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[LSD 180µg] Le Pèlerinage

Procyon

Glandeuse pinéale
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29 Mar 2014
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Petit résumé de ma première expérience avec le LSD. On m'avait parlé de renaissance, d'envies de changement, de nouveau départ, mais j'étais loin de m'imaginer que ç'allait être à ce point-là et surtout que les évènements extérieurs allaient concorder à ce point avec ce qui se passait dans ma tête... Un trip au scénario digne d'un film. Bonne lecture !

J'habite encore chez mon père, et jusqu'il y a peu ce lundi devait être un jour de fête. Le jour de mon anniversaire, en fait ; quelques potes devaient venir à la maison, mais au dernier moment deux d'entre eux ont annulé et j'ai préféré décaler la fête. J'avais donc toute ma soirée de libre : mon père était absent jusqu'au milieu de la nuit, mon frère ne bougerait pas de la maison... Je vis donc immédiatement une occasion rêvée de vivre cette première expérience au LSD à laquelle je pensais depuis quelques temps déjà.
Pour le contexte, il faut savoir que ma situation actuelle est propice au changement et aux envies de changement ; je prévois à la fin de l'année "scolaire" de m'installer avec ma copine dans un appartement, on s'apprête donc à pouvoir enfin vivre dans un "chez nous". La place prise dans mon esprit par cette idée a, je pense, bien orienté mon trip.
Je précise aussi que j'écris au présent pour renforcer le côté "instantané" du trip. Quand j'exprime des idées ou des opinions, ça ne veut pas dire que je suis d'accord avec elles avec le recul : ça veut simplement dire que j'étais d'accord avec elles, sur le moment.

En début de soirée, vers 18h30, je pars de chez moi pour me diriger vers les pentes du Vieux Lyon, plus précisément vers le théâtre romain de Fourvière. Je n'avais rien prévu de précis pour mon trip, mais il me semblait que l'ambiance des ruines romaines et du parc voisin pouvait être intéressante. J'avais un manteau pour le froid et j'avais rempli mon sac de diverses choses : de quoi manger et de quoi boire, évidemment, mais aussi quelques feuilles de papier et de quoi écrire (feutres et stylos), des ballons, des élastiques, des billes et pas mal d'autres choses colorées. Au niveau de la dose, on m'a vendu les buvards comme des 180µg, j'ai plutôt confiance en ce gars mais n'étant pas un expert du LSD je vous laisse seuls juges. En tout cas, je suis sûr que c'en était !


T-25mn : J'arrive aux théâtres romains à 19h35, mais là, première surprise (et de taille!) : un mec de la sécurité me dit que le parc ferme à 21h. Bah, pas grave, je me trouverai un autre endroit pour continuer mon trip. Il y a encore un paquet de touristes, donc j'essaie de me trouver un coin un peu plus calme. Je m'éloigne un peu des ruines, je trouve un petit coin de nature et de verdure : trois bancs sont posés là, éloignés de la route. Parfait pour s'installer, se préparer et voir monter les effets.


Les Ruines

T+0mn : Il est 20 heures, fin de conversation avec mon amour. Je range le téléphone au fond de ma poche, tout en le laissant allumé au cas où mon père m'appelle. J'attrape les buvards, mon cutter, et me découpe un carton entier que j'avale après avoir longuement observé.

T+2mn : Tout de suite, un placebo. C'est impossible que la drogue me fasse déjà de l'effet, mais ma simple concentration sur les choses me fait les ressentir plus en profondeur, mon cerveau retrouve des sensations qui me rappellent ma première expérience psychédélique (http://www.psychonaut.com/lsa/52406-mg-la-boucle-de-la-peur-premiere-fois.html) et me colle un grand sourire sur les lèvres.

T+10mn : Je range mon manteau dans mon sac, il me gêne plus qu'autre chose et m'empêche de sentir le vent. J'observe le ciel, les oiseaux, les mouvements des insectes, sans intention particulière pour l'instant.
Quelques instants après, j'observe les arbres. J'ai l'impression qu'ils crient, comme s'ils souffraient de la présence de l'homme à cet endroit. Je commence à réfléchir, mentalement pour l'instant, à la relation entre l'homme et la nature.

T+15mn : Un couple vient s'installer sur un banc, pas loin de moi. Ca me stresse un peu mais rien de très grave, je n'ai qu'à fermer les yeux pour reprendre ma silencieuse méditation...
Je rouvre les yeux. Il me semble que le ciel est bleu différemment. C'est toujours du bleu, mais ce n'est pas le même bleu que vingt minutes auparavant. Je sens que ça monte peu à peu, et je suis pris d'une euphorie qui m'oblige à me lever et à me diriger vers le muret voisin. Je ne sais pas pourquoi, mais il faut que je le fasse, c'est comme ça : tout à coup, sur le chemin, j'entends un bruit sur ma droite. La branche d'un arbre qui craque, de manière régulière, et qui le rendrait presque effrayant.
Idée presque mystique, mais je crains d'avoir "dérangé" l'arbre, surtout après la méditation sur l'homme et la nature dans laquelle je me suis lancée. Je m'éloigne à reculons et me rasseois sur le banc.

T+20mn : Le temps commence à me paraître un peu long sur ce banc, je ramasse donc mes affaires et me dirige vers les ruines ; il reste 40 minutes avant la fermeture, je me dis que tout le monde sera déjà parti. À raison, d'ailleurs : presque tous les touristes ont disparu, et je reste seul dans un coin un peu reculé des ruines. Je laisse tomber mon sac au sol, et reprends ma méditation. À voix haute, cette fois.

T+30mn : "Et aujourd'hui, à quoi sert-il, ce grand édifice ? Quel est le sens de cette vanité de romain ? La nature reprend ses droits, des plantes poussent sur et sous toutes les pierres, et je me plais à penser qu'un jour toute cette ville sera dans le même état."
Toujours à haute voix. Je suis comme amoureux de ma manière de parler, très théâtrale, et il me semble que chaque phrase que j'exprime, chaque idée qui sort de mon crâne est chargée de sens. Je déambule dans les restes des théâtres romains, me mettant à la place des gens qui étaient là, exactement là, il y a une vingtaine de siècles. Je saute sur les vieilles pierres, je surplombe tout le théâtre, et ma pensée revient encore une fois à la vanité de l'existence. Ou simplement de l'existence individuelle ?

T+35mn : "Ah la la... de sacrés animaux, ces hommes. Parce qu'ils comprennent des choses sur le monde, ils croient qu'ils peuvent dicter leurs règles sur ce monde. Parce que je sais lire, ça voudrait dire que je peux dicter de nouveaux chapitres à un livre ?"
Je suis passé à une méditation sur l'existence. Je regarde les lichens qui poussent sur les pierres en imaginant la naissance de la vie terrestre, et refais à l'envers tout le chemin parcouru par la Vie. LA VIE. La Vie avec un V majuscule. Pas la vie d'un être humain ou sa propre petite existence, non ! Mais la Vie en tant qu'entité, la Vie en tant qu'énergie, la Vie en tant que Tout.
Quel est l'intérêt de vivre si ce n'est pas pour aider la Vie ?
Je me surprends à rire d'une grue immobile, au milieu d'un chantier perdu dans le lointain. Trois spots lumineux clignotent à son sommet, sans arrêt, et perturbent mon champ de vision. "L'espèce humaine a-t-elle vraiment évolué pendant des millénaires et des millénaires et découvert l'électricité pour qu'on finisse par la gaspiller en faisant clignoter des grues toute la nuit ?"

