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[Psilocybe Cubensis / 2,5g] De la fumée dans la forêt

Procyon

Glandeuse pinéale
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29 Mar 2014
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Un TR certainement un peu bordélique et chronologiquement assez aléatoire, déjà parce que j'ai attendu plusieurs jours avant d'écrire ce TR et ensuite parce que les souvenirs de base n'étaient déjà pas glorieux. Mais j'avais besoin d'écrire quelque chose à propos de cette expérience, une des plus intenses de ma vie (même si cela fait relativement peu de temps que je prends des psychédéliques).
Ne soyez pas surpris par son manque de "profondeur", ce fut une expérience bien plus visuelle et sensorielle que mentale. N'ayant pas l'habitude des champignons (c'était la première fois que j'en consommais), je ne sais pas si c'est habituel ou si cela peut beaucoup varier.


Contexte

Le festival World Trance, à Alès, le week-end dernier. J'ai pris le champignon un peu après 23h, mais mon histoire commencera beaucoup plus tôt pour bien contextualiser mon rapport avec mes compagnons de trip et mon état d'esprit à ce moment-là.
L'unique champignon que j'ai consommé pesait environ 2 grammes et demi (sachant que je pèse 50kg), une dose moyenne, surtout qu'un champignon seul contient en moyenne moins de psilocybine que plusieurs champignons pesant exactement le même poids. J'ai évidemment modifié les prénoms des personnes apparaissant dans cette histoire.


Le calme avant la tempête

Vous pouvez passer ces deux premières parties de pure contextualisation si vous êtes pressé et que vous voulez lire directement le contenu de mon trip, mais je pense qu'elle fait partie de ce récit au même titre que la prise proprement dite.


12h00 : J'arrive à la gare de Lyon Part-Dieu, seul, un peu crevé ; la nuit n'a pas été très bonne. Je devais me rendre au festival avec un pote de ma fac, mais il avait dû annuler au dernier moment pour des raisons obscures qui ne nous importent que peu dans le cadre de ce TR. Une grosse heure de train pour Nîmes, et pas mal d'attente avant de prendre ma correspondance.

13h30 : Je fume une clope pour patienter, tout en mangeant un sandwich acheté dans une boutique de la gare. La nausée me prend d'un coup, sans raison, je n'ai que le temps de ramasser mon sac et de courir aux toilettes avant que l'envie de vomir n'abatte mes défenses. Quelques minutes plus tard, je ne sais toujours pas ce qui s'est passé, mais je me sens beaucoup mieux. Je décide de ne pas m'inquiéter et de ne plus y penser, histoire de ne pas gâcher la journée... et surtout pas la soirée, qui s'annonce épique !

14h00 : Je monte dans le train. Je suis presque tout seul dans ma voiture, mais les gens commencent à y monter à un rythme soutenu et je me retrouve rapidement entouré de festivaliers. Alors que je comptais me reposer un peu, histoire d'être en forme pour la dernière étape du voyage, je me retrouve à discuter avec un groupe de cinq personnes, un peu plus âgées que moi d'un ou deux ans ; Arnaud, Arnaud, Arnaud, Lisa et Marie.
(Les trois gars avaient le même nom, et j'ai tenu à conserver cette "particularité" pour la suite de l'histoire... c'est surtout parce que je serais incapable de réattribuer leurs actes aux bons Arnaud, mais ça n'a pas beaucoup d'importance de toute façon.)

14h45 : Nous arrivons à Alès. J'ai décidé de rester avec le petit groupe pour l'instant, au moins pour le voyage jusqu'au site du festival ; marcher 1h30 à 6, c'est quand même bien plus sympa que de marcher 1h30 tout seul. La première mission est de trouver un bureau de tabac et une supérette, pour faire des provisions de tabac et de nourriture. Au bout d'une dizaine de minutes, nous atteignons notre but, et décidons de nous poser sur un banc, le temps que ceux qui doivent faire des emplettes les fassent.

15h10 : Tout le monde en a fini, mais le bus pour Méjannes-les-Alès ne passe qu'à 17h40. Nous décidons de marcher à pied jusque là-bas ; il y en a pour une petite heure et demie, au soleil... Personne n'a rien à y redire.

