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Flash-back de mes débuts au DXM

  • Auteur de la discussion Styloplume
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Styloplume

Invité
Je fait une rédaction de TRs deux ans après mes débuts avec la drogue. Je compte rajouter les TRs sur ce post à mesure que je les écris. Ce sont les TRs que je n'ai pas rédigés à l'époque, mais il y a aussi des trips que j'ai fait à cette époque et qui ne sont pas répertorié ici (le robot somnambule, par exemple).
Purée il y en plein.


Méditons à la plage

Je rédige ce TR maintenant deux ans après le trip. J’éprouve le besoin de poser par écrit ce dont je me souviens, parce que j’y pense souvent, et je trouve ça bien de faire un TR pour chaque trip, ça oblige à un peu de rigueur. Ceci s’est passé au tout début de ma période de découverte du DXM, une semaine après le concert de ma vie, donc trois semaines après le premier joint de ma vie. A cette période je n’écrivais pas systématiquement des TRs.

Alors, le DXM! Dans ma tête, je viens de découvrir un truc génial avec lequel j’ai envie d’expérimenter un maximum. Le DXM c’est génial, ça rend les choses intéressantes. Alors, après un test chez moi et un concert mémorable, pour explorer toutes les possibilités de la substance, j’ai décidé d’aller au cinéma, voir Alice au pays des Merveilles, de Tim Burton. Je me dis que l’ambiance onirique du film va sûrement coller avec l’aspect dream-like du DXM. Pour la suite du trip, je pourrais partir me balader à la plage.

Alors pas de souci, on programme ça. Je gobe mes 360 mg une heure avant le début du film, et c’est parti.

En fait, j’ai pas retenu grand-chose de différent dans ce film, qui ne m’a pas particulièrement plu. (J’ai regardé ce film à nouveau, deux ans plus tard et sobre, et je l’ai surkifé) Tout me semblait attendu, sans originalité, fade même. J’ai eu froid, surtout. Je sens que c’est le DXM, mais c’est pas super cool... Je me blottit dans mon manteau, après tout on est en mars, mais quand même, on est dans un cinéma, je profite pas vraiment. Je vais aux toilettes, je marche pas droit, c’est rigolo, mais ça va pas plus loin.

Le film est fini. Tant mieux. Je sors, direction la plage. Pas de musique sur les oreilles, rien. Juste le vent dans mes cheveux. Ma démarche est toujours approximative, je ne sais pas vraiment à quoi je pense, sinon que je tente de redécouvrir le monde.
Je suis sur la plage. J’apprécie énormément cette plage, immense, presque vide, sur laquelle le vent emporte des nuages de sable, qui forment une couche ocre et nébuleuse au-dessus de l’horizon.

Je marche. J’écoute mon corps. J’écoute mon esprit. De quoi j’ai envie? J’ai envie de courir les yeux fermés.
Je cours les yeux fermés. D’abord j’ai un peu peur, puis, quand je me risque à les ouvrir juste un peu, pour vérifier que ma route ne croise pas celle d’un poteau ou d’un promeneur, je me rends compte que je suis parfaitement seul. Sur des dizaines de mètres de chaque côté, et sur des centaines de mètres devant moi, l’immensité vide m’entoure.
Alors je cours. Je cours. Mes pieds volent. Je ne sens presque plus rien. Il n’y a presque rien dans ma tête.

Je m’arrête pour souffler, et continue à marcher les yeux fermés. Les pensées montent d’elles-mêmes. Je repense à la révélation que j’ai eu en fumant mon premier joint de cannabis. J’avais récité le Notre-Père dans une joie extatique. Voyons, qu’est-ce qu’il dit le Notre-Père?
“Que ta volonté soit faite, sur la Terre comme au Ciel.” Ca ça veut dire que dans l’univers matériel, les mêmes lois d’harmonie doivent régner, que dans l’univers spirituel, où habite Dieu. Très bien.
Et maintenant je repense à la première phrase de la Bible: “Au commencement Dieu créa les Cieux et la Terre.” Minute. Il est dans les cieux, mais il a créé à la fois les cieux et la terre? Dieu, architecte de sa propre maison? Grosse dissonance cognitive.

Je hurle “Scheiße!” -“Merde!”, en allemand. Je tombe sur mes genoux et me prends la tête dans les mains, écrasé par le poids de cette révélation.
Quelque chose de ouf s’est passé. Je viens de saisir un paradoxe (le premier de ma vie psychonautique?). Quelque chose qui se contredit sans être mal pour autant. Dieu vit dans les cieux, mais a créé les cieux...

Je reste un peu prostré (et j’ai toujours les yeux fermés). Puis, je me dis qu’il faut que je digère ça. Que faire? Garde les yeux fermés, Stylo. Il faut trouver un endroit où méditer tranquille. Les dunes sont pas loin. Un regard en coin - elles sont par là. Je me lève et marche en aveugle dans la direction approximative des dunes.
Voilà les dunes, le sol monte sous mes pieds. Je m’avance jusqu’à trouver à tâtons un endroit où je peux me poser. J’enlève mes chaussures, je m’assied en tailleur, toujours les yeux fermés, et je médite.

Impossible de dire ce qui me passe par la tête. Il n’y a pas grand-chose, sinon rien. Je suis très bien, posé, l’esprit agréablement vide. Cet état pourrait durer aussi longtemps que je veux. D’ailleurs, il dure, il dure. J’ai envie d’être un méditant bouddhiste, un illuminé qui se retire du monde matériel, détaché de ses problèmes. Et effectivement, je suis bien, je n’ai pas de problèmes. Je me débrouille pas mal pour les éviter soigneusement, je les refoule sans difficulté, après tout je me suis libéré de la fac, de ce que je ne voulais pas faire. Mon avenir est très flou et incertain, mais je n’y suis pas confronté - pas encore. A ce moment je suis emporté par des aspirations spirituelles indéterminées et radicalement coupées du quotidien.

Au bout d’une heure de contemplation, j’ouvre les yeux. La lumière a baissé, quelques promeneurs passent au loin... Je me lève, satisfait d’avoir réussi à méditer si longtemps sans ouvrir les yeux. J’enfile mes chaussures et me mets sur le chemin du retour.

Je m’en vais parler à des pêcheurs. C’est un gendre et son beau-père, qui pêchent ensemble contre vents et marées, et battent en retraite à mesure que l’eau monte. Pourquoi je vais leur parler comme ça? J’étais curieux. Je tient ça de mon propre père. Et puis, je suis désinhibé par le DXM. Je me remets en route.

Le monde est beau. La lune, derrière les nuages, brille d’une clarté inhabituelle. Tout se dévoile, comme si on enlevait un tissu qui recouvrait les choses. C’est très beau, décidément. C’est génial, avec le DXM tout devient intéressant!

En chemin je passe devant le cinéma. Ni une ni deux, je rentre, et génial, c’est la jolie caissière qui est là, celle que j’ai repérée il y a un moment déjà, et maintenant y’a rien qui m’empêche d’aller la voir. Personne aux alentours. Allez go.
- Salut, ça va?
- Ben, très bien, et toi?
Quelques banalités. Je suis complètement décalqué, impossible de m’en tenir à des mondanités. Alors je sors mon portable de ma poche pour joindre le geste à la parole:
- Alors, voilà, j’aimerai bien faire ta connaissance...
Et avec mon portable je fais comme si je voulais enregistrer son numéro de téléphone. La fille rougit comme pas permis (qu’est-ce qu’elle est mignonne!) et elle me dis “Ah, c’est gentil, je préfère éviter. Je sors d’une histoire compliquée...”.
Pas de souci. Les choses sont dites, j’aime quand les choses sont claires. Un peu de small talk, un sourire et au revoir mademoiselle! En sortant du cinéma je suis très content d’avoir pu lui dire ce que j’avais à dire, même si j’ai eu un non, ça a pu la flatter, et moi je me sens exister d’admettre que j’ai de l’intérêt pour elle. Bref, c’est tout bon.

Je ne me souviens plus du tout de ce que j’ai fait par la suite. Je suis forcément rentré chez moi, mais je ne me souviens de rien de plus. A cette époque mes descentes de DXM se faisaient sans histoire.

Cette prise de DXM est caractéristique de cette époque de ma vie: découvrir un maximum de choses du moment que c’est détaché de ma vie ordinaire, dont je ne voulais plus. C’était l’époque où je m’étais rasé le crâne après avoir quitté la fac, où j’avais décidé de déménager dans une autre ville, où je voulais devenir informaticien autodidacte... Autant de balbutiements qui sont maintenant de l’histoire ancienne.
Le gros bad de ma vie ne s’est pas encore pointé et je n’ai pas encore la moindre idée de la véritable puissance du DXM. Je ne laissait s’exprimer la molécule que très peu, je ne savais pas comment triper.
 

Matthias

Neurotransmetteur
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27 Jan 2011
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56
Très beau TR mec ! :)

EDIT :

Au fait, prendre des substances psychédéliques dans un contexte publique ça te fait pas peur ?
Tout mes trips (champis) je les ai fais chez un pote, parce que je me sens vraiment trop con sous psychédélique (enfin, c'est plutôt que je me dis que les gens n'ayant jamais pris de champis peuvent absolument pas comprendre le délire d'un tripé et qu'on doit vraiment passer pour un gros taré :rolleyes: ) et j'ai peur des réactions que je pourrai avoir aux contact de certaines personnes.