T+40mn : Je me rends compte de deux choses. Premièrement, je suis en plein trip, toujours en train de monter mais le voyage est déjà bien entamé. Deuxièmement, la sécurité tourne dans les ruines et fait sortir les derniers touristes. Je ramasse mon sac et me dirige vers la porte, essayant d'éviter le contact humain... Mais il y a deux mecs de la sécurité devant moi, je me concentre sur ce qu'ils disent.
- Eh monsieur ? Monsieur ? Mais vous étiez où ?
- Euuh j'étais là-bas, au niveau du deuxième escalier...
- On vous a pas vu monsieur, vous vous cachiez ?
- Euuuuuh non, j'étais juste assis à regarder la ville.
- Bon d'accord, on va vous faire sortir, vous venez ?
J'essaie d'éviter l'eye contact tout en les remerciant - ils rouvrent la porte principale juste pour moi, quand même - mais ça doit avoir l'air bizarre, de l'extérieur. Je commence à stresser un peu et certains sons sont amplifiés : le son de la fermeture éclair de mon sac me fait stresser, notamment, parce que j'ai l'impression que c'est ce gardien qui me suit en faisant tinter ses clés.


Le Chemin

T+50mn : Après un peu de marche, j'atterris dans un parc que j'avais repéré tout à l'heure et m'asseois sur un banc. Derrière moi, un mur ; devant moi, un immeuble assez ancien, puis un autre, puis un autre, et la ville en contrebas qui commence à s'éclairer de ses lumières nocturnes. Toujours cette grue qui clignote dans le lointain, et mes méditations qui reprennent. Mon champ de vision commence à se déformer de manière visible ; je n'ai pas d'hallucinations, mais certains détails se floutent ou disparaissent, et je commence à voir des visages dans tous les objets du quotidien.
Cet arbre là-bas, il a un visage. Et quand je reprends ma méditation, c'est à lui que je m'adresse, à lui qui "voit les mois passer comme des secondes", et c'est à lui que je m'excuse des mauvais choix de l'espèce humaine. Je lui promets que j'essaierai de changer les choses, mais plus tard, et ce n'est pas le cocasse de la situation qui m'empêchera de tenir mes promesses !

T+1h : Des gens passent devant mon banc, je me force à chaque fois à avoir l'air normal, mais je ne me rends en général compte de leur présence que quand ils sont à un ou deux mètres de moi. Je dois, à peu de choses près, avoir l'air d'un fou qui parle tout seul, à voix haute, et s'arrête de parler dès qu'il y a des gens. Ca me fait stresser, mais l'excitation vient du stress, alors j'éclate de rire. Seul.

T+1h05 : J'ai besoin de parler, de continuer à parler, d'extérioriser toutes mes sensations et tout ce que je pense, de créer des paroles justes, qui sonnent "vrai" dans ma tête. Ma méditation à voix haute m'amène sur le sujet de la folie, sur le rapport de l'homme aux autres hommes, et je me surprends à contempler les "autres hommes" dans l'immeuble qui me fait face. Une télé allumée, un couple assis devant, sans bouger. "Comment peut-on s'asseoir tous les soirs devant une télé, alors que le soleil vient à peine de se coucher, et avoir comme seul projet pour la soirée celui de s'endormir tôt, pour pouvoir aller travailler tôt ? Est-ce que j'ai envie de ressembler à tous ces zombies ? Est-ce que j'ai envie de constance ou est-ce que j'ai envie de changement ?"
J'ai envie de m'attacher les cheveux, j'attrape un élastique dans ma poche et commence ma queue de cheval, mais l'élastique casse presque aussitôt. Métaphore qui me parle énormément, je n'ai pas besoin de me contraindre ou de m'attacher, je suis conscient. Je suis libre.

T+1h10 : Je m'adresse à nouveau à l'arbre, mais le visage de l'arbre ne regarde que le mur. Alors, toujours assis sur mon banc, je lui dis : "Eh bien retourne-toi, tourne la tête, regarde l'immeuble derrière-toi et la ville, regarde à quoi ça ressemble". Et l'arbre se retourne, observe, et me regarde avec des yeux tristes. Je lui dis que je sais et que je comprends ce qu'il ressent, et je sens que ma présence ici n'est plus nécessaire. Je me lève et me dirige vers le coeur du parc, prenant conscience que le soleil est couché et que la nuit commence. Le parc commence à être sombre, éclairé par quelques points de lumière. Non loin, sur un autre banc, il y a un couple enlacé. Mais je ne suis absolument pas sûr de l'existence réelle de ce couple tellement ils semblaient immatériels.
Je m'appuie contre une clôture, observant la ville depuis un point plus avantageux. Ici, pas d'immeuble pour gâcher la vue, pas d'autres hommes face à moi auxquels je puisse me comparer, et pas assez de lumière pour que j'observe des visages sur les objets qui m'entourent. Je sors de ma méditation et j'observe simplement la ville, les mille couleurs différentes en mille points différents, et toutes ces couleurs se mettent à danser devant mes yeux.
Ce n'est plus seulement ma vision qui est distordue, mais aussi mon sens du toucher. Je me raccroche plusieurs fois à la barrière parce que j'ai l'impression de tomber en avant, l'impression que le "balcon" sur lequel je me trouve s'effondre en avant. Une sensation curieuse mais pas désagréable, comme je savais que rien de tout ça n'arrivait réellement j'ai accepté ces petits coups de stress comme si j'avais été dans un manège.

T+1h15 : Je décide de bouger de cette clôture. Je me rends compte qu'à chaque fois que je décide de changer d'endroit, ce n'est pas parce que "j'en ai envie", mais simplement parce que "c'est comme ça que cela doit être". J'ai l'impression de suivre un chemin, le chemin que la molécule a décidé de me faire suivre, et que j'accepte ce chemin sans réfléchir parce que je suis en confiance.
Ce voyage dans le parc a quelque chose de féérique, de magique. Je continue à avancer, quand je vois un autre balcon sur ma droite, alors je me dirige vers lui. Les barrières sont abîmées, mais la vue est encore plus belle, et j'ai l'impression de m'être rapproché de la ville par rapport à tout à l'heure, d'être descendu plus près du sol. Ma méditation est cette fois beaucoup plus triviale, proche de ma réalité et de ma personne, je pense surtout à mon propre futur et à mon propre avenir. "Parce que je me suis rapproché du sol, je suis plus terre-à-terre ?" Cette idée, exprimée à haute voix, me fait sourire.
Quelques personnes arrivent derrière moi, je retiens mon souffle et je prie pour qu'elles ne me rejoignent pas sur le balcon. Je tends l'oreille, je les entends passer leur chemin et descendre vers la ville. Je souffle à nouveau.

T+1h20 : Je m'éloigne du balcon et tourne à droite après un arbre. Là, niché au milieu des buissons, j'aperçois un grand homme qui se tient debout dans la lumière. Il semble ne pas beaucoup bouger, d'ailleurs... Je réalise peu à peu qu'il s'agit d'une statue. Je m'approche d'elle, et je remarque aussitôt que cette statue fait face à une allée bordée d'arbres. Au bout de cette allée, il y a un genre d'autel, et des voix parlent "à l'intérieur" de cet autel.
Je n'ai pas trouvé d'image avec la statue, mais c'est à peu près ce décor que j'avais devant les yeux à ce moment-là :
0Odz.jpg
Depuis quelques "étapes", j'ai l'impression de ne pas vraiment décider de mes déplacements, et maintenant que je suis devant cette allée le sentiment est encore plus fort. Je ne choisis pas consciemment de m'engager dans cette allée, mais j'avance parce que c'est mon chemin, parce que je dois le faire. Je m'asseois sur un banc à mi-parcours, n'ayant pas envie de m'approcher plus près de l'autel pour l'instant, mais je sais qu'il faudra que je le fasse à un moment ou à un autre.