15h30 : C'est la pause roulage pour tout le monde ! Nous marchons depuis 10 minutes le long de la rivière du coin (le Gardon d'Alès, me dit Google Maps), un peu moins vite que ce que nous avions prévu... mais il fallait s'y attendre.

16h50 : Nous arrivons enfin sur le parking du Parc des Expositions. Il est déjà bondé, et nous décidons d'aller nous poser dans un champ un peu plus loin en attendant l'ouverture des portes. Les concerts doivent commencer à 18h, nous avons largement le temps de nous poser un peu avant d'y aller.

17h30 : Arnaud me dit qu'une de ses potes vend des tazs, qu'il les a déjà testés et qu'ils sont excellents. J'étais à court de MD à ce moment-là, et comme le Dantesk arrivait deux jours après je n'ai pas résisté longtemps à la tentation de refaire un peu mes stocks. Je me lève donc, l'accompagne jusqu'au parking, et cinq minutes plus tard je me retrouve avec deux Gold 200mg dans la poche.

18h00 : Nous nous dirigeons vers l'entrée du festival, car la queue commence à vraiment s'allonger. Une dizaine de mètres devant nous, se trouve la sécurité, et avec elle le début des péripéties...


Les nuages

18h10 : Nous sommes quelques rangs derrière la sécurité, une poignée de minutes seulement nous séparent des concerts. Tout à coup nous entendons gueuler, juste devant nous : "Ils vérifient les tabacs !" C'est la panique, je réussis simplement à sortir mon champignon et ma weed de mon tabac pour les glisser dans ma poche, mais il y reste d'autres pochons que je n'ai pas le temps de dissimuler. Je fais en avant un pas mal assuré.
L'agent de sécurité palpe méticuleusement chacune de mes poches, et s'arrête au moment où il touche mon tabac.
- C'est quoi ça ?
- Du tabac.
- Donne-le moi.
Je tends ma main vers ma poche et lui donne le paquet. Mon coeur bat à cent à l'heure.
Il entrouvre le tabac.
- C'est vraiment du tabac ?
- Bah oui.
- Y'a pas de drogues dedans ?
- Bah non.
Il me rend le tabac et me dit de passer.

(ça aurait presque eu sa place sur le topic des histoires improbables, mais j'ai préféré le mettre directement ici)

18h20 : Nous avons réussi à nous rassembler... ou presque. Les filles avaient imprimé deux fois la même place au lieu d'imprimer chacune la leur, du coup Marie et Arnaud sont restés à l'extérieur pour essayer d'arranger la situation. Les attendre paraissant être trop long, nous décidons de nous rendre directement devant la musique.

18h30 : Nous sommes devant le premier set : Lovpact. Ca envoie bien, nous réussissons à poser nos sacs à nos pieds et commençons à danser. La weed commence à tourner à partir de maintenant, et le fait que nous avons fumé toute la soirée peut peut-être expliquer - au moins en partie - la longueur et l'intensité de l'expérience que j'ai ressentie avec un seul champignon.

18h45 : Les gens de notre groupe qui perchent à la MD (presque tous, en fait) exécutent tour à tour leur petit rituel. Sentant la fatigue de la nuit arriver et n'ayant pas prévu de prendre les champignons avant plusieurs heures, j'avale un minuscule para de speed afin de tenir la distance. Acte non RDR et impulsif au possible : ne faites pas ça chez vous.

19h00 : C'est le début du set de X-Noize, et c'est toujours aussi bon. Je n'ai rien de particulier à raconter jusqu'au moment du drop, sinon que nous avons retrouvé nos deux compagnons égarés et que tous les concerts étaient globalement bons. L'enchaînement Seven Monkeys/Capital Monkey m'a littéralement mis une grosse claque, d'autant plus que le son était de qualité, où que l'on soit dans la salle.


La tempête

T-20mn : Il est 23h, c'est la fin du set de Capital Monkey, et nous avons décidé de faire une pause pour boire, manger, se calmer, pour faire simple : récupérer. Nous nous dirigeons vers l'extérieur, le temps est couvert mais il ne pleut pas encore. Nous décidons donc de nous installer dans l'herbe derrière la chillout, sortons nos provisions et... nos pochons.

T-15mn : Nous grignotons et buvons un peu, mais personne n'a vraiment faim. Il commence à faire froid, donc nous décidons de ne pas nous éterniser et de partir quelques minutes plus tard.