(Je fume des joints en publique souvent et je m'étonne déjà parfois de réactions que je peux avoir ... Alors avec un psyché :? )

Et puis si tu pars en bad ça doit pas être joli joli :?
 

Aiskhynê

Chatterrante acidulée
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25 Déc 2011
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4 112
Faut pas avoir peur, perso des fois je suis totalement perché en ville et je rentre par le métro et les gens me regardent car j'ai un putain de smyle indécrochable et tu sais quoi ?
Ben généralement ça favorise les rencontres ! :lol:
Les gens m'abordent carrément et sans méchanceté ou autre, c'est le pouvoir du smyle ! :D

Sinon ouais, super tr !
J'imagine la jolie caissière toute intimidée... :lol:
Ça doit être trop bien d'être seul sur une plage comme ça, pouvoir voler en courant sans obstacles devant sois et sans risque de se faire mal !
Par contre un truc qui semble récurent c'est ce côté tout est fade sous dxm, enfin tout ce qui est créé par l'homme est fade sous dxm, la nature par contre ça semble super pour se faire un trip, j'essayerais en été comme j'ai foiré mon dernier trip.
Pour mon premier trip à 13,33mg/kg je me souviens que vers là fin, quand je retrouvais conscience dans un 2eme plateau violant et que mon père avait mit le film Garfield à la télé, j'avais envie de crever tellement c'était horriblement chiant et déhotté de tout intérêt.
Mais c'est grâce à Garfield que j'ai eu mon 3eme plateau juste après, parce que dans un élan de désespoir, j'ai su trouver la force de décoller du canapé et d'aller me blottir dans mon p'ti lit douillet. :D
 

Mécréante

Neurotransmetteur
Inscrit
20 Déc 2011
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24
Styloplume a dit:
Je rédige ce TR maintenant deux ans après le trip. J’éprouve le besoin de poser par écrit ce dont je me souviens, parce que j’y pense souvent, et je trouve ça bien de faire un TR pour chaque trip, ça oblige à un peu de rigueur.

Je trouve que ça permet de voir "l'évolution" de tes trips aussi. Personnellement, pendant un trip, j'écris dans un cahier. Que ce soit codéïne ou juste weed, j'aime garder une trace de ce que je pensais exactement sur le moment, et je trouve ça agréable d'écrire. Il faut aussi se forcer à rster lisible .. Pas facile à chaque fois.
Et donc quand je relis le début du cahier, bon, y'avait pas beaucoup de réfléction. Si je voyais un oiseau passer à travers ma fenêtre, je l'écrivais. Et au fur et à mesure, les choses deviennent intéréssantes.

Styloplume a dit:
Je m’en vais parler à des pêcheurs. C’est un gendre et son beau-père, qui pêchent ensemble contre vents et marées, et battent en retraite à mesure que l’eau monte. Pourquoi je vais leur parler comme ça? J’étais curieux. Je tient ça de mon propre père. Et puis, je suis désinhibé par le DXM. Je me remets en route.

Un ami il y a quelque temps me disait un peu la même chose, quand il était en descente il avait envie de s'ouvrir aux gens, d'un coup. S'il était chez lui, il faisait ça par sms ou sur son pc, et les rares fois où il était dehors il allait à la rencontre des passants.
Après je ne sais pas si c'est pareil pour tout le monde, et si ça a un réel rapprochement avec ce que tu as vécu, mais je trouve ça curieu, ce besoin de s'ouvrir aux autres, un peu "comme ça".


Ton TR est vachement poignand, tu formule vraiment bien les choses ..
 
S

Styloplume

Invité
Merci pour vos commentaires! Je continue avec un trip qui s'est passé dans la même ville une semaine plus tard. Cette fois-ci c'est un trip en public avec une bande d'ami, à une soirée cinoche.

Valhalla Rising

Je continue le flash-back de ma période des débuts au DXM, tout ceci s'est passé il y a deux ans. Je sens que ce TR va plaire à SoK.

Ce trip s'est passé un samedi. Jeudi et vendredi, j'ai déménagé mes affaires en louant une voiture pour faire 600 km aller et 600 km retour. Ca s'est super bien passé, mais je suis passé à la limité de la connerie.
J'ai eu jeudi matin des soucis pour payer la caution de la voiture louée (il fallait avoir 1000€ de libre sur le compte). Je passe à la banque: pas moyen de faire grand-chose, on tente d'atteindre mon conseiller qui pourrait m'augmenter l'autorisation de découvert, ce qui débloquerait l'affaire. Pas moyen. La mort dans l'âme, je me vois renoncer au déménagement, il va falloir le reporter à lundi, dans quatre jours. Une éternité, pour moi. Tout s'écroule. Je passe à une pharmacie et m'achète deux boîtes de T. Et je pars me promener sur la plage. Quitte à tout laisser tomber, autant faire quelque chose aujourd'hui. Il fait trop froid pour triper dehors, mais à 720 mg je m'en foutrai pas mal, non? Je sais que je vais pas crever, que j'en chierai, et dans un sursaut désespéré, je veux me coller un coup de pied au cul d'une façon ou d'une autre. Au moment où je suis arrivé à la frontière entre nature et civilisation, à côté des dunes, j'ouvre une boîte et commence à détacher une capsule de la plaquette. Puis, une deuxième. Et mon téléphone sonne. C'est mon conseiller de la banque qui m'appelle pour m'expliquer qu'il a débloqué la situation. Je range les billes dans les boîtes et je rembobine tout ce qui vient de se passer, paye la caution, charge la voiture, nettoie l'appart et je dégage enfin de cette ville que je veux plus voir. Je suis vraiment passé à côté d'une grosse connerie, à quinze minutes près j'aurai été incapable de revenir en arrière.
Pendant ce déménagement j'ai mis du gros son de teuf dans la voiture louée, j'aime mieux vous dire que j'ai surkifé ces deux jours, l'aller puis le retour. Du gros gros son qui m'a poussé dans une saine euphorie.

On est samedi, me revoilà dans cette ville au bord de l'eau, mais cette fois je suis un électron libre, je n'ai plus d'attache, demain je retourne à ma nouvelle vie! En attendant je revois tous mes potes de la ville pour une dernière soirée qui s'annonce mémorable. On veut aller au cinoche et puis au resto.
Une semaine après Alice au pays des merveilles, je veux renouer avec le cinéma sous DXM, tenter un truc costaud. Le film de Burton était plutôt gentillet, moi je suis à la recherche de sensations fortes! Justement c'est l'époque ou sort le film "Le Guerrier Silencieux". Je m'intéresse vaguement à l'histoire mais je comprends surtout que c'est un film trip et qu'avec ça je vais pouvoir m'en envoyer plein la tronche. Je réussis à convaincre mes potes de choisir ce film, et c'est parti.

Une heure avant le film. Je suis tout seul devant l'hôtel de ville et je gobe enfin ces billes que je pensais entamer trois jours plus tôt. Maintenant que j'ai deux boîtes, je décide de dépasser la dose habituelle de 360 mg et je gobe 14 pillules, allez hop 420 mg, advienne que pourra. C'est la quatrième fois de ma vie que je prends du DXM.

Le premier bonhomme de la soirée vient à ma rencontre, c'est le pote d'un pote, on parle pas trop. Une demi-heure avant le début du film, on se retrouve avec les autres au cinéma, qui a été entièrement décoré dans le style Alice au pays des merveilles. Des chaises tradi, du papier mâché, des tables trop basses, c'est un décor magique. Je retrouve mes amis:
Zoulou, qui m'a fait tenter le THC pour la première fois;
Bibip, compagnon de DXM;
Polo, l'ami voyageur qui aime bien faire des pompes pour se défouler.

Je bouge dans tout le hall de cinéma d'un groupe à l'autre, le smile au visage. Je passe voir Zoulou
- Ça va, Zoulou?
- Ça va! Et toi? T'es pas un peu saoûl?
- Ça dépend ce que t'entends par saoûl, hihi.
J'ai un sourire en coin. Ça monte.

Je passe voir la jolie caissière, celle que j'ai abordée il y a exactement une semaine en déclarant vouloir faire sa connaissance. On parle rapidement pour établir qu'on est tous les deux passés dessus. On en vient à parler de mon état bizarre de ce moment-là, et Polo arrive juste à temps pour s'incruster dans la conversation avant que je ne mentionne le DXM. Tant mieux et tant pis.

Bon, on va le voir ce film? Hop c'est parti, tout le monde dans la salle, et je préfère aller me poser plus à l'avant que les autres, là où je suis tranquille, personne à côté de moi, l'écran en grand au-dessus de mon nez, perfect. C'est que ça monte dur cette saloperie.

ATTENTION: CE QUI SUIT RÉVÈLE DES ÉLÉMENTS CLÉS DE L'INTRIGUE.