T+1h30 : Les visuels commencent à être très violents. Je suis assis sur ce banc, à peu près au milieu de l'allée ; mais elle est comme balayée par un vent diabolique qui déforme les traits et détruit ma perception du monde. La statue se rapproche comme si mon regard avait zoomé dessus, puis elle s'éloigne deux fois plus loin qu'elle ne l'est "réellement"...
Je détourne les yeux et regarde le feuillage des arbres au-dessus de moi. Je comprends alors ce qu'est une vraie fractale, et je comprends aussi comment fonctionne l'attention sous LSD. Le cerveau est tellement concentré sur un détail que tout le reste est comme occulté : en observant le feuillage, je suis bien conscient que je vois aussi le reste de l'allée, le banc et mon sac posé sur mes genoux, mais mon cerveau se focalise sur ce feuillage, le duplique dans tout mon champ de vision et "occulte" l'image de l'allée dont je perçois pourtant toujours l'existence.
Les feuilles dansent, dessinent des formes géométriques, des oiseaux, des animaux, le ciel se fait bleu foncé, rose, rouge vif, puis retour au rose, puis bleu clair, puis à nouveau bleu foncé, tandis que tout le reste de mon champ de vision se déforme et disparaît peu à peu. Je sens que je m'abandonne à cette vision...

T+1h35 : La vibration de mon portable m'alerte et me sort de ma vision d'un coup, il vibre une fois, puis deux, puis dix. Apparemment, mon réseau vient de se réactiver, et tous les SMS de ma copine arrivent en même temps. "Bon bah voilà en septembre on sera CHEZ NOUS." "Allez bonne soirée, je t'aime."
Une vague d'euphorie me submerge et j'ai envie de lui répondre, mais la petite partie de moi qui est encore consciente me dit "Mec, vaut mieux que tu lui parles pas maintenant, t'es en plein trip et tu seras pas capable de parler correctement". À peu de choses près. Alors je décide plutôt de noter ça dans un brouillon et de le garder pour plus tard.
(il y a plein de brouillons que j'ai écrits pendant cette soirée que je partagerai plus loin, mais celui-là je le garde pour moi)
Le message est assez court mais l'écrire m'a rappelé l'existence de mon portable. À partir de ce moment-là, je vais régulièrement écrire de petits mots au fur et à mesure de mon voyage dans le parc, pour me rappeler de mon émotion du moment.

T+1h50 : Après avoir observé ces fractales tout mon soûl, je décide de bouger et de me diriger vers l'autel que j'avais remarqué tout à l'heure. À mesure que je m'approche de lui, les voix se font plus intenses, je n'arrive pas à comprendre ce qu'elles disent mais je sais que ce sont des prières et des hurlements de douleur.
Je touche l'autel du bout des doigts, ce qui rétablit la réalité. Ce n'est pas un autel que je touche, mais une fontaine, et ce que je percevais comme des voix n'était en fait que le bruit de l'eau qui coule sur le sol. Derrière l'autel, j'aperçois un petit escalier, mais j'ai presque perdu contact avec la réalité et l'absence de lumière n'arrange rien : je ne suis même pas sûr que cet escalier existe vraiment. Je m'approche doucement, j'en ai vraiment l'impression pourtant... Je pose le pied sur la première marche, c'est un vrai escalier, je commence à le descendre avec un léger soupir de soulagement.
Quelques marches plus bas, je me rends compte que je suis en train de marcher dans de la terre. J'ai quitté l'escalier, il faudrait que je retourne en arrière pour retrouver mon chemin... En regardant derrière moi, je me rends compte d'une chose : tout le chemin que j'ai déjà parcouru, et qui m'apparaissait flou, obscur et incertain pendant que j'avançais, me semble à présent clair, limpide et vierge de toute déformation. Je comprends quelque chose de très important : je n'ai pas besoin de retourner en arrière pour suivre mon chemin, parce que quel que soit l'endroit où je vais, c'EST mon chemin. Le chemin que j'ai déjà parcouru m'apparaît clair, et celui qui me reste à parcourir me semble sombre, flou et plein de dangers. Pourtant c'est toujours le même chemin ; c'est juste une illusion, qui ne devrait pas m'effrayer.
Je continue à descendre dans le chemin de terre, et je finis par retrouver une route. Nouveau brouillon sur mon portable : "Le chemin parcouru et celui en train d'être parcouru sont plus importants que le but final. Les péripéties sont plus importantes que le dénouement. Ce couple qui s'aime n'a de sens qu'après une longue romance."

T+2h : À force de descendre, je me retrouve sur un chemin assez pentu, qui descend vers la porte secondaire du parc. Quelques jeunes sont assis là, avec une bouteille d'alcool et un bang, je les entends discuter comme s'ils étaient infiniment loin mais je ne les surplombe que d'une dizaine de mètres. Il me semble qu'ils ne m'ont pas remarqué - en même temps, ils semblent bien éméchés et je suis tout de noir vêtu.
J'aurais bien envie d'aller les voir, mais je sens que ce n'est pas ce que je dois faire. J'ai encore des choses à voir dans ce parc et il n'est pas encore l'heure de la fermeture, donc je n'ai aucune raison d'en sortir pour l'instant. Je les regarde quelques minutes (secondes?), puis je rebrousse chemin. Petit déclic dans mon cerveau : depuis tout à l'heure je suis mon chemin, ne serais-je pas en train de retourner en arrière et de dire non au futur ? J'écris ma réponse sur un nouveau brouillon : "On peut vivre de nouvelles choses dans des chemins déjà parcourus des milliers de fois."
D'ailleurs, cette phrase est une boucle à elle toute seule : on peut lui comprendre de nouveaux sens même après l'avoir lue des milliers de fois. Je comprends finalement la beauté de cette phrase à force d'y repenser. On peut découvrir de nouvelles choses même dans la ville où on vit depuis des années. On peut vivre de nouvelles choses même dans une relation que l'on vit depuis des années. On peut découvrir de nouvelles raisons d'être heureux même dans notre quotidien.

T+2h05 : Je me rends compte qu'en remontant la route je suis retombé sur la même statue. L'allée m'appelle à nouveau, comme tout à l'heure. Je m'asseois sur le même banc et me replonge dans la contemplation des fractales...

T+2h10 : À côté du banc, je me rends compte qu'il y a un escalier éclairé, des lumières jaunes qui montent et semblent mener tout droit vers le ciel. Je ne l'avais même pas remarqué la première fois que je me suis assis sur ce banc... "On peut vivre de nouvelles choses sur des chemins déjà parcourus des milliers de fois". Cette phrase résonne encore en moi et c'est avec joie que je m'engage sur l'escalier.
Je remonte peu à peu, de palier en palier, jusqu'à ce que m'apparaisse une immense statue légèrement éclairée, surplombant simplement un bassin. La vision est angélique, presque divine, et je me sens comme affaibli par l'aura de cette simple figure de pierre logée dans son alcôve.
Je m'asseois au pied du bassin, observant la statue comme un enfant regarde sa mère, avec des yeux émerveillés. Heureusement que plus personne ne traînait dans le parc à ce moment-là, sinon je ne sais pas de quoi j'aurais eu l'air...

T+2h15 : Je ne sais plus pourquoi j'ai écrit ça, mais je le reporte quand même : "La vie ne te montre pas les choses trop loin, trop longtemps à l'avance. Elle les met sur ton chemin quand ton chemin peut les supporter et les prendre et c'est à toi de savoir les prendre". Un peu embrouillé.

T+2h20 : Je me lève et je continue de monter, de suivre le chemin. Je me rends compte que mon but, le bout du chemin que je suis en train de suivre, c'est la basilique de Fourvière, l'église qui surplombe le parc dans lequel je me trouve. Toujours cette sensation de ne pas contrôler mon chemin, mais j'ai fini par m'y habituer et je suis bientôt arrivé au sommet. Je ne croise personne, mais à mesure que je m'approche de l'église j'entends des éclats de voix, des gens qui discutent, des enfants qui braillent. La foule, sur l'esplanade de l'église, sans doute.
Plus je m'approche de l'église et plus elle semble fausse, trop lumineuse, trop blanche, et plus je la vois plus je me rends compte que je préférais les jardins et les allées sombres du parc qu'à présent je surplombe. "Le chemin est plus important que le but". Le sens de cette phrase notée quelques dizaines de minutes plus tôt me frappe tout à coup. Je n'ai pas besoin d'atteindre l'église.
Je cesse de suivre mon chemin et m'adosse contre un mur pour reposer mes jambes. Je suis dans un coin sombre, je préfère ça à la vision de cette église blanchâtre presque effrayante d'inhumanité et d'irréalité.