T-0mn : Je sors mon champi de ma poche et le déballe soigneusement. On m'avait dit que le goût des champis était atroce, à vomir, personnellement je l'ai trouvé très agréable, avec des petites saveurs forestières (peut-être un peu de noix ?) pas dérangeantes du tout. Il me faut quelques minutes pour tout mâcher et avaler, puis nous décidons de nous rapatrier à l'intérieur.

T+10mn : Nous sommes maintenant installés à l'intérieur, vers le fond de la salle, en train de fumer et de grignoter... la même chose qu'à l'extérieur en somme, mais au chaud et en musique. Je me sens un peu perché sans l'être, sûrement un effet placébo, en tout cas quelque chose de très subtil.

T+30mn : Le set d'Infected Mushroom commence dans dix minutes et la montée pointe le bout de son nez, très brusque. La montée ne prend pas son temps, elle n'est pas polie, elle m'apprend vite à quoi je dois m'en tenir pour les quelques heures à venir. Elle me montre que c'est moi qui suis chez elle, et non pas elle qui est chez moi. Quelques minutes auparavant, je me sentais comme sobre, et maintenant des filtres s'appliquent à ma vision, les visages respirent et se déforment, les motifs psychédéliques du plafond commencent à onduler.
Ma respiration est étrange, je ne suis pas vraiment sûr d'être en train de respirer, comme si quelqu'un bouchait mon nez... alors que dans la réalité, l'air arrive sans problèmes jusque dans mes poumons. Un peu comme dans un rêve.
Des motifs incroyables se superposent à ma vision. Les lumières de l'intérieur projettent des couleurs étranges sur les murs, sur les gens. Ma vision se floute, les filtres qui se placent entre moi et le réel changent à chaque battement de paupière et je suis incapable de me les rappeler tous. Mais, en vrac, dans mes souvenirs, il y a :
- Un moment où je voyais le monde avec des contours ultra accentués, des lignes noires autour des objets comme on l'aurait vu dans un cartoon
- Un moment où tous les points de mon champ de vision étaient "diffusés" autour d'un point central
- Un moment où ma vision semblait "brûler", les couleurs étaient dans les rouges et les objets se déformaient comme des flammes

T+40mn : Ca y est, c'est le début d'Infected Mushroom, il faut se lever et bouger. Nous nous dirigeons vers l'avant de la salle, le champignon commence à m'emporter dans son monde, ma vision de la réalité est extrêmement déformée... mais dans le contexte, cela n'est pas extrêmement visible, la salle est sombre et le seul détail visiblement altéré se trouve sur scène, le chanteur et le claviériste ne sont que deux taches floues qu'il est difficile de reconnaître.

T+45mn : On me passe un joint, et pour la première fois depuis le début de la montée, je peux inhaler de la fumée. La sensation que cela me procure est indescriptible, et elle est apparue en une fraction de seconde. Je sens la chaude caresse de la fumée contre ma gorge, puis cette caresse se mue en la manifestation d'une existence, il y a des mondes entiers cachés au fond de ma gorge, et même si je sais très bien que c'est une illusion je profite autant que possible de cette sensation plus qu'unusuelle.

T+1h00 : Je connais très bien la discographie d'Infected Mushroom, alors de chaque transition résulte une bouffée de bonheur. Sous champis devant Infected Mushroom, mon setting idéal, surtout pour une première (j'ai toujours aimé les situations un peu risquées... ce n'est pas nouveau).
Les hallucinations sensorielles ("buccales" ?) ne font que croître en intensité, je commence à avoir également des hallucinations gustatives. Le goût du champignon qui revient sur la langue, puis qui se métamorphose en d'autres saveurs : des senteurs de la forêt principalement, pas mal de fruits également. Je m'en amuse quelques minutes, jouant avec ces goûts et avec la musique. Le tout saupoudré de savoureux visuels, que je goûte en promenant mon regard sur les décorations psychédéliques de la salle (un gros point fort de cette soirée).

T+1h20 : Je discute quelques minutes avec l'un des Arnaud, on se trouve pas mal de points communs, on discute de nos perches respectives... toujours en profitant de la musique, Infected Mushroom relevaient vraiment de la tuerie. Il a pris en même temps que moi un buvard de 25i-NBOMe, et sa soirée s'annonce plutôt bien. Le manque d'eau commence en revanche à se faire sentir, il faudra bientôt retourner aux toilettes histoire de remplir nos bouteilles.