Le film commence. Deux esclaves gladiateurs s'entretuent sur les highlands de Grande-Bretagne. Aucun autre son que les râles et les coups. Les corps roulent dans la boue, s'entrechoquent violemment dans un désir de tuer. Le guerrier borgne (l'acteur Mads Mikkelsen, Danois) finit par gagner en mettant son adversaire à mort violemment, et à ce moment je comprends un truc: une mise à mort c'est forcément ultra-violent. C'est violent ce film, c'est pas un peu dur pour nous ça Stylo? Ah, non, je kiffe. Les paysages sont magnifiques, il y a un dialogue de trois mots toutes les dix minutes, je suis pas trop dépassé.
Le gladiateur borgne parvient à s'échapper de ses maîtres (en les mettant à mort violemment bien sûr) et s'enfuit avec le gamin du clan qu'il laisse seul sauf. Ces deux-là rencontrent des vikings qui viennent de tuer un village et ont violemment mis à mort tous les hommes. Les femmes nues sont parquées comme un butin de chevaux volés. Je ne cille pas. Je suis décalqué. Ces vikings sont sensés être chrétiens et veulent partir en croisade pour Jérusalem. Le borgne se joint à eux même si personne ne lui fait confiance. C'est le gamin qui parle pour lui. Alors, dans l'espoir d'une rédemption, ils se mettent en route pour Jérusalem, sur un beau bateau viking dans la brume.

Dans ma tête tout va à 100 à l'heure. Déjà, de quel droit on tue d'autres gens? Et c'est quoi la religion? Et pourquoi aller chercher le salut à 4000 kilomètres si on pouvait déjà dire "Pardon, j'ai tué tous les hommes de ton village mais je voudrais être quelqu'un de bien maintenant." Ah, ouais, plus facile de faire 4000 kilomètres en fait.

À mentionner aussi que le borgne a des moments visionnaires où il voit ce qu'il va se passer dans l'acte suivant. Quand ça se produit, la lumière devient toute rouge, le son est modifié... Rha sous DXM c'est le mindfuck complet.

Les voilà sur leur bateau, il y a du brouillard, pas un pèt de vent, rien. Ils se sont perdus et commencent à se disputer. Tu parles d'un truc structurant pour un trip au DXM... Haha c'est bien ouf.
Le film continue dans un sentiment permanent de WTF, nos amis vikings ont débarqué en Terre Sainte, en réalité ils n'ont pas la moindre putain d'idée d'où ils ont débarqué, eux-mêmes sont en plein plateau 2 apparemment!

L'un d'entre eux est persuadé que c'est Dieu qui les a mené dans ce merdier, donc pour la bonne cause. Ils sont là pour évangéliser cette terre vierge où vivent des primitifs. On lui dit: "Hé, tu veux faire comment? On est à moitié mort de faim, on est une poignée seulement". À ces mots l'enthousiasmé leurs tends une amphore de breuvage psychotrope (sûrement de la datura ou une autre merde dans le genre), et c'est la scène du trip. Ils sont comme moi. Enfermés dans leur pensée, incapable d'affronter leurs difficultés, ils s'enfoncent dans la folie, se roulent dans la boue, se battent comme des jumeaux dans le ventre de leur mère. La musique monte, un sourd battement résonne de plus en plus fort.
Le borgne essaie d'empiler des pierres les unes sur les autres. La tâche semble cruciale. Il essaie de bâtir une église, sûrement. Avec des pierres rondes. Impossible. La pile de pierres s'écroule et il doit recommencer. Tentatives vouées à l'échec. Toute ma vie devient aussi vaine que ses futiles tentatives. Toute ma vie ne sert à rien. Je suis défoncé à un point incroyable.
La musique pousse. La folie monte. Les frères s'entretuent. La pile de pierres s'écroule. Les visages s'enfoncent dans la boue avec une grimace désespérée. Rien de tout ceci ne peut fonctionner. Rien n'est possible.

En écrivant ça je regarde le film à nouveau, je me rends compte que ce dont je me souviens, ce qui m'a marqué, n'est pas exactement ce qu'il se passe dans le film. Dans le film, le borgne réussit à faire tenir sa pile de pierres. Mais l'impression que le film a eu sur moi est plus importante.

Les personnages du film sont maintenant sûrs que tout fout le camp. Il ne sont pas d'accord sur ce qu'ils vont faire maintenant. L'évangélisateur reste et s'assied en tailleur, en contemplation. L'image du vieil homme qui s'assied devant la nature, et atteint la complétion, cette image m'est restée en mémoire.

Le borgne, lui, part avec le garçon, en obéissant aux visions qu'il a eues. Une fois sur le bord de la plage, les primitifs sont visibles. Le borgne se livre à eux, et ils le mettent à mort (violemment bien sûr). Tout est bien qui finit bien, il a atteint son but. Difficile à expliquer, mais j'ai bien l'impression que c'est le seul à être content de la manière qu'il a de mourir. Le gamin survit, évidemment! C'est lui l'âme du guerrier, le seul à être vraiment sauvé dans l'affaire. Tout ce film est une transformation, la partie violente et muette (le guerrier borgne) meurt et laisse place à l'être sensible (le garçon). Ce film est profondément moral.

FIN DES SPOILERS.

Le film est fini! Ah, j'ai pris cher! Mes amis me rejoignent pour qu'on sorte, mais je veux rester jusqu'à la fin du générique, histoire de digérer ce film-trip.

Quand je sors du cinéma, mes amis sont sur le trottoir avec plein de connaissances à eux, et je suis d'une humeur magnifique. Ce film m'a permis de défouler plein de pensées malsaines, et maintenant je suis de retour dans la belle réalité: des gens chouettes et une bonne soirée qui s'annonce. "Alors, les amis! On va au resto ou bien? Allez! Qui m'aime me suive!" Je bouge les gens, je me montre, j'existe. Deux groupes se forment, il me semble. Zoulou ses amis vont à tel resto, mais avec Polo et Bipbip on va plutôt dans la vieille ville pour un autre plan. Bipbip a je ne sais comment fait connaissance avec deux filles greques, dont l'une est franchement jolie. Polo a tous ses amis avec lui. Les choses se déroulent sans que j'y touche.

On se retrouve dans un restau sympa, une douzaine de jeunes gens à une seule longue table. Je suis à côté des filles greques, qui apparemment sont en week-end ici (elles font un stage à Paris le reste du temps). Je suis habitué à rencontrer des étrangers, le contact passe bien. La serveuse arrive et prends les commandes. Quand c'est à mon tour de commander, dialogue mythique:
"Heu, je voudrais pas manger, seulement boire quelque chose, c'est pas grave?
- Ah, si, je vais mourir tout de suite." Dit la vendeuse.
QUOI? Elle a dit QUOI?
C'est les filles greques qui m'expliquent la blague, haha le monde à l'envers. Finalement je ne commande qu'un jus d'orange, parce que je mange pas sous DXM. Les autres trouvent peut-être ça bizarre, moi je m'en contrefous. Je vais super bien. Je me balade, je change de place.
Je vais aux toilettes, il faut absolument que je téléphone à ma mère pour lui dire que je l'aime (je suis sûrement dans la première matrice périnatale). Je vais aux chiottes, pas moyen de parler à ma mère, ça réponds pas (tant mieux en fait, hein?). Je suis aux chiottes, qui est l'endroit le plus psychédélique du monde juste après la scène du Hadra. Je commence à tourner sur moi-même, l'extase complète. Je tourne comme un derviche tourneur, le monde est hyper-génial. Euphorie complète. Bon, je vais pas passer mon temps aux toilettes non plus.

Je reviens à la table. Bipbip est assis en face de Polo. Conversation:
"Bon, et alors, ton boulot, ça va comment?
- Et bah écoute, ça se passe, en ce moment j'ai...."
Et j'arrête d'écouter. D'un seul coup PAF, révélation! Je me rends compte que ces deux mecs se CONNAISSENT! Et ils se connaissent bien! Ils ont vécu plein de trucs ensemble. Ça alors! Pourquoi cette révélation a-t-elle autant d'effet sur moi? Mystère.

On sort du restau, moi je passe un coup de fil à Anja, mon amie allemande:
"Anja? Voilà, c'est platonique et tout, mais je tient à te le dire: je t'aime!
- Oh oh. T'as pris de la drogue?
- Oui!
- Oh oh.
- Mais t'inquiète! Tout va bien! Allez, salut! Je t'aime, hein!"
Pourquoi elle s'inquiète parce que j'ai pris de la drogue? J'ai l'air de pas être dans mon état normal?

Bon, le groupe... Ah, il est sorti dans un bar. Mais c'est la cohue, et j'ai pas envie de rentrer dans ce bar. Il y a plein de gens dehors, d'ailleurs je croise un gars avec un tatouage bien cool. Je lui dit qu'il est cool son tatouage et je passe mon chemin. Plus tard je repasse à côté de lui. Il m'interpelle: "Hé! T'aimes bien mon tatouage!
- Heu, ouais.
- Tu sais ce que c'est! Tu t'intéresse à l'histoire?
- Heu, vaguement..."
On échange nos noms, le gars me serre la main et veut en plus qu'on se rapproche en serrant nos bras près de nous, d'une manière virile. Je ne le sens pas vraiment. Et ton tatouage alors?
"- C'est le marteau de Thor... suprématie de la race blanche... bla bla bla.
- Heu... t'es sûr?
- Ben, la France, elle est blanche, t'es d'accord avec moi?
- Bah...
- T'es d'accord avec moi?"
Je commence à partir en vrille en moi-même à parler avec ce mec faf jusqu'à la racine des cheveux. Plus tard il me dit:
"Et t'es du genre à aimer la baston?
- Quoi? (je suis désorienté)
- ... déjà trois bastons ce soir. Y'en a qui cherchent, ça bouge par ici."

Mais QU'EST-CE QUE JE FOUS à causer avec un facho?