T+2h25 : Des enfants et leurs parents passent devant moi. Quelques enfants me remarquent et ont l'air effrayés. Je ne sais pas vraiment ce qui leur fait peur, mais mon manteau couvre tout mon corps des pieds à la tête, je dois donc avoir l'air un peu étrange. Je n'y fais pas vraiment attention, me contentant de fermer les yeux pour masquer une mydriase que je sais présente.

T+2h30 : "On peut vivre de nouvelles choses dans des chemins déjà parcourus des milliers de fois".
La phrase me heurte, me fait me lever, m'éloigne de ce mur contre lequel je m'étais adossé. Je parcours tout mon chemin à l'envers, jusqu'à la porte par laquelle je suis rentré il y a une heure et demie. Sur le chemin, j'écris quelques brouillons (je n'arrive pas à les replacer dans le contexte malheureusement) :
"Même si nous ne sommes pas sûrs de la nature des choses, cela ne nous empêche pas d'en profiter et d'agir avec elles."
"La folie n'est folie que tant qu'elle n'est pas partagée."
"Exactement comme dans une relation : on a beau avoir le même but, il faut des étapes communes sur le chemin qui y mène, sinon on chemine seul."
Je passe la porte. Maintenant, j'ai parcouru mon chemin.


Le Pèlerinage

T+2h45 : Je suis en train de marcher dans une rue descendante. Sur la droite, un escalier qui descend jusque dans une autre rue, en contrebas. Un couple qui monte, qui s'asseoit sur une marche. Je m'asseois aussi, sur le palier supérieur, et j'observe la ville. La nuit est bien installée à présent, et les visuels aussi. Je vois de brèves explosions de couleur au moindre son soudain que j'entends, et les CEV sont désormais de véritables tableaux mentaux que j'ai bien du mal à dissiper. Je reste assez longtemps sur cet escalier, observant les gens monter et descendre.
Deux mecs passent à côté de moi, je comprends qu'ils parlent de moi et qu'ils ont du mépris à mon encontre, sans doute suis-je assez visible, mais je ne relève pas. Chacun son chemin. Brouillon. "Personne n'est normal, et les anormaux s'évitent entre eux."

T+2h55 : J'observe toujours les allées et venues des gens en contrebas. Brouillons : "Des gens montent et d'autres descendent. C'est leur voie. Et la voie du perché est apparemment de ne plus être accroché à la technologie. Pas mal.
Celle de se croire au centre du monde. Moins bien."
"Le juste milieu.
Ou le haut et le bas à la fois.
Ou la boucle. La Boucle."
(Pour le premier brouillon, je comprends que j'ai fait référence à l'immense défi que représentait le fait d'écrire sur un clavier de téléphone portable alors que j'avais déjà de la peine à voir mes doigts. J'explique aussi ma fâcheuse tendance un peu parano, qui me fait croire que tous les gens qui passent parlent systématiquement de moi.
Pour le deuxième, je crois que je voulais dire qu'on a toujours l'impression d'être au milieu du chemin, jamais au début ou à la fin. Ou si on a le sentiment d'être à la fin, c'est qu'on est en fait face à un nouveau commencement. D'où la boucle. J'avais l'âme un peu poétique et surtout un peu tordue, à ce moment-là.)

T+3h : Je me lève et continue à descendre le long de la route. Je ne me rappelle plus exactement ce que j'ai fait pendant les quelques minutes/dizaines de minutes qui ont suivi, je me rappelle d'avoir beaucoup tourné en rond, incapable de retrouver mon chemin.
Je me rappelle aussi d'avoir évité des groupes de gens.
Je me rappelle avoir écrit ce brouillon : "Se forcer à ne pas faire attention. À ne pas tourner la tête à droite".
Je me rappelle que "tourner la tête à droite" était accroché à un détail très important et que je l'ai écrit pour m'en rappeler.
Je ne me rappelle plus quel était ce détail.
Je me rappelle avoir évité un bar et quelques gens bourrés à la sortie d'une boîte.
Je me rappelle avoir commencé à penser en anglais, par bouffées, certaines pensées étaient intraduisibles.
Je ne me rappelle définitivement pas quel chemin j'ai emprunté.
Mais je me suis retrouvé devant un passage piéton, en face d'un pont, un pont magnifique éclairé par des lampes qui se reflétaient sur mes yeux comme autant de bougies flottant dans les airs. Un pont comme ça, mais la nuit :
roltf.png


T+3h05 : Je m'engage sur le pont. Une fois arrivé au milieu, je me tourne vers la rivière et pose mes mains sur la barrière. Je sens le vent contre mon visage, et je me sens vivant, plus vivant que jamais. Je ressens les mêmes effets que tout à l'heure, l'impression que le pont s'effondre, que la barrière cède sous mon poids, mais je ne me contracte même plus involontairement, j'accepte la sensation, et les vagues de la Saône s'incarnent dans mon esprit sous la forme d'une fractale gigantesque dansant à un rythme effréné.
Des gens passent sur le pont derrière moi, mais ils n'ont aucune idée du film qui se joue dans mon esprit au même moment. Un film bien abstrait et très expérimental.

T+3h10 : Je me relève et finis ma traversée du pont. Je m'asseois à un arrêt de bus et médite à nouveau.
Mais il y a trop de gens qui passent à cet arrêt de bus. Je marche un peu le long du trottoir, puis descends sur les quais de Saône, quelques mètres en contrebas. Je m'asseois sur une barrière, j'ai l'impression de ne plus faire qu'un avec le fer et la pierre.
Sur ma droite, deux hommes avec des lampes. Je crains qu'ils ne remarquent ma présence, même si avec le recul je ne sais pas bien ce qu'ils auraient pu me reprocher. Mais heureusement, ils partent dans la direction opposée. Je me plonge dans la contemplation de la rivière.

T+3h15 : Je me relève et je traverse la route, m'éloignant de la Saône qui m'aura offert de très belles visions, lumineuses. Je me rappelle du chemin que j'ai emprunté, passant par différentes ruelles pour éviter les rues principales, mais ce chemin en soi n'a pas beaucoup d'intérêt. J'ai beaucoup hésité sur la route, ne sachant pas exactement où je voulais aller ni même où j'étais.
Quand tout à coup, je me rends compte.
Je suis sur les pentes de la Croix-Rousse, et j'ai un souvenir très puissant au sommet de ces pentes, un souvenir qui a décidé de remonter à la surface. Je sais où je suis censé aller à présent, j'ai dans la tête l'image de ce square où je dois me rendre. Je sais que je suis loin d'être au bout du chemin que j'ai emprunté tout à l'heure. Je commence mon ascension.

T+3h20 : Je monte quelques volées de marches, quand j'arrive près d'un parc. Je le connais bien ; j'aperçois un banc inoccupé non loin de moin. Je traverse la route, me rendant compte de mon état de fatigue à cet instant précis. Je m'asseois, ouvre mon sac et sors de quoi manger. Pendant de longues minutes je savoure chaque bouchée de ce repas, que je désirais sans m'en rendre compte.

T+3h25 : J'entends le bruit d'un grand chien qui s'approche. J'ai habituellement un peu peur des chiens, mais je ressens à ce moment précis une infinie tendresse à son égard. Il me regarde avec de grands yeux, des yeux pleins de curiosité et de malice. Un coup de sifflet retentit derrière moi, le chien dresse l'oreille et s'éloigne.
Un couple s'installe derrière moi. J'aurai décidément rencontré beaucoup de couples, ce soir-là. Eux aussi promènent leur chien, qui tourne autour de mon banc et joue sur l'herbe. Je le regarde longuement, captivé par ses mouvements et par son apparente joie de vivre.
Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai eu la première de mes hallucinations auditives, des hallucinations qui ont persisté jusqu'à la fin du trip. Un son qui aurait pu sortir d'un dessin animé pour enfants, une voix incompréhensible accélérant au fil de la phrase que j'ai interprété différemment à plusieurs reprises : d'abord comme un "Scrountch scrountch" très grave, ensuite comme un "Mille milliards de mille sabords", ou comme un "Nom d'un schtroumpf, schtroumpf-qui-a-du-flair !", ou enfin comme un "Père Castor, raconte nous une histoire". Totalement incompréhensible, mais il me semble que c'était un mélange de réminiscences de mon enfance qui arrivaient en bloc et qui ont bouclé dans ma tête pendant tout le trip. Ces sons m'ont un peu hanté et se mélangeaient en permanence avec ce que je pensais, parasitant mes pensées. J'en garde un magnifique brouillon :
"Schcrountch schcrountch. L'instant présent est plus précieux que tous les futurs potentiels, père castor, mille milliards de mille sabords !!!"