T+1h30 : Je me rends compte que je mâche automatiquement, mes mâchoires sont pas mal contractées, un peu comme si j'avais pris de la MD. Mais depuis combien de temps, au juste ? Ma notion du temps est complètement hasardeuse, je suis incapable de dire si je suis au début ou à la fin de la soirée, je regarde l'heure régulièrement pour l'oublier quelques secondes après... et tout ce qui ne fait pas partie de la soirée a totalement disparu de mon cerveau. Ma copine, mes amis, je ne me rappelle que de quelques grandes lignes, de quelques prénoms, mais suis incapable de me rappeler du moindre détail de ma vie. J'ai l'impression que mon existence entière n'a été que cette journée, voire une fraction de cette journée, et je ne me rappelle de tout le reste que comme on se rappelle d'un rêve après son réveil.
Ca aurait pu devenir méchamment badant, de réaliser que j'avais oublié, tout oublié. Mais devant mon incapacité à me rappeler tout cela, je décide que ça n'a pas d'importance, que le trip n'aura de toute façon qu'une longueur finie et que mes souvenirs "disparus" réapparaîtront sans que je m'en rende vraiment compte d'ici une poignée d'heures. Je reprends le contrôle, en somme.

T+1h40 : Mes mâchoires, en revanche, m'inquiètent de plus en plus. J'ai l'impression que mes dents tombent, je déplace ma langue le long de mes dents pour juger de leur état, mais les hallucinations sensorielles reprennent de plus belle. Ce ne sont pas mes dents que je touche du bout de la langue, c'est une immense muraille qui sépare deux mondes, deux univers : le monde réel et celui qui prend place dans ma bouche. Quelques secondes plus tard, j'ai l'impression de me réveiller... Je me rends compte que je suis parti dans les méandres de mes pensées, et que ces quelques secondes ont suffi pour me faire perdre complètement le contact avec la réalité. Et avec tout ça, je ne sais toujours pas dans quel état sont mes dents... si j'en crois ma langue, elles sont en train de tomber, de se déchausser, je sens quand je serre les dents de petits bouts d'émail tomber dans ma gorge.
Je me "réveille" deux ou trois fois, à nouveau. Le trip est extrêmement intense, je ne fais plus attention ni à ma respiration, ni à ma station debout, et j'en serais de toute façon bien incapable ; je dois une fière chandelle à mon inconscient, décidément. En désespoir de cause, je décide de passer mon index sur mes dents, m'attendant à un carnage indescriptible... Mais mes dents sont normales, en parfait état, et je réalise à cet instant précis la puissance et surtout le "réalisme" de ces hallucinations sensorielles.

T+1h45 : Moi et le même Arnaud, nous finissons par bouger en direction des toilettes. Pour éviter une partie de la foule, nous décidons de passer par l'extérieur, et je retrouve... un pote de promo, dont je n'étais pas au courant de la venue. Nous discutons une bonne dizaine de minutes. Arnaud me motive pour aller remplir nos bouteilles rapidement, donc nous nous disons à plus tard...

T+2h00 : Les toilettes, c'était un peu le lieu sans visuels : trop blanc, trop propre, la psilocybine n'arrivait pas à me faire voir des choses sur ces surfaces blanches et dénuées de vie. Je remplis rapidement les bouteilles et vais retrouver Arnaud derrière, je ne l'ai quitté qu'une minute mais je me rappelle de la peur de le perdre (et de me retrouver seul) qui m'a tout à coup assaillie. Nous nous retrouvons, et nous repartons vite en direction de nos compagnons.

T+2h10 : Nous retournons devant Infected Mushroom, mais moi et Arnaud commençons à être fatigués et deux autres membres du groupe sont déjà partis faire un tour. Nous décidons de migrer quelques minutes vers la chillout, à l'extérieur. La pluie a commencé à tomber, à présent ; nous nous réfugions rapidement sous les tentes et trouvons un espace vide.