Dieu merci on bouge tous. Direction la plage.
En chemin je vois sur le trottoir une image qui m'apparaît comme en rêve: des hommes qui s'écartent les uns des autres en étendant les bras autour d'eux, comme pour s'assurer que l'espace autour d'eux est vide. Ces hommes vont se battre. Il y a un niveau d'aggressivité poussé, qui fait que la lutte apparaît comme le seul moyen de rétablir l'homéostasie (l'équilibre) entre l'intérieur et l'extérieur. En une ou deux secondes, je les vois sortir d'un dialogue bouché pour rentrer dans le combat. Ils font ça en se distançant les uns des autres. Allonger les bras de chaque côté leur permet de s'assurer qu'aucun ennemi n'est trop près. Ils font ça en regardant à droite et à gauche, l'air désorienté, excité, inquiet aussi. C'est vraiment un truc DÉBILE. Putain cette image m'a marqué pendant des mois après.

Je veux pas voir ça. Je contourne le trottoir, je passe par la chaussée.

On est plus proche de la plage, mais le groupe mets du temps à se reformer. À un moment, j'aperçois Bipbip et ses amis, là-bas, alors que moi je suis à vingt mètres d'eux en attendant que quelqu'un sorte d'un autre bar. Je me met à courir, et deux secondes plus tard je suis auprès d'eux. QUOI? Faille temporelle, je me suis même pas senti courir, j'ai pas senti le temps passer. Vous aviez dit 420 mg? Ah, ouais, on les sens!

On finit par sortir de toutes ces conneries urbaines, nous voilà à la plage, enfin! Tout le monde y est. La lune brille bien fort derrière quelques nuages, et nous nous sommes libres. Libres! Nous sommes des jeunes gens ouverts au voyages, aux étrangers. Avec nous les filles greques et le copain de Zoulou, un américain très cool avec qui j'ai pu parler du LSD sans complexe, le gars a de l'expérience.
Le groupe part un peu dans tous les sens. Polo me pousse à faire des pompes avec lui, ah, c'est son truc les pompes, hein? Les pompes s'enchaînent, je suis un peu aidé par le DXM faut croire.
Les Greques m'apprenent une comptine en grec, parce que je veux absolument apprendre un truc original dans leur langue. Elles me chantent une comptine à propos d'un papillon bleu. ??? ????? ?????????, ça s'appelle, en grec. Je retient pas tout, mais je kiffe la mélodie.

Retour en ville après cette étape revivifiante à la plage. Il doit se passer quelque chose de particulier, les rues sont décidément gavées de monde à cette heure pourtant quelque peu tardive.
Sur le trottoir passe une femme apparement maghrébine que j'entends dire: "Font chier vraiment, tous ces racistes." Elle prononce le mot "raciste" avec une force peu commune.
Aucun rapport: un bonhomme passe, l'air bien éméché, avec son copain, il lève les bras plein d'enthousiasme et dit "Ouais, génial, c'est la fête!". Bref, le gars bien en forme, quoi.
La maghrébine se tourne vers lui et lui lance "Toi, pourquoi tu te la pètes?"
Je suis en train de m'éloigner. J'apperçois le gars faire "Non, non, quoi..."
Nous sommes encore plus loin. Je me retourne et je vois le copain de la fille s'approcher de la conversation, avec ses gros bras musclés, prêt à tout.
Il me semble qu'il n'y a pas eu de violence, mais c'est une image qui m'a bien marqué. Encore de la violence.

En chemin on croise deux hommes noirs, sûrement des migrants (dans cette ville côtière il y a plein de migrants qui veulent rejoindre l'Angleterre, ils vivent dans des conditions précaires). Ils en coincent un troisième, africain aussi, dans un coin, qui a l'air en mauvaise posture. "Hey, this is Franzi! Motherfucker Franzi. " Le pauvre Franzi a l'air bien gêné et ça se comprends. Il fait semblant de sourire avec eux, mais personne ne se fait d'illusion. Le pauvre va se faire tabasser ou pire. De la violence, encore de la violence.

Mon groupe passe. Tout ces problèmes ne sont pas les nôtres. Mais ce sont les miens! Toute cette violence me touche! Ça me fait mal tout ça! Je ne sais pas le dire, c'est encore profond en moi, mais quelque chose a été réveillé ce soir-là. Quelque chose de pas net. Quelque chose de violent. Pour que ces images me soient restées en mémoire, c'est qu'elles ont du toucher des choses que j'avais pris soin d'oublier. Des frustrations de mon enfance. Mon enfance où je n'avais pas d'ami, où l'on se moquait de moi, où j'avais l'impression que personne ne m'aimait...

Nous somme toujours en route pour rentrer chez l'ami américain, décidément un mec super cool. Un copain de Polo me demande: "Ça va, ça descend?" Et bien, le bodyload est prononcé. J'ai toujours du mal à marcher. Côté trip, je ne m'amuse plus du tout, à l'inverse je pars dans des mauvaises pensées (tu m'étonnes).

On reste à dormir chez l'ami américain. Je gonfle mon matelas, je me couche. C'est ma dernière nuit dans cette ville, demain je retourne à ma nouvelle vie. Quelque chose en moi sait bien quelque chose s'est passé avec ce trip. Le film, la rue, toute cette violence... Quelque chose de nouveau est entré dans mon univers jusque là gentillet du DXM.
 
S

Styloplume

Invité
On continue!

Enter The Void

Trip rédigé deux ans plus tard, en avril 2012.

Je me suis chopé de la Goa bien grasse sur Ektoplasm, le son pousse, alors hop c'est parti. On continue dans la foulée, c'est parti pour la rédaction d'un TR de plus. Le TR du trip inconnu auquel on n'a jamais rendu l'hommage qu'il méritait.

Alors, ça y est, depuis Valhalla Rising j'ai fait deux trip DXM documentés: le Robot somnambule (700 mg dans mon nouveau chez-moi) et Shutter Island sous 400 mg. C'est devenu quasiment une marque de fabrique pour mes trips sous DXM: aller au cinéma. Les dernières sensations devant Shutter Island ont fait mal. Très mal. Un film de Scorsese sur la schizophrénie, et ce sous DXM... oulà.

Et il faut croire que j'en ai pas eu assez! Parce que je m'intéresse de très près au dernier film de Gaspar Noé: Enter the Void. Vincent Cassel dit s'être pris une claque devant le film.... je regarde les bandes-annonces... Un film sur la drogue et des thèmes bien perchés du genre décorporalisation, mort, etc... ça m'intéresse.

Alors, je suis dans ma nouvelle ville, et j'ai un entretien d'embauche le matin à 8 heures en entreprise. Une formalité, normalement. Pour y être à temps je me lève tôt, du genre 6h30, histoire d'y être à l'heure.
7h45. Je suis sur place, je rencontre l'ex-patron qui me reçoit, le patron suit bientôt. C'est bon. Je suis pris. On est vendredi, rendez-vous lundi matin pour commencer le boulot.
Du boulot, j'en trouve facilement. Par contre, est-ce que ça me motive? Moyennement. Mais bon, je viens de débarquer dans cette grande ville, j'ai un logement pas très cher dans une colloc, maintenant j'ai un boulot, et je fais ce que je veux de ma vie.
Je fais ce que je veux, c'est aussi considérer que je me retrouve en ville à neuf ou dix heures, sans rien avoir à faire d'autre que me gober 360 mg de DXM pour aller voir ce film, enfin.

J'ai rien mangé depuis hier soir, j'ai pas assez dormi. Rapidement ça monte, ça devient bizarre. Les planches près du canal se répètent beaucoup. J'ai l'impression de voler.

Me voilà au cinéma. Je m'achète mon billet. Pour la séance de 11 heures un vendredi matin, y'a pas foule. Je salue le seul bobo venu voir le film avec moi. Le gars a l'air étonné. Et il vient s'assoir à deux sièges de moi avant le début du film. (Au moment d'écrire ça je me rends compte que le style d'écriture est largement dissocié, comme le style de Laurent Gerzstenkorn).

Une bande-annonce débarque, celle d'Inception, où l'on voit DiCaprio, et il y a son copain qui se bat alors que les murs deviennent le plafond, puis le plafond devient le sol, puis la gravité change, et pendant ce temps-là ils se battent à mort. Quelque chose de bizarre. Je sens quelque chose de bien dark en moi, qui me dit: Stylo, tout ça ça te fait PEUR. J'ai PEUR de ces changements de gravité. J'ai PEUR des films mindfuck avec DiCaprio. INCEPTION... qu'est-ce que c'est que ce truc de cinglés?

Le début d'Enter The Void. 2 minutes de psychédélisme absolument délirant, avec des bruits de Bengalter. Atroce. Je me bouche les oreilles et les yeux.

Le film commence, en VO. La scène se passe à Tokio. Un mec montre à sa sœur le bouquin qu'il a: le Bardo Thödol, le livre des morts thibétain.

Ah! Non! Stylo! Il va forcément se passer un truc pas bien!

La voix de Fort Boyard résonne: sors, sors, sors, sors. SORS! SORS!

Je sors. Tout bouge sous mes pieds. Vite. Passage aux toilettes. Je me regarde dans le miroir et je me dit bien en face: "I don't want to fuck my mind."

Je sors du cinéma. J'ai vu deux minutes du film, M'EN FOUS. J'ai payé ma place pour rien, M'EN FOUS. Je vais pas nicker mon esprit.

Je marche dans la rue, complètement dissocié. Je sais pas où je vais. Le monde bouge. Je suis en plein dans le DXM. C'est dur, ça pousse dans tous les sens. Je cherche mon chemin vers un repère. L'église! Je vais à l'église que j'aime bien. Ah, j'y suis. Je vais voir la vieille dame qui se charge de surveiller l'église et je lui demande si je peux chanter dans l'église. Elle m'indique une salle où ça va.

Je m'y met, je chante. Je suis méga-dissocié, dude. Je chante mes chants religieux, Je vous salue Marie, ???? ???? (chant liturgique russe), plus d'autres de ma propre invention. Mais je suis toujours méchamment à côté. Je me pose dans l'église, sur un banc, pour prier. Je suis rapidement loiiiinnn... donc pas là. Des touristes russes rentrent dans l'église pour visiter. Des femmes s'assoient juste devant moi. Je me hasarde à leur parler:
"????????... ?? ? ???????
- ??!
- ??? ??????"
Et elle me fait un beau :thumbsup: pour me dire "super!"

Oui, vous voyez, je sais dire trois mots en russe, ce trip est pourri, alors je fais semblant d'être polyglotte pour relever le niveau. En vérité je ne parle pas russe. J'ai du fouiller pour trouver l'orthographe de ces mots et les mettre en cyrillique. La conversation, j'espère, devait vouloir dire ça:
"Excusez-moi... Vous êtes Russes?
- Oui!
- Ça vous plaît ici?"
Réponse, oui, ça leur plaît, évidemment.

Bref, un truc dont je suis sûr c'est que je suis pas à l'aise. Go je rentre chez moi. J'habite à 4 kilomètres en dehors de la ville. J'ai le choix entre marcher et prendre le bus. Prendre le bus sous DXM... Beurk.

En marchant je passe à côté d'une maison des Compagnons du Devoir du Tour de France. En passant devant j'aperçois des jeunes apprentis (des lapins, ils disent) qui traînent, l'air blasé. J'ai soif. "Hé, les jeunes. Y'a moyen que vous remplissiez ma bouteille d'eau?" Et ils me répondent, l'air blasé: "Vous rentrez, les toilettes sont à droite puis à gauche."
Je vais rentrer dans la Maison de Compagnons! Je sais pertinemment que la Règle interdit les drogues. Je le sais pour avoir déjà fait respecter cette Règle. J'ai été stagiaire dans une autre Maison de Compagnons, j'avais commencé mon Tour de France là-bas, pour le quitter ensuite. C'était deux ans et demi avant ce jour. J'avais quitté le Tour comme un malpropre, au bout de trois mois, en plein dans mon travail d'adoption, et j'avais dit PAF, j'avais fait mes bagages et j'étais parti pour l'Allemagne, y faire ma vie.
Et maintenant je me retrouve en face de cette même Maison de Compagnons où j'aurais pu débarquer, trois ans plus tôt, si j'avais juste dit une chose. On m'avait proposé deux villes, dont celle-ci. Je n'avais pas choisi celle-ci.
Je rentre, alors, c'est une Maison de Compagnons comme il y en a plusieurs en France. Je ne me sens pas dépaysé, non. Je sais comment ils fonctionnent, les Compagnons. Je me suis investi là-dedans, à l'époque. Les Compagnons ils font de l'initiation à la dure, ils prennent un boutonneux de 16 ans pour en faire un Homme, complet, initié. Je m'étais engagé, je voulais rentrer dans leurs délire, et je m'étais barré! Mais me revoilà, je suis revenu, je suis le renégat! En plus j'ai pris de la drogue! Je suis un criminel, et celà, personne ne le sait.
Je fais les vingt mètres dont j'ai besoin pour atteindre les toilettes. En chemin je rencontre un pays (ou coterie, j'en sais rien), sûrement assez vieux pour être un compagnon. Je le regarde dans les yeux et je lui dit bonjour. Je suis sûr de moi. Il me réponds poliment. Ha! Je ne suis plus un jeune stagiaire paumé et sans repères! J'ai fait mon tour, et maintenant je sais qui je suis! (bon, pour être honnête, c'est encore très flou...)
Me voilà aux toilettes.
Mec! Cette maison aurait pu être TA maison! Qui sait si tu aurais quitté le Tour, si jamais tu avais choisi cette Maison-là! Si j'étais venu ici plutôt qu'à l'autre, j'aurais peut-être été adopté, je serais devenu un Aspirant, et, et....
Tu rumines, mec. Remplis ta bouteille d'eau.
Je me met sur le chemin de la sortie. Les choses se sont passées comme elles se sont passés. C'est de l'histoire ancienne. Tu as décidé de faire ta propre initiation, tu as ton propre chemin. Il est dur, mais il est comme ça.

Je suis sorti. Je ne suis pas un apprenti, pas un stagiaire, pas un aspirant, pas un compagnon. Je suis moi. Je suis Styloplume.

Bon, on en chie. Allez, c'est parti pour 4 kilomètres de marche le long de la route.

Je marche, je marche. Ah, ça fait du bien de marcher. Je pourrais marcher toute la journée comme ça. Dans la tête rien de précis, sinon que j'ai le net sentiment d'avoir fait une connerie, à droper du DXM comme ça n'importe comment. Le film c'était pas pour moi. 'Fin bon. Je marche. Les voitures passent.

J'ai l'impression que je pourrais marcher toute la journée comme ça. Il se met à pleuvoir. Rien à foutre. Mon jean mouillé ne m'empêche pas de marcher. Je me moque de la vague sensation de froid. Bientôt je serai en sécurité dans mon lit.

Je suis dans mon lit, en sécurité. J'ai pas assez dormi, cette nuit. J'ai pas mangé. Je suis crevé. Maintenant je suis au sec. Je voudrais dormir tranquillement.

Impossible! Le DXM me poursuit, et attention c'est du lourd. Les hallus se font voir, des sortes de CEV, pas très nettes, plus du rêve éveillé que de la grosse hallu.
Je vois plein de choses, toutes plus absurdes les unes que les autres. Le top du top c'est quand je vois Super Mario dans son jeu de plate-forme. Le niveau est constitué de tartes sur lesquelles il saute en avancant. Les tartes sont tenues par un romain affalé sur sa chaise longue, en toge. Il y a plein de tartes, et lui il a plein de mains pour les tenir. Et il regarde Mario sauter de tarte en tarte, et sur son visage de Romain bien rasé se dessine la satisfaction la plus tranquille.
MARRE!
Je me lève. Putain d'hallus à la con. Merde quoi. Il est quelle heure? Deux heures.

La descente dans l'après-midi, je ne m'en souviens pas. Tout juste d'une colloc qui me demandait quelque chose, et je lui répondais banalement en me demandant si j'avais l'air tripé. Mais elle n'a rien remarqué. Le reste est sans histoire.

Ce que j'en ai retenu, c'est que le manque de sommeil et le jeûne augmente considérablement la puissance du trip.

Ça fait du bien d'écrire le TR après coup. Ouaip. Ça fait du bien.
 

Aiskhynê

Chatterrante acidulée
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25 Déc 2011
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Putain, j'ai trop ris !
T'es trop doué pour raconter tes trips ! 8)
Alala, Valhalla Rising, un vrai film pour triper en effet, j'me souviens l'avoir vue sous speed ou lsa !
En effet c'est le film idéal pour un trip de dxm, un minimum de dialogues, un côté psychédélique prononcé et une ambiance sonore idéal pour un trip.
Et c'est en lisant ton tr que j'ai compris une scène, celle ou ils boivent une potion.
Je pensais qu'ils devenaient fou comme ça...
D'ailleurs à un moment donné c'est l'enculerie !
Sinon, la scène avec le fasho est... :roll:
J'en ris encore... :oops:
Désolée !
Surtout qu'en faite c'est pas drôle tout ça... =/
C'est même vraiment n'importe quoi, plus le temps passe et... Plus ça deviens n'importe quoi !
Et puis c'est dingue, y'en a partout de ses fight clubs visiblement... :shock:
Sinon le coup avec la serveuse, c'était violant !
J'ai faillie faire une crise cardiaque à ce moment là... :roll: :lol:
Le dxm ça rend pas forcément intelligent...
Par contre le mot de la fin, ça présage rien de bon pour toi par la suite... :?
 
S

Styloplume

Invité
Haha, juste, j'ai regardé le film à nouveau, et en fait c'est pas un meurtre c'est un viol! bouhouhouhouuuuuuu méchant ce film. :evil:

T'inquiète tu peux en rire. Moi quand j'y repense... ah, pff..

Aiskhynê a dit:
Le dxm ça rend pas forcément intelligent...

Merci bien! dis donc! :lol:

Aiskhynê a dit:
Par contre le mot de la fin, ça présage rien de bon pour toi par la suite...

Très juste. Rétrospectivement par contre ça fait beaucoup de sens, heureusement. Je comprends maintenant bien ce qui s'est passé, comment je tripais, comment je ne parvenais pas à triper, etc. J'ai fait d'autres trips plus crades encore.

Merci pour tes compliments! Je m'éclate beaucoup à écrire mes TRs!
 

Aiskhynê

Chatterrante acidulée
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Désolée... :oops:
En tout cas t’arrive à trouver du T., j'ai fais toutes les pharmacies y'a que du E. et encore...
Dans deux seulement et dans des p'ti villages paumés... :|
 
S

Styloplume

Invité
T'inquiète, chuis pas vexé le moins du monde :lol:

Pour le T c'est pas le top. Le E c'est bien, c'est parfait! Le top du top c'est le P, autant en commander, ça marche très bien et en quelques jours tu l'as. Ça fait du 5€ le plateau 2!

Et voilà la suite!


DXM-Robin des bois

TR rédigé deux ans après, en avril 2012.

Depuis le dernier trip ça fait deux semaines. Nous sommes en mai 2010, j'ai commencé mon nouveau boulot (pas super-cool, mais bon c'est du boulot).

J'ai raté Enter The Void. C'était trop gros pour moi. Trop mindfuck. Je décide de retenter l'aventure du cinéma sous DXM avec un film plus gentil, et une dose de DXM moins forte. Je vais voir Robin des Bois avec Russel Crow avec 240 mg (plus si nécessaire)

Je ne me souviens plus du tout de ce qui s'est passé avant dans la journée! Il est autour de 18 heures, j'ai gobé 240 mg il y a une heure. On ne peut pas encore rentrer dans la salle, alors je me ballade. On passe du Fatboy Slim dans le cinéma, et j'admire les photographies d'acteurs qui parsèment les murs. Je ne sais pas vraiment ce que c'est, mais je me sens très bien. Très reposé. Très calme. Je vais m'asseoir sur des fauteuils confortables près des immenses vitres qui constituent une des facades du multiplex. Je suis à l'étage. Dehors, les cygnes nagent sur le canal. Tout est calme. Je suis seul. Tout va très bien. Tout est normal, mais quelque chose en plus... La musique, douce, chante "I'm going to be with you", belle phrase qui se répète, répète... et moi je ne sais pas ce que c'est, je suis pris par la beauté de l'instant.

Mais le film va commencer! Je drope 3 capsules de plus et je débarque à 360 mg. Mais POURQUOI j'ai fait ça? Au moment de commencer à taper cette ligne, j'ai été pris d'un sursaut, mes bras se sont éloignés du clavier. Comme si mon inconscient me disait: je ne veux pas redroper! Je ne veux pas y aller! On était bien sur ce fauteuil? Pourquoi aller s'infliger ça?

J'y suis allé quand même.

Film sans histoire, jusqu'au moment où un prétendu moine met violemment à mort quelqu'un sur une plage. Et puis, le méchant Prince Jean donne le pouvoir à un méchant Sénéchal. L'ex-Sénéchal tout juste destitué s'en rends compte, et là, le nouveau méchant se pavane avec l'anneau du pouvoir, dans un geste arrogant et fataliste. MERDE. Un sentiment d'impuissance terrible naît en moi. Plus la musique. Voilà le côté dark du DXM qui s'amène!

Je fait pas trop de commentaire du reste, mais j'ai bien apprécié le film, un film bien sympa, plus historique que divertissant, pour moi. J'ai bien aimé les personnages attachants, je m'y suis senti comme chez moi. Mais bon, ça va pas plus loin. Je ne "rentre" pas dans le film, comme j'ai fait avec Valhalla Rising ou Shutter Island. Je ne suis pas dans le bon état d'esprit, ou alors

C'est tout? Ah, non! À un moment donné je sors de la salle pendant le film pour aller aux toilettes. À l'étage, à côté du stand où l'on vends le popcorn et tout, je vois un employé du cinéma qui danse. Il DANSE! Il a les bras tendus de chaque côté, il claque des doigts, complètement détendu. Je lui demande le chemin des toilettes, qu'il m'indique sans arrêter de danser. "Ah, vous êtes détendu, hein?" Je lui dit. Il fait signe que oui, de la tête, et ne s'arrête pas, non, il danse tranquillement. Voilà un type qui tripe. Je l'admire ce gars.

La fin du film se produit dans un gros sentiment de dissociation. La voix doublée de Crow me semble creuse. C'est tout.

Je sors de ce film avec l'impression d'être à côté de mes pompes. J'ai refait un film sous DXM, voilà, je suis un type spécial, c'est sûr. Personne ne fait ça à part moi, hein? Du cinéma amélioré! Ouais, ben, pour tout dire, le résultat vaut pas vraiment le coup. Ou alors, c'est le film... Un truc sûr, c'est que je suis passé à côté du trip.

Je rentre chez moi à pied, en longeant le canal. Conversation avec moi-même: "Bon, on a VU que c'est MOI qui dirige les trips, que c'est MOI qui décide si on regarde un film ou non. On peut se faire confiance, maintenant, non?" Je dit des trucs auxquels je crois pas vraiment, mais quelque part il faut que je parle, il faut que j'intervienne, sinon je me sens partir à côté.

Je prends le bus pour rentrer. Il est genre 10 heures du soir. Deux filles ont mis de la musique sur leur portable, ça me dérange pas mal. Je suis défoncé comme pas possible, mais je me décide de me lever pour aller leur parler.
"Salut, alors, est-ce que vous pourriez baisser le volume de la musique parce que ça me dérange un peu. (ma voix est lente, j'ai du mal à sortir les mots)
- Non.
- Non. Donc tu vas te rassoir."
Et le mec au fond du bus, kéké avec sa casquette, qui me crie "Qu'est-ce que tu leur veux?"
Je vais me rassoir, conscient de me faire enculer à sec. Pardonnez la violence du propos, c'est-à-dire qu'il y avait pas mal de violence. Je suis sidéré qu'on m'ait juste répondu "non" comme ça.

La vache, ça m'a fait mal ce voyage en bus.

Je suis rentré chez moi.

Quelques jours plus tard, ou le soir même, je ne sais plus, en tout cas un jour où j'étais un peu défoncé (donc soit le soir même, soit un autre jour sous THC je crois), je me pose sur mon lit et je part dans un trip psychonautique, enfin j'essaye. Je me revois parler à cette même fille qui m'a sèchement dit "Non. Donc tu vas te rassoir." Je suis avec elle dans un bar de nuit, je lui parle, elle me parle, et la conversation passe en mode bisounours. Je la comprends, elle se comprends. Elle se met à sourire, à pleurer de soulagement, car toute cette violence la dérange aussi. Ça l'empêche d'être elle-même. Mais là ça va mieux. Elle m'a dit les choses, et maintenant elle est connectée. Je la vois pleurer de joie, monter sur la table, et danser sur Balkan Beat Box. Je la vois rayonner de joie, les bras étendus vers le monde, roulant du bassin en illuminant le monde de bonheur avec son sourire.

Pendant tout le temps où j'ai habité cette ville je me suis promis, si je revoyais cette fille, que je lui dirais: "Hé, toi! Tu as été sèche avec moi, mais je t'ai vu dans la joie et illuminer le monde avec ton bonheur!" Mais je n'ai jamais revu cette fille. Tant mieux, ça lui aurait fait peur. Et puis, c'est un archétype qui n'a rien à voir avec cette fille. Je ne le sais pas encore, mais je me suis connecté avec mon enfant intérieur, ma source de joie.
 
S

Styloplume

Invité
Fête de la musique

Salut les aminches,

Je continue dans la lignée des TRs rédigés deux ans après. Celui-là est le dernier trip au DXM que j'ai fait en 2010, s'en est suivi une période d'abstention de six mois sans DXM, on va comprendre pourquoi.

Nous sommes le 21 juin, voilà un mois déjà depuis le dernier trip pas marrant devant Robin des Bois. Là, c'est la fête de la musique! Normalement ça devrait le faire, non? Ah, j'ai du mal à triper comme il faut! Rien ne s'est passé comme prévu! Pas de plateau 3, pas d'éclate, pas grand-chose. Juste un bon gros bordel dans ma tête. C'est le neuvième trip au DXM que je fais en trois mois, et j'ai l'impression de moins en moins comprendre cette molécule.

La fête de la musique! Quelle bonne idée! En plus, j'habite une grosse ville, ça devrait bien se passer, non?

Je passe à la pharmacie et m'achète une boîte de P que je gobe direct, j'ai pas fait 50 mètres que je jette la boîte vide dans une poubelle.
Faille mémorielle: si ça trouve c'est pas ce qui s'est passé, en fait j'ai cherché un pharmacie à la dernière minute et je me suis pris une boîte de T que j'ai avalée difficilement dans un parc.

Bref. Je suis ville et ça monte. Je ne connais personne de chez personne. Je vadrouille de place en place sans trouver de repère.

Sur une grande place je me pose. Un groupe de jeunes Allemand est posé là, je m'incruste un peu, discute de choses et d'autres, m'allonge derrière eux sur le monument qu'ils squattent, pour laisser monter le truc. Je suis loin, loin des gens, loin de moi. Je ne sais pas ce que je fous là. Je n'ai pas d'amis, pas de repère.

Une fois, dans une rue, je tombe sur de la musique que je trouve excellente, mixée par un DJ. Je commence à partir à balle sur le son, me cale dessus. Mais rapidement je regarde à droite et à gauche. Des gens passent. Je me sens l'air con. Je n'ose pas lâcher prise de peur qu'on me prenne pour un drogué. En plus, danser tout seul devant un pauvre DJ, je me dit que c'est pas ça l'esprit du truc.

Donc j'erre de place en place, sans trouver de repos. Je ne sais vraiment pas ce que je fous là, tout seul. J'ai besoin d'amis. Je suis terriblement seul.

Je finis par rentrer chez moi, retour sans histoires. Pas d'autres souvenirs.
 
S

Styloplume

Invité
Nouvel an

Salut salut!

Ce trip fait au réveillon 2010/2011 marque la reprise de contact avec le DXM, après un trou de 6 mois. Ce trou a été peuplé de quelques évènements importants: j'ai déménagé (encore), tenté de trouver du boulot à l'étranger, gros fail, terrassé par des sentiments dépressifs (ou plutôt: dissociés, quelque chose de schizoïde). Je suis rentré chez papa/maman pour reprendre ma vie en main. Et là j'ai pris la décision de devenir étudiant en psycho, pour devenir psychologue puis psychothérapeute.

En attendant, je suis parti pour voyager! Et pour le nouvel an, je rejoins une rencontre internationale de jeunes qui se retrouvent en Allemagne pour une petite fête d'une semaine autour du nouvel an. Ça promet, on va revoir tous nos potes allemands, polonais, italiens... (et les petites Ukrainiennes héhé). Il y a des gens qui viennent de toute l'Europe, voir de plus loin.

Tout se passe très bien, d'ailleurs je cause pas mal avec une petite Slovaque, l'ami de mon copain Lektor, qui se retrouve toujours avec moi dans ce genre de rencontre. Elle est intéressée par tout ce qui est drogue psychédélique, elle veut à tout prix essayer. Et moi, je me dit que le set&setting peut convenir pour me prendre du DXM. Je fais une mini-conférence avec Lektor, sa copine du moment et un autre Français qui habite en Allemagne. J'ai plusieurs volontaires pour un trip au DXM! Le Français, appelons-le Faërlin, est celui que je motive le plus en lui montrant des TRs sur psychonaut.com. Il est amateur de sensations fortes!

Problème: pas de DXM. Nous sommes le 31 décembre. Les pharmacies ferment à 16 heures. Dans le petit village où nous sommes, j'en trouve deux, mais elle n'ont pas le fameux H en pillules, le graal du DXM (6€ pour 600 mg). J'achète du sirop et des pastilles à sucer ridiculeusement sous-dosées (7 mg par pastille!). Et ça coûte cher. Et ça suffit pas.

Avec Faërlin, on décide d'aller en bus ou en stop à la grande ville la plus proche. Après 20 minutes de bus, on y est. Problème: toutes les pharmacies sont fermées. La crise! Je me débrouille pour trouver la seule pharmacie ouverte, la pharmacie de garde, en appellant un numéro de renseignement. On fait trois fois le tour de la ville, dans un froid mordant, et quand on arrive à la pharmacie il est genre 8 heures. Pas de H non plus (si ça se trouve la pharmacienne se doute de quelque chose...), je lui demande ce qu'elle a contre la toux, elle me propose du sirop avec et sans DXM. Je lui sors une excuse pourrie pour avoir celui avec du DXM, je lui en prends 2 bouteilles avec une excuse tout aussi pourrie, je lui dit qu'on est plusieurs à être malades, bla bla bla.

Au final, on a juste le temps de retourner à la gare de la grande ville pour attraper le dernier bus qui nous ramène à notre village. Je suis crevé de chez crevé, j'ai pas mangé depuis ce midi, et on a marché pendant plusieurs heures dans le froid. Du DXM, on en a combien? 600 mg! Tout juste assez pour nous deux, en fait! Faërlin et moi, les deux chevaliers méritant, nous serons les seuls à se percher ce soir! Ah! Je vais prendre de la drogue! Génial, non?

On est rentré! Désolé Lektor, désolé sa copine, on a pas chopé assez de DXM pour tout le monde. Lektor s'en moque, sa copine, qui semblait avide de sensations fortes, est décue.

La soirée du nouvel an commence doucement. La salle de bal a été organisé, environ 200 jeunes de toute l'Europe vont faire la fête pendant toute la nuit. Il est 10 heures. Hé! Faërlin! On y va!

On y va. On se réfugie dans les vestiaires du gymnase où dorment une partie des participants pour se prendre notre drogue. Alors, on a trois bouteilles de sirop (sans maltitol heureusement) et une ou deux boîtes de grosses pastilles sous-dosées. Ça fait beaucoup à avaler, surtout pour Faërlin, qui a l'air effaré des efforts à déployer pour se percher légalement. On se chope des grands verre où on se verse chacun le contenu d'une bouteille. On se force à boire, ahhhhhh c'est dé-geu-lasse. Faërlin manque de vomir. On passe au moins une demi-heure à avaler cette saloperie. Quand aux bonbons, ils passent mieux, mais bon, ça fait quand même une dizaine de bonbons chacun, pour seulement 70 mg... On se donne du courage. Faërlin, qui est plutôt nature, comme gars, le genre de mec qui prenait pas de LSD parce que c'est "chimique", le pauvre s'en prends plein la figure. Moi ça passe mieux, même si c'est dur. Allez, on se partage la dernière bouteille et on dilue avec de l'eau. Ah, c'est dur!
Mais on finit par y arriver. Finalement on y est. On a chacun 300 mg dans le bide. On a mal au bide, aussi, mais ça c'est un autre problème.

Je me ballade dans la soirée, je danse vaguement, Faërlin est parti de son côté. Impossible de me souvenir de ce qui s'est passé avant la montée.

La montée. Dur. Vite. Me poser. Ça monte dur, ça monte vite! Il faut que je me calme! Au gymnase, allez hop.
Le gymnase, là où les gens dorment. Personne ne dors, l'ambiance est calme, les gens finissent de manger ou de s'habiller avant de partir à la fête. Moi je titube, je me pose, ou plutôt je m'affale, sur l'un des matelas en mousse qui tapisse le sol et sur lequel les participants ont mis leurs duvets.
Je suis posé! Respire, Stylo. Respire. Ah, c'est dur. Oui, c'est dur.
Ma très bonne amie Frieda (faux prénom :) ), Allemande, est là. Je lui parle:
"- Frieda, je suis sous DXM. C'est une drogue avec laquelle j'ai du mal, avec laquelle j'ai déjà manqué de tomber au bord du gouffre. J'ai besoin que tu me rassures et que tu me dises qui je suis pour toi."
Ah je lui met la pression! Elle réfléchit.
"Tu es l'un de ceux qui comptent le plus pour moi, surtout l'un de ceux qui a eu la plus grande influence..."
Elle a dit quelque chose comme ça, mais ça ne me rassure pas. Je suis en train de partir loin de mes amis. J'ai plein d'amis ici! Oui, mais il ne sont pas perchés, et moi je suis mal perché. Ça ne coule pas. Je sors. (Et je laisse Frieda en vrac, et elle se fait sûrement plein de soucis pour moi)

Me voilà dans la salle de bal. Quelque personnes dansent, et moi je suis décidément perché! La musique qui passe a été composé par un jeune de notre grande bande de joyeux lurons. C'est du reggae gentil comme tout. Ce beat pousse, un truc de malade, et devient énorme. Pendant quelques instant je l'entends en entier, et je me met à danser dessus. Mais je dois avoir l'air trop bizarre. Ou alors, j'ai peur d'avoir l'air bizarre. Je ne suis pas en phase avec mon comportement.

Ah! Quelque chose ne va pas! Je sors de la musique, et me met à errer. Me voilà près des stands de livres. Et là, WHAT? Une fille! (On vois le niveau de la révélation...) Non, une fille, d'accord, mais en plus elle a un tatouage énorme sur la poitrine. Je vais voir et je pousse son pendentif du doigt pour regarder son tatouage (sans même lui demander la permission).
"C'est quoi ton tatouage?
- C'est un phénix, symbole de résurection."
Ahhhhh d'accord! Le reste du phénix disparaît dans son décolleté. Je m'intéresse à la fille pour son visage maintenant. Et on discute. Elle ne fait pas partie des invités, elle est un peu gênée d'être ici sans être invitée, elle est venue passer le nouvel an avec son copain dans un hôtel à côté. Je lui assure qu'il n'y a absolument aucun problème, qu'elle peut lire les bouquins comme elle veux. On parle, et je me rends compte qu'elle aimerait peut-être rencontrer l'amie de Frieda, pour quelque obscure raison (un intérêt pour les études de psychologie). Je lui dit: "Eh, tu sais, j'ai une idée. Je voudrais te présenter une amie à moi qui songe à étudier la psychologie. Tu veux venir?"

Et je la présente à l'amie de Frieda. Au passage je rencontre le copain de la tatouée. Ah! Je me sens exister, je fais des connections entre les gens!

Je vais sur la piste de danse, où je trouve un autre pote français, qui lui est bien bourré. Méchamment bourré, en fait. Et je vois Faërlin qui a l'air bien perché. Ah! T'es là toi! Faërlin a le regard dans le vague, l'air de scruter un objectif mystérieux connu de lui seul. Avec lui on attrape le français bourré, qui manque de tomber. On l'en empêche, et on est emporté dans l'autre sens. On corrige, on balance dans l'autre direction, et on tangue comme ça méchamment plusieurs fois de suite. Le poteaux bourré est méchamment attaqué. Son visage est baigné d'extase, il lâche complètement prise. J'ai l'impression qu'avec Faërlin on le porte entièrement, qu'on l'ammène à une autre dimension. On est en train de l'initier à quelque chose. Faërlin et moi on communique sans parler, à faire bouger notre compatriote dans tous les sens et selon la musique. Une danse à trois, quelque part.
On pose l'ami sur une chaise, il n'en peux plus de reconnaissance et me fait un beau :thumbsup: . Bon, ça c'est un bon point.