T+3h30 : Derrière moi, le couple appelle son chien, se lève et s'en va. Une minute plus tard, une voiture de police passe à deux ou trois mètres de moi, sur la route, devant mon banc. J'évite l'eye-contact à tout prix, même si l'absence de lumière aurait suffi à me camoufler. Une peur panique me prend alors, et dès que la voiture de police a tourné au coin de la rue, je ramasse mon sac et monte plus haut dans le parc.
Je me rends compte que depuis tout à l'heure, j'entends une musique que j'ignore consciemment. Un genre de musique tribale, avec des percussions et des chants africains, une musique de transe. Je me dis que je suis dans un rêve et que c'est une grosse hallucination : je suis dans un bosquet, au milieu d'un parc, et à cinq mètres de moi un groupe d'une vingtaine de personnes qui chantent et qui dansent en choeur sur une musique tribale qu'ils jouent eux mêmes, avec quelques percussions et une guitare.
Je m'asseois sur un banc à deux ou trois mètres d'eux. Je n'en crois pas mes yeux et attends que l'hallucination passe : mais la musique tribale fait naître dans ma tête des images, des formes, des couleurs, qui dansent et remplacent progressivement la réalité. Je sens que j'ai toujours les yeux ouverts, mais je ne suis plus conscient de la réalité que grâce à mon sens du toucher. Le reste de mon esprit, lui, flotte loin au-dessus de la ville.

T+3h40 : Je redescends doucement de mon nuage de paix et reprends peu à peu pied dans la réalité. Ils ne sont pas au courant du voyage qu'ils viennent de me faire accomplir, mais je leur en serai reconnaissant toute ma vie. Une idée me vient, je la note rapidement :
"Accorder plus d'importance aux souvenirs et aux sentiments qui s'ancrent dans plusieurs sens à la fois. Synesthésie. Synergie. Émotion. Souvenirs."
Au fur et à mesure du temps, je fais de moins en moins attention à la formulation de mes notes. Je sais que je me comprendrai après être redescendu, et c'est l'essentiel. J'essaie de me communiquer à l'écrit les choses qui me semblent importantes, pour être sûr de ne pas les oublier et pour n'avoir pas trippé "dans le vide".

T+3h45 : Je me rends compte que j'aimerais bien me rapprocher de ces gens, que je trouve si fascinants. Et puis je réalise que je suis encore dans mon trip, dans mon univers. J'écris encore une note : "Je ne veux pas devenir proche de gens avec qui profondément je n'ai rien à voir. Aléouna. Mes vrais amis n'ont rien à".
Je n'ai même pas fini la phrase, mais je comprends ce que j'ai voulu dire. Ce n'est pas parce que je suis fasciné par quelqu'un que nous avons quelque chose en commun et que je dois en oublier la vraie amitié pour autant. Un de mes problèmes affectifs récurrents a été d'oublier de vieux amis pour me concentrer sur d'autres, mon cerveau est en train de me faire comprendre que c'est une erreur. Merci de l'information...
Quand au Aléouna, c'est cette musique tribale qui me hante ; parmi les chants qui arrivent à mon oreille, je n'ai réussi à comprendre qu'un son que j'ai traduit par "Aleouna" ou "Aleïuna". Tant qu'à faire, je le note pour m'en rappeler le lendemain.

T+3h50 : À ma droite, un homme fouille dans une poubelle. Ses yeux m'appellent à l'aide, je me lève et lui parle.
- Quelque chose ne va pas ?
- C'est... c'est les mecs là bas qui chantent, ils ont balancé mon portable dans la poubelle là j'essaie de le retrouver.
Prise de conscience. Ces gens ont beau être fascinants, ce ne sont pas des gens bien. J'essaie d'aider le mec, mais je n'arrive même pas à voir mes propres pieds, alors un portable perdu au fond d'une poubelle...
- Excuse-moi mec, j'aimerais bien pouvoir t'aider, mais je suis pas vraiment...
- T'inquiète pas mon gars, mais fais attention à toi hein ?
- Ou..ouais, toi aussi. Bon courage hein !
Je continue à monter dans le parc, réfléchissant à ce que je viens de voir, puis j'arrive à un arrêt de bus. J'essaie de comprendre où je suis, mais ce n'est pas chose aisée, les lignes de bus et les noms des rues volent au-dessus de la carte sans que je parvienne à me concentrer et lire un nom d'arrêt est déjà très compliqué.
Je n'arrive pas à retrouver l'arrêt sur la carte, mais je laisse tomber : il faut que je monte au sommet des pentes, et je connais à peu près la direction que je dois suivre. Je me tourne vers le haut de la colline, et je me mets à marcher.

T+3h55 : J'arrive sur une place, je reste quelques minutes assis sur un banc non loin d'un jardin. Je suis plongé dans mes pensées, mais les seuls souvenirs qu'il me reste de ce moment-là sont sous forme de brouillons :
"On cherche le bout du chemin sans comprendre qu'il n'y en a pas." <- oui, j'ai pas mal bouclé sur cette histoire de chemin
"Créer une langue, des mots" <- je crois que je m'interrogeais sur le lien entre les mots et les choses, ou plutôt sur la distance qui les séparait
"Avec quels mots le premier être conscient se dit-il qu'il se rend compte de sa conscience ? Il est minuit. Renaissance. Nouveau départ. On devait partir après, gros." <- Pour la dernière phrase, il me semble que c'est un groupe de jeunes qui étaient assis sur des marches à quelques mètres de moi qui l'a prononcée. J'ai dû l'attraper au vol.

T+4h05 : Je vois passer un couple sur une trottinette. Ils ont l'air heureux et je suis heureux pour eux. Ils sont beaux.

T+4h10 : Je me relève et continue à marcher. Le chemin n'est toujours pas très intéressant. Je finis par arriver à un square, je crois que c'est celui que je cherchais et dans lequel je dois me rendre, je cours vers lui, je saute au-dessus de la barrière...
Ce n'est pas lui. Un banc trône à quelques mètres de moi, je m'asseois dessus dépité. (oui, j'ai beaucoup, beaucoup profité des bancs publics ce soir-là)

T+4h15 : Je me rappelle d'un grand voyage mental plein de couleurs, et d'un réveil assez brutal. La langue d'un chien sur la paume de ma main, puis un cri :
- Ooooh ! Au pied ! Laisse le monsieur tranquille !
Je regarde autour de moi, j'aperçois un homme à l'air revêche qui se promène dans le square et finit par s'asseoir sur un banc. J'attends qu'il parte, puis sors mon portable de ma poche pour tenter de comprendre où je me trouve. Apparemment, je suis à quelques centaines de mètres du square que je cherche. Je ramasse mon sac et pars à mon tour.

T+4h25 : À une centaine de mètres de ma destination, je commence à reconnaître les lieux, des souvenirs remontent des profondeurs de mon cerveau.
(Tout comme mon premier brouillon, ça fait partie des quelques souvenirs qui resteront personnels, mais pour vous aider à comprendre c'est l'endroit où nous nous sommes trouvés, retrouvés, l'endroit où nous nous sommes embrassés, avec ma copine. La fille avec laquelle je vais m'installer dans quelques mois. Il y a près d'un an et demi, j'avais oublié mes clés, personne chez moi, on a dû passer la nuit dans ce square... et ça doit être un des souvenirs les plus romantiques de toute ma vie. Mais bref, revenons à l'histoire.)
Je ne sais pas pourquoi j'ai voulu venir à cet endroit précisément, mais je sentais que j'avais besoin de le faire. Une sorte de pacte mystique, de rite quasi sacré. Je pousse le portillon et entre dans le square, m'allonge au même endroit que la première fois, et laisse la paix et le bonheur m'envahir.

T+4h40 : Un quart d'heure, c'est le temps qu'a duré cette méditation. J'ai repensé à tous mes souvenirs de ce lieu, de cette nuit, et je sens à présent que mon voyage est terminé. Vraiment terminé. Pour cette fois.
Brouillon.
"C'est quoi pour toi se sentir vivant ?"
Un déclic se fait dans ma tête, et je sens la descente s'amorcer.

T+4h45 : J'ai laissé les souvenirs du trip m'envahir, et je suis à présent habité par cette musique tribale que j'entendais tout à l'heure. Mes doigts et mes mains dansent sur le bois des jeux pour enfants et créent des rythmes qui évoluent au fil du temps. J'aurais pu passer la nuit entière à me laisser aller, à créer ces rythmes, cette musique, j'étais véritablement en transe.


La descente

T+5h04 : Le seul évènement de cette nuit dont j'aie l'horaire précis. Coup de téléphone. C'est une amie de mon père qui m'appelle. Je panique, je me relève précipitamment, et je réponds avec une voix tremblante :
- Oui allô ?
- Allô ? Ca va pas du tout là, je suis chez toi mais ton grand-père est à l'hôpital et ton père l'a accompagné, t'es où putain ?
Descente express. Le genre de truc qui aurait certainement pu me faire partir en méga bad trip, mais je garde la tête froide et au lieu de partir en bad trip je lutte pour rester concentré.
- Heu... okay, okay, je rentre tout de suite. Je me dépêche, t'inquiète pas.
- Tu vas rentrer comment ? Y'a pas de bus.
- T'inquiète, j'vais rentrer à pied, je... t'inquiète pas.
- Y'a pas de t'inquiète pas qui tienne, je viens te chercher en voiture. T'es où ?
Je lui réponds le plus clairement possible.
- Putain c'est trop galère de monter en voiture jusque là, je viens te chercher à Cordeliers, d'accord ? À tout à l'heure.
Elle raccroche.

T+5h05 : Okay, j'ai pas beaucoup de temps devant moi, je fonce. Je m'arrête à un arrêt de bus, me forçant à rester concentré, et je réussis à comprendre la direction à suivre. Je courais comme un dingue pour arriver le plus vite possible, j'avais peur et j'étais complètement dépassé par les évènements, mais c'est le moment que choisit l'euphorie pour remonter à la surface, et je partis d'un grand rire. Je m'arrêtai même quelques instants pour écrire mon dernier brouillon de la soirée :
"Je me suis jamais senti aussi vivant que ce jour où j'ai réalisé que je l'étais."

T+5h15 : Je m'arrête pour demander mon chemin à des gens. J'appréhende un peu, mais je remarque avec plaisir qu'ils sont complètement perchés ; ils m'adressent de grands sourires et réussissent même à m'indiquer clairement la route que je devais suivre. Rire général, complètement injustifié mais Ô combien agréable.

T+5h30 : Les quinze minutes de course ne furent pas vraiment une partie de plaisir, pas plus que les dix minutes d'attente supplémentaires, mais il fallait bien que cela finisse à un moment ou à un autre. Je suis à présent en voiture avec cette amie, mais les rares fois où elle essaie de me parler, j'ai l'impression de répondre complètement à côté de la plaque - et pas dans la bonne langue, en plus. Je finis par simuler le sommeil, gardant un oeil ouvert en direction de la fenêtre.

T+6h : Arrivée à la maison. Longues explications, semi-engueulade, réconciliation, autant d'histoires de sentiments qui me mettaient très mal à l'aise et qui m'ont semblé durer une éternité. Quelques pleurs, pas les miens, quelques rires, pas les miens non plus. Mais passons sur ce moment, à part lutter contre le trip je n'ai rien fait de bien passionnant pendant ce quart d'heure-là.

T+6h15 : Je n'ai plus aucune idée du timing à ce moment-là. Je sais simplement que je me suis endormi entre T+7h15 et T+8h.
J'ai rempli cinq feuilles d'idées diverses. Je les aurais bien scannées, mais il y a trop de détails personnels (pas mal de noms, notamment) à camoufler, je vais donc juste les retranscrire. J'aimais beaucoup mon écriture à ce moment-là, écrire était comme orgasmique, comme si le crayon avait été le prolongement parfait de ma main, de mon cerveau, de mes intentions. Les mots dansaient comme des fresques primitives et même clean, je dois avouer que mon écriture a un je ne sais quoi de... différent.
Trois feuilles écrites au feutre :
"Je trouve pas de crayon qui soit rouge alors que c'est la couleur que je voudrais donner à ces mots.
JE suis en train de PENSER. Je suis conscient et en ma conscience j'exuple le changement." <- On est d'accord, ça n'a pas vraiment de sens, mais je galérais trop à faire des phrases unies du début à la fin pour prendre le temps de me relire.
"J'ai compris dans quelle direction je voulais aller, mais JE comprends surtout qui je suis à cause de là d'où je viens.
Les sensations, les sentiments, tout ça EXISTE RÉELLEMENT, elles sont même dans la force qui me fait écrire ces mots."
"L'importance du changement
(dans nos vies)
(dans NOTRE vie)
Les changements perpétuels contribuent à nourrir l'harmonie.
(cette phrase est valable pour TOUT.
Je te parle à toi, mec clean qui essaie de comprendre.
LE CHANGEMENT.
Vivre tous les jours la même chose à nouveau avec les mêmes joies que la toute 1re fois."
Deux autres feuilles, encore, mais trop personnelles pour que je puisse en voler des extraits compréhensibles.

Plus tard, j'ai attrapé ma guitare. J'ai joué une bonne demi-heure, ou peut-être n'était-ce que cinq minutes, et des scènes naissaient dans ma tête en se superposant à la réalité. Les marques des cases 15 et 17 étaient en fait deux personnages, un homme et une femme, un couple, et la musique que je jouais n'était que la trame sonore de leur histoire d'amour passionnelle, fusionnelle, la notion d'harmonie n'était même plus importante puisque toute la musique que je pouvais jouer venait du coeur de ces deux personnages.
J'ai fini par abandonner l'histoire de ces deux personnages, la musique que je jouais était la trame sonore d'une guerre, je m'acharnais sur ma guitare, brutalement, violemment, j'entendais les bombes siffler et je voyais la terre brûlée et les soldats courir, les chars avancer et les champignons nucléaires luire dans le lointain.
Je ne faisais même plus attention à mes mouvements, je m'acharnais sur les cordes, un long crescendo qui montait, montait, montait, devenait presque insupportable... J'ai lâché ma guitare, tremblant encore de tout ce que j'avais vu. De tout ce que la musique avait fait naître en moi et de tout le sens contenu dans quelques notes.

J'ai ensuite observé mes draps. Des papillons blancs sur fond violet, répétés sur toute la surface du drap, et qui se sont bien transformés sous mes yeux, allant jusqu'à s'extraire du drap pour monter sur mon jean. J'ai cligné des yeux, et les visuels ont disparu. Je me suis allongé dans mon lit, j'ai eu encore quelques idées étranges dont je ne me rappelle plus, quelques visuels à cause de la lumière de mon ordinateur. Puis le noir. Je me suis endormi.