T+2h15 : J'ai toujours un joint dans ma main et un monde parallèle dans la bouche. La partie de moi ancrée dans le réel, celle qui aime analyser et expliquer les choses même au beau milieu d'un trip, commence à comprendre ce que je ressens. La brûlure de la fumée sur ma gorge me donne l'impression que quelque chose "agrandit" ma gorge, la sensation de chaleur se propage, mon imagination fait le reste en me faisant ressentir une forêt tropicale... à l'intérieur même de mon corps. Je suis incapable de localiser cette "forêt", véritable univers parallèle siégeant dans ma bouche pendant quelques courtes secondes, le temps que la fumée s'échappe et que je reprenne contact avec la réalité. Mais ce qui est sûr, c'est que cette sensation est aussi agréable que déroutante.

T+2h30 : Nous décidons de bouger de la chillout, histoire de profiter de la fin d'Infected Mushroom, mais nous n'avons pas la foi de retourner à l'avant de la salle alors nous nous posons quelque part à l'arrière. La situation, au niveau des mâchoires, a un peu évolué : j'arrive à me contenir et à m'empêcher de mâchonner dans le vide, mais dès que j'inhale de la fumée je m'éloigne de la réalité et je recommence à contracter. Pour m'empêcher de serrer les dents, je n'ai d'autre solution que de bouger la mâchoire en permanence ; si elle reste immobile trop longtemps, je perds toute information sensorielle, et je serre sans m'en rendre compte. Je me retrouve donc assis au fond de la salle, avec un pote rencontré le jour même, à bouger les mâchoires de droite à gauche. Si la salle avait été éclairée, j'aurais sans doute eu l'air bien attaqué...

T+2h40 : C'est le début du set de Lunarave, et c'est à partir de ce moment-là que ma notion du temps va complètement disparaître. Je suis incapable de dire ce qui a duré une demi-heure et ce qui n'a duré que quelques secondes. Je sais juste que ma vision, ma perception de l'univers ont passé au moins deux heures à se distordre, les murs de la salle "respiraient" comme de gigantesques poumons, les visages s'élargissaient, tanguaient, gonflaient, et les couleurs clignotaient dans un formidable ballet imaginaire. La musique de Lunarave m'a emporté au firmament de l'expérience, et celle d'Angry Luna a ramené mon esprit sain et sauf au sein de mon corps physique.
Ce résumé est trop bref et trop imparfait, mais comme je n'ai pas bougé de là pendant plus de deux heures je n'ai pas vraiment de détails "réels" auxquels me raccrocher pour minuter le tout. C'était intense, et c'était beau. Les visuels des champignons sont particuliers, très particuliers, même s'ils peuvent au premier abord ressembler à ceux de pas mal d'autres produits ils ont une "saveur" bien à eux. Tandis que les champignons m'entraînaient dans leur monde, j'étais submergé par la sensation - très agréable - de n'avoir jamais vu ça auparavant. Une sensation de nouveauté, de découverte, que je n'aurais jamais pu imaginer il y a quelques heures.

T+4h40 : C'est le tour de Vertical Mode. Les deux heures de Lunarave/Angry Luna sont passées comme un songe, j'ai l'impression de me réveiller après une longue nuit pleine de rebondissements. À un détail près : je n'ai pas fermé l'oeil une seule seconde... mais même sur le moment, j'avais l'impression de parcourir un rêve. Je ne sais pas comment Arnaud et moi avons fait pour retrouver nos compagnons ; pourtant, nous sommes à nouveau réunis tous les six, et malgré la qualité de la musique qui nous parvient nous n'avons pas envie de nous lever. Marie et un autre Arnaud se dirigent vers l'avant pour profiter des deux heures qu'il leur reste... de notre côté, nous nous installons confortablement.

T+5h00 : Mes mâchoires commencent à se calmer un peu, mais l'univers parallèle est toujours bien présent... ou y en a-t-il plusieurs ? D'une bouffée à l'autre, il me semble qu'il change, se distord, s'étend. Je n'ai jamais "observé" cet univers ; j'ai ressenti sa présence tout au long de la soirée mais il ne m'a pas encore fait l'honneur d'une manifestation visuelle. Du moins, pas jusqu'à ce moment-là.
Alors que j'inhale une énième fois de la fumée, une sensation inhabituelle pointe le bout de son nez. Quelque chose qui gonfle en moi, au fond de ma gorge, j'ai le réflexe incompréhensible de fermer les yeux. