pouvaient faire sens dans la mesure où elles étaient forcément dépendantes du set & setting que tu avais mis en place: à savoir ta volonté de repasser par certaines matrices périnatales. En gros et si bipbip n'avait pas été que bipbip pendant ton trip?...

Effectivement j'ai projete des trucs sur Bipbip. Mais vu que c'etait par prevu et qu'il n'etait pas prepare...

Du reste, you've got mail.
 

Quetzal

Holofractale de l'hypervérité
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19 Mai 2008
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Un tout grand merci a Bipbip et stylo!!
Comme vous la dernière foi, je repette la meme chose, mais ce type de TR me branche a fond ! Si j'avais l'occaz de mettre en place cette dynamique je le ferais sans hésiter. Je suis sur qu'on peut faire ressortir des points interessant sur sa propre expérience, en plus d'améliorer les suivantes et bien sur, de la partager d'une manière tout a fait originale sur psychonaut ou autre!
Les buts et l'état de Stylo ont l'air fort peu simple a approcher, donc je ne me lance pas dans un débat sur le fond de l'expérience. On oscille entre la prise de tête ou les remarques/action pertinentes. Selon le point de vue, ca varie, ca cherche un equilibre...
Ces TR's duo ont spécialement du sens dans ce cas ci je trouve. Parce qu'il y a justement une différence de point de vue importante; il y a un tas de chose non explicite dans votre relation lors de l'expérience.
Continuez, prudemment. Fait quand meme gaffe a tes histoires de surmonter ta peur, a jouer les apprentis ... tu ressort d'une depression , non ? Tu as ausi abusé du DXM si je ne m'abuse ( a moins que je confonde)
Voila, que personne ne se brule et je serais ravis de lire d'autres TR comme ca !
 

palomita

Elfe Mécanique
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25 Juin 2010
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266
Très chouette TR agréable à lire.
Pour ce qui est du DXM je pense en être arrivée à la même conclusion que toi : c'est une substance qui peut faire découvrir des tas de choses sur le monde, l'Univers etc... mais quand comme toi on recherche vraiment l'introspection ou même le "voyage dans l'immatériel", enfin le détachement du monde matériel, je trouve que même à fort plateau on n'atteint pas une dissociation totale. Enfin je me trompe peut-être, mais bon. :roll:
 

LuciDXM

Alpiniste Kundalini
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12 Déc 2011
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TR très intéressant ! C'était assez proche de ma dose. Mais mon trip était très différent.
Dans le DXM l'état d'esprit agit-il sur le trip ? :|
 
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Invité
Pour toute prise de psychotrope l'état d'esprit agit sur le trip, même subtilement, même inconsciamment.
 
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