Réaction post-trip

Alors ce que j'en retire... wow wow WOW. Une expérience à la fois mystique, divine, philosophique, introspective, colorée, fascinante... On peut dire "hallucinante" ? Redécouverte de toutes les sensations presque sans exception, le contact des pieds sur le sol, le vent sur le visage ou dans les cheveux, le goût des aliments, jusqu'à la poussière dans l'oeil, tout ça était vécu comme une phénoménale redécouverte. Mais ça, c'est pour le côté "physique" de l'expérience parce que mentalement...
Mentalement, une grosse claque. Le sentiment d'avoir compris plein de choses importantes, mais un sentiment beaucoup moins "abstrait" que lors de mes précédentes expériences : la preuve, je peux en tirer quelque chose de concret à présent. Le besoin de changement. Le besoin de suivre sa route coûte que coûte, mais surtout de continuer à avancer. J'ai pas encore eu le temps de tout digérer, ça va se faire progressivement, en tout cas ça a été assez dingue (même si j'ai pris pas mal de risques avec le recul).
Et puis il y avait ce sentiment d'être toujours guidé par quelque chose d'autre, de ne pas faire de choix conscients mais de suivre un chemin qui avait été tracé pour moi. Il y avait à la fois du positif et du négatif, de la frustration et de l'excitation, mais j'ai quand même réussi à lutter contre cette "prédestination" à certains moments, donc c'était certainement une illusion.

En tout cas, une voie que j'ai envie d'explorer, mais une expérience assez dure et très forte mentalement, à ne pas mettre entre toutes les mains et à ne pas répéter trop souvent.
 

Lumenis

Matrice périnatale
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25 Avr 2014
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Super récit, qui se lit d'une traite :D

On se rend parfaitement compte à travers tes mots de l'expérience que ça a été pour toi.

Mais simple petite question: avec le recul, est-ce que tu considères que ce trip t'as ouvert de nouvelles perspectives (mentales et intellectuelles, c'est-à-dire des points de vue nouveaux, des pensées inédites etc...) ou alors ça plutôt "décuplé" les pensées et idées que tu avais déjà avant le trip?
Parce que je me suis rendu compte que tu as eu les "mêmes" réflexions concernant la place de l'homme dans le monde, la "relativité" de la Vie, le rapport à autrui etc... que j'ai pu avoir à plusieurs reprises (mais sous l'emprise d'aucun produit), et vu que je prévois mon premier trip pour dans pas longtemps, ça pourrait être intéressant d'essayer de pousser ces pensées à leur paroxysme (si toute fois on peut réellement diriger son trip).

Enfin bref, c'était super agréable de te lire.
 

Procyon

Glandeuse pinéale
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29 Mar 2014
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Lumenis a dit:
Mais simple petite question: avec le recul, est-ce que tu considères que ce trip t'as ouvert de nouvelles perspectives (mentales et intellectuelles, c'est-à-dire des points de vue nouveaux, des pensées inédites etc...) ou alors ça plutôt "décuplé" les pensées et idées que tu avais déjà avant le trip?
Un peu compliqué de répondre à cette question, je pense que les deux réponses sont valables. Sur certains points j'ai eu des réflexions que j'aurais pu avoir clean (toute la partie de réflexion dans les Ruines, par exemple, ou le début du Chemin), mais globalement les points de vue que j'adoptais et surtout les liens que je tissais entre les différentes idées étaient entièrement nouveaux. J'ai rapproché pas mal de notions qui, clean, me seraient apparues comme trop éloignées pour faire des parallèles ; c'est une particularité de mes réflexions de trippé, je rassemble tous les concepts, je tisse une gigantesque toile et chaque idée est reliée à des dizaines d'autres. (bon, j'imagine que c'est un peu la même chose pour tout le monde, mais je veux pas généraliser)
Après, avec le recul, je crois surtout que toutes ces "idées" que j'ai gardé du trip m'ont donné plus de confiance en mes choix et plus de désir de changement. Avant ça, j'avais encore des doutes sur mes désirs réels, sur la pertinence de mes choix pour l'avenir etc... Depuis que j'ai fait ce "pèlerinage", je suis absolument sûr que c'est ce que j'ai envie de faire. J'ai pas digéré tous les détails de mon trip encore, mais pour moi c'est le truc le plus important.

Lumenis a dit:
Parce que je me suis rendu compte que tu as eu les "mêmes" réflexions concernant la place de l'homme dans le monde, la "relativité" de la Vie, le rapport à autrui etc... que j'ai pu avoir à plusieurs reprises (mais sous l'emprise d'aucun produit), et vu que je prévois mon premier trip pour dans pas longtemps, ça pourrait être intéressant d'essayer de pousser ces pensées à leur paroxysme (si toute fois on peut réellement diriger son trip).
Je me suis lancé dans ces pensées assez rapidement, vers T+10/T+15, et je crois que c'était quelque chose de totalement conscient qui a orienté toutes mes réflexions pour la suite du trip. Mais après, je n'avais pas prévu grand chose : j'étais juste parti m'installer dans les ruines romaines, en me disant que ce décor pouvait être assez intéressant pour un trip, je n'avais rien prévu d'autre après et tout ce qui s'est passé à partir de T+40mn était complètement improvisé : le chemin, le pèlerinage... Donc c'est possible d'orienter son trip, mais je pense qu'on est toujours plus ou moins surpris par la tournure qu'il peut prendre.

Lumenis a dit:
Enfin bref, c'était super agréable de te lire.
Merci à toi ! C'est avec plaisir que je partage ces trip reports, et puis avoir une trace écrite m'aide aussi à réfléchir dessus et à me rappeler des détails. :)
 

Tisalut

Holofractale de l'hypervérité
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Yeah super Tr !! Très gréable à lire, et super complet ! Merci du partage mec !
Entre ça et ton trip au LSA t'aime bien les situations un peu tendues en fait non :mrgreen: ? Fallait oser sortir en ville avec 180µg dans la tête, pour une première c'était audacieux, cool que ça se soit bien passé !

C'est vraiment sale le coup du grand père par contre... en plein trip bordel... il va bien du coup ?
C'est tombé pile au mauvais moment quand même... ça a dû être très dur de gérer le truc, surtout de devoir avoir du contact social avec des membres de ta famille...
C'est bizarre que le trip n'ai duré que 6h, perso avec l'acide je peux pas m'endormir avant au moins 15h, et ça bouge pendant plus de 12h. Mais ça dépend des gens évidement.

Sinon ouais les réflexions philosophiques c'est presque inévitable avec le LSD, déjà que tous les psychédéliques tendent vers ça, avec cette molécule c'est flagrant. Tout est remis en question, sauf si t'arrives vraiment à mettre tes pensées en pauses, mais quand t'es tout seul c'est presque mission impossible, et puis de toute façon c'est toujours bon de prendre du recul sur les choses, tant que ça n'en devient pas badant.

Encore merci du partage :heart: !
 

Procyon

Glandeuse pinéale
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29 Mar 2014
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Tisalut a dit:
Entre ça et ton trip au LSA t'aime bien les situations un peu tendues en fait non :mrgreen: ? Fallait oser sortir en ville avec 180µg dans la tête, pour une première c'était audacieux, cool que ça se soit bien passé !
Pour la première au LSA j'avais un peu déconné, surtout au niveau transports en commun. Là j'étais un peu mieux préparé quand même malgré quelques imprévus : la capuche de mon manteau qui couvrait la moitié de mon visage, des lunettes, une bonne connaissance du quartier... et puis un aprèm de semaine au milieu des vacances scolaires, j'ai de toute façon pas croisé grand monde.
Après c'est pas par amour du risque que je fais ça (heureusement d'ailleurs), c'est surtout par intérêt pour les situations originales. C'était pas tant pour "sortir en ville" que pour avoir un décor intéressant et propice à un trip différent de ce que j'aurais pu avoir en restant chez moi sans objectif précis ! (parce qu'entre les ruines romaines et les jardins mal éclairés de la cathédrale, le tout en pleine nuit, ça a quand même bien orienté mon voyage)

Tisalut a dit:
C'est vraiment sale le coup du grand père par contre... en plein trip bordel... il va bien du coup ?
C'est tombé pile au mauvais moment quand même... ça a dû être très dur de gérer le truc, surtout de devoir avoir du contact social avec des membres de ta famille...
Oui oui, il nous a fait bien flipper et il est resté 2 jours sous oxygène mais il est déjà sur pied. Plus de peur que de mal donc ^_^
Mais oui c'était vraiment la mauvaise nouvelle, j'suis quand même content d'avoir réussi à ne pas plonger dans le bad total (pour les pupilles de 30cm de diamètre, personne m'a fait la moindre remarque, donc j'imagine que les lunettes ont bien aidé... mais c'est vrai que tenir la discussion avec le paternel était assez difficile).