Je retrouve Lektor, et je suis très inquiet de la rencontre que nous on organise bientôt en France. "Est-ce qu'on va se planter?
- Ça va bien se passer, dit Lektor.
- Dis-moi que ça va bien se passer.
- Ça va bien se passer."
J'éprouve un besoin inouï d'être consolé, qu'on me rassure. Lektor est dépassé.

Je retourne dans la fête. Putain non je ne suis pas en phase. J'en ai marre de pas être en phase! Je me sens pas bien. Il est une heure et demie seulement? Ouaip! Et je vais me coucher! C'est comme ça! (au passage, je crois que je suis passé à côté du gros décompte du jour de l'an)

Deux heures. Je suis enfin dans mon lit. J'ai mis du temps à rentrer, la tête bien dévissée, puis à me déshabiller, mais maintenant je suis au pieu, en sécurité.

Méditation. Comment méditer? Bon, déjà, se relaxer. Ça va. Ou plutôt, non, je suis dans un trip bien "passif", à côté du DXM, où ma tête est prise de pensées, mais je fuis les pensées au lieu de rentrer dedans. Et là, c'est le drame, j'entends des voix.
J'entends la voix de Lektor qui obéit à quelque d'autre. Il est en train d'aligner des bouteilles de verres. Son discours est constitué de réponses compliantes à des ordres simples. "Ah, par deux? D'accord. Ouais ouais, ok. Comme ça? Compris. Voilà."
Et ces bouteilles qu'il aligne, c'est quoi? Et là, TERRIBLE. Ce sont des bouteilles de poison destiné au meurtre de petits enfants.
Mauvaises hallus! Ahh!!! Non! C'est affreux! Pourquoi j'entends ça? Pourquoi je dois subir ça? Des petits enfants doivent mourir, et mon ami y participe, d'ailleurs il est très respectueux de la voix qui lui donne les ordres, comme si cette voix avait beaucoup plus de charisme que moi.

Terrible! Mais j'ai finalement réussi à dormir. La journée suivante a été un afterglow magnifique suivi par une soirée de perdition dans l'alcool et le sexe. Puis je suis parti à Berlin pour la suite de mon voyage.

Une explication s'impose pour l'hallu auditive de Lektor qui aligne des bouteilles de poison destinées au meurtre de petits enfants. Plusieurs éléments me semblent significatifs:
- Lektor et moi avions joué un rôle à la buvette de la rencontre. Au moment de travailler ensemble, on n'a pas été d'accord sur la manière de se répartir les tâches pour distribuer les bouteilles. De là la thématiques des bouteilles.
- Les bouteilles de poison sont reliées au film La Chute, où une copine d'Hitler empoisonne ses enfants dans leurs sommeil avec des petites bouteilles de poison coincées entre les dents. La scène m'avait marqué terriblement.
- Le fait que Lektor obéisse à une voix est révélateur de ma frustration que j'avais qu'il ne soit jamais d'accord avec moi. Qu'il obéisse à un autre personnage mal intentionné me terrifie.

Ce que j'ai gardé de ce trip, c'est cette dernière image marquante, et la certitude que le DXM, décidément, c'est pas pour les noobs.
 

Aiskhynê

Chatterrante acidulée
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Ben putain...
Déjà le trip de robin des bois semblait très décevant et frustrant même...
Que dire de la fête de la musique...
Mais alors là, c'est d'un autre niveau, les scènes que tu as eu au lit sont asses badantes...
J'espère que tu étais conscients, que ce n'étais pas réel et que c'était des hallucinations... (Pendant le trip) :roll:
Perso, j'arrive pas à comprendre vos trips comme ça, mon premier trip à 400mg était pas mal pour un test, mon deuxième à 800mg une bonne claque et plateau 3 direct !
Mon troisième trip à 800 plus cannabis, était par contre lui décevant, à cause du cannabis qui m'avait empêché un plateau 3...
Je suis passé directement du plateau 4 à un bon gros plateau 1.
Mais dans tous ses trips, la chose que je remarque c'est que mon mental est tellement détendue, je suis tellement bien avec moi même, j'pense même pas, j'contemple et j'essaye selon mon état de faire des choses du genre, changer les chaines de la télé, pour mettre un truc qui au son passe bien...
Je compte m'en refaire un à 800mg, mais cette fois ci sans cannabis.
Je le veux mon 2eme plateau 3 et cette fois ci, je compte bien triper dessus de façon optimal, car j'ai découvert ce plateau par hasard en montant me coucher sur mon lit. :p
En plus, je ressens les bien faits d'un trip, encore plusieurs jours après, je me sens droite dans ma tête et détendue.
Et je pense que c'est au niveau de ton set & setting que ça foire, tu veux en faire trop à mon avis, tu devrais essayer un bon trip chez toi bien au chaud, sans personne pour te perturber soit dans la violence, soit dans ton envie d'être opé pour une soirée.
Tes trips nature sont bien jusqu'à ce que tu ailles au cinoche, je pense que t'as besoin d'être au calme et de te retrouver seul avec toi même !
Après je ne sais pas comment tes trips ont évolué, mais c'est mon impression.
Afin de te reconnecter avec cette molécule, qui ma fois, a un de bons effets aussi... :D
 
S

Styloplume

Invité
Haha là en fait je fais tous les TRs que j'avais pas rédigé à l'époque, parce qu'ils étaient pas "psychonautique". En fait tous les trips que je trouvais pourris et pour lesquels je m'en voulais parce que je réussissais pas à bien triper. Depuis, Dieu merci, j'ai repris pied, difficilement. Le LSD m'a bien aidé à comprendre comment lâcher prise.

Ouais j'étais toujours conscient que c'était des hallus.

On est tous différents devant le DXM. Ta façon d'aborder le DXM est forcément bien éloignée de la mienne. Pas les mêmes vies, les mêmes attentes, les mêmes peurs. Pas les mêmes procédés, non plus. Pendant longtemps moi ça a été: "Je sais pas quoi faire... allez hop DXM". Voire, à certains moments: "J'ai un gros problème que je ne sais pas résoudre. Voyons si le DXM peut y faire quelque chose". J'imagine que chez toi c'est pas comme ça, non?
 

Xavier12

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Je ne peu pas envoyé de message privée donc désolé de demander ça ici mais c'est quoi que vous appeler T, E, ou H?
Et quel sont les effets principal du DXM, parce que j'aimerais bien essayé mais vu que maintenant je bad sous champot je me méfie des drogue que je ne connais pas.
 

Aiskhynê

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En faite stylo, nos trips sont radicalement basé sur les mêmes intentions !
J'en ai pris exactement pour les mêmes raisons que toi.
Sauf que sous cette drogue, peut être aussi que l'important dosage y est pour quelque chose, 13,33mg/kg c'est ma dose, mais impossible de penser, d'avoir des problèmes, d'un coup tous les noeuds à l'intérieur de ma conscience se défont et durablement, j'en ressens encore les effets des jours après, ça me calme !
Sinon Xav, je t'ai envoyé un message privé. :D
 

Xavier12

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Aiskhynê a dit:
Sinon Xav, je t'ai envoyé un message privé. :D

Dsl je ne peu pas les lire ni en envoyer tant que je ne suis pas arriver à 20 post mais promis tu sera au courant quand je pourrais les lire :)
 

Aiskhynê

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De toute façon, si tu cherches bien sur google, en cherchant la liste des médicaments contenant du dxm, tu devrais très vite comprendre ! :lol:
Pareil, en lisant différents report trip sur le dxm, tu devrais arriver à en cerner les effets, malgré que chacun réagisse différemment à ça.
Et l'Er**x, c'est le meilleur que tu puisses trouver, c'est conditionné en gélule.
Mais si tu comptes essayer, essaye d'abord sur une très faible dose, 200mg par exemple, pour voir si tu y es allergique, ensuite tu peux facilement surtout vue ta morphologie prendre 400mg pour une première approche et par la suite 800 si tu as bien réagis mentalement au produit !
 

Xavier12

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Aiskhynê a dit:
De toute façon, si tu cherches bien sur google, en cherchant la liste des médicaments contenant du dxm, tu devrais très vite comprendre ! :lol:
Pareil, en lisant différents report trip sur le dxm, tu devrais arriver à en cerner les effets, malgré que chacun réagisse différemment à ça.
Et l'Er**x, c'est le meilleur que tu puisses trouver, c'est conditionné en gélule.
Mais si tu comptes essayer, essaye d'abord sur une très faible dose, 200mg par exemple, pour voir si tu y es allergique, ensuite tu peux facilement surtout vue ta morphologie prendre 400mg pour une première approche et par la suite 800 si tu as bien réagis mentalement au produit !


Oui c'est vrai j'ai vite compris, merci pour ces renseignements, y a combien de gélule dans celui que tu me conseil?
 

Aiskhynê

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20, donc ça fais 400mg par boites ! :wink:
Elles sont pas bien grande, perso je prend la boite en une seule fois avec un peu d'eau.
Et j'arrive à tout avaler !
Je te conseils de prendre une demie boite, ensuite une boite et demi si tout se passe bien. (Pas dans la même journée lol)
Donc achète en deux si tu veux faire l'expérience.
 
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