Tisalut a dit:
C'est bizarre que le trip n'ai duré que 6h, perso avec l'acide je peux pas m'endormir avant au moins 15h, et ça bouge pendant plus de 12h. Mais ça dépend des gens évidement.
Oui c'était assez court mais c'était quand même plus de 6h, je dirais 7h30 ou 8h... c'est juste qu'à partir de 6h15 (quand je suis rentré dans ma chambre) j'ai arrêté de regarder mon portable et je peux pas trop me baser sur ma perception du temps pour minuter tout ça. Après mes trips ont jamais été super longs pour l'instant (3 expériences au LSA, et jamais plus d'une dizaine d'heures malgré des dosages pas légers)... mais bon, un jour je me mangerai un trip de 16h et je comprendrai pas ce qui m'arrivera haha.

Merci à toi pour ta réponse !
 

Dr.No

Matrice périnatale
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Salut, je suis de Lyon aussi, et j'avoue que la foret sous fourvière, seul, de nuit et avec un carton dans le bide, ça m'aurai rendu fou !
Et vu que d'autres se sont permis de déborder sur ton TR au LSA, j'en proffite pour rajouter que la Part dieu et les transports en communs sous hallus j'aurai pas pu non plus :paranoid:
 

Procyon

Glandeuse pinéale
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Lemineur

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Très beau TR ! Merci de m'avoir donnée la possibilité de le lire :)

+1 pour le questionnement sur le but de l'Humanité , c'est une question qui me revient souvent...

Bonne nuit
 

Jah'Aum

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Ca devait être formidable à vivre. Un voyage plein de découverte et d'observation !
 

Grammi

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Petit déterrage de TR, mais je voulais te remercier. Vraiment. Merci beaucoup.

Ton TR m'a fait réfléchir sur ma situation actuelle (on rapporte tout à soi c'est fou :lol: ). J'suis dans une période qu'on pourrait qualifier de "transition" dans ma vie, énormément de changement de prévu mais aussi beaucoup d'imprévu. Et ça, ça fait peur, trop peur même.

Mais grâce à ton TR (magnifiquement bien rédigé, chapeau !), tu as réussi à me transmettre cette idée de continuer à avancer tout en gardant "espoir" si j'puis dire. D'arrêter de regarder constamment le passé et le regretté.


Encore merci Procyon.
 

Vengenza

Matrice périnatale
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Ouah ! Franchement très très beau récit, très bien écrit,

on peut même visualiser les scènes, Génial !

Belle expérience en tout cas haha ^^
 

Stylo 2.0

Holofractale de l'hypervérité
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Ah galère, je tombe dessus un an plus tard.

Très très agréable à lire, et documenté par des brouillons au fur et à mesure, on peut suivre la progression avec le temps indiqué à chaque fois, il y a des titres aux parties... des fois je me demande si c'est pas mon influence avec mon sticky "Rédiger des Trip Reports", parce que je vois pas mal de TRs organisés, ces temps-ci, plus qu'avant. Quoi qu'il en soit, hyper agréable à lire.

Je me suis beaucoup reconnu dans la danse mentale des débuts : "Que penser du monde et de la nature ?" avec ces questions sur la notion de chemin, et les pensées amplifiées à tout bout de champs.

Ce trip a été hyper bien vécu vu le contexte. Le pélérinage au square de la nuit amoureuse est vraiment cool, y'a le retour aux sources qui s'est fait, tout ça a du sens. D'ailleur l'image du couple est très présente, depuis les amoureux sur les bancs publics jusqu'aux cases 15 et 17 de la guitare qui vivent leur histoire d'amour.

La partie en famille est un vrai trou noir dans le récit. On comprend que tu ne vas pas raconter ta vie privée sur un forum... mais dans ce cas, pourquoi parler aussi bien de ta copine et aussi difficilement de tes parents/assimilés ? Il y a une zone d'ombre par là.

En fait je vais te dire à quoi j'ai pensé en lisant ton TR : j'aurais voulu me balader au même endroit et tomber sur toi, ça m'aurait fait du bien d'avoir des nouvelles de la fractale par quelqu'un qui respire dedans comme il faut.
 

Grub Killer

Matrice périnatale
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Vraiment sympa a lire ! On ressent bien l'intensité de ton trip dans ta façon d&#8217;écrire se TR .
 

Procyon

Glandeuse pinéale
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Ca fait bien longtemps que je n'ai pas fait un tour sur Psycho, je viens seulement de voir ces réponses.

Grammi, je suis très heureux d'avoir pu t'aider, ne serait-ce qu'un peu, surtout par le biais d'un simple TR. Le changement est à la base de l'existence, je me doute qu'il est un peu tard pour ce genre de conseils mais ton passé est un immense inventaire d'expériences, bonnes comme mauvaises, que tu dois regarder avec intérêt et pas cacher sous le tapis pour qu'il te soit utile dans ton avenir. Courage.

Stylo, je vais te faire plaisir : c'est de ce topic que je me suis inspiré au moment d'écrire mon tout premier TR, même si j'ai toujours (même bien avant Psychonaut) cherché à rédiger des textes agréables à lire c'est ton texte qui m'a guidé pour l'écriture de mes premiers reports et cette manière d'écrire me suit depuis lors.
Encore aujourd'hui, je considère ce trip comme un des plus intéressants qu'il m'ait été donné de vivre, pas parce qu'il était particulièrement agréable mais surtout parce qu'il était complet. Je n'ai presque jamais ressenti de connexion aussi puissante entre mes pensées et mes perceptions, content que ça se sente dans le texte (et dans ton "analyse") !
Je ne sais pas pourquoi j'ai autant évité les parties du récit qui concernaient ma famille. Elles ne servaient pas vraiment le récit, et j'étais trop en marge de la réalité et plongé dans mes pensées pour vraiment assimiler tout ce que me disait le monde extérieur. Même pendant la longue discussion avec mon père, j'ai plus subi que conversé, mes yeux se perdaient dans le vague pendant qu'il alignait des phrases trop longues pour que je me les rappelle entièrement d'un seul coup, je me concentrais sur mon coeur, sur ma respiration, sur la douce respiration des murs de la pièce... et c'est à peu près tout. Je serais incapable de te dire ce qu'il m'a dit, et c'est la même chose pour les autres conversations avec d'autres étrangers au trip. Ma copine, elle, en était un sujet et non des moindres, comme tu l'as remarqué on remarque l'influence de la notion de couple partout dans le trip... et puis, elle est au courant de mes loisirs psychédéliques et de l'existence de ce TR, qu'elle a entièrement lu d'ailleurs ; je ne m'en veux donc pas de parler longuement d'elle !
En tout cas, ce genre de rencontres seraient fort intéressantes... Surtout pendant mes trips solo, je n'ai jamais (sauf en festival, mais ça ne compte pas vraiment) eu l'occasion de rencontrer un autre psychonaut sans le chercher, au hasard de mon chemin. Pour l'instant :)
 

SiamTrihofmman

Matrice périnatale
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24 Mai 2016
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4
Wahou, vraiment super ton TR, Merci de l'avoir partagé.
J'ai vécu à Lyon et je dois dire que ça l'a rendu d'autant plus immersif.
J&#8217;espère avoir un jour la chance d'en vivre un aussi intéressant mentalement!
 

dutchturkey

Neurotransmetteur
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27 Juil 2016
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Deuxième TR que je lis de toi et toujours aussi fascinant de te lire.
Tes brouillons et écrits retranscrivent parfaitement, à mon avis, ce qu'on peut ressentir sous LSD.
Merci pour ce TR en tout cas
 
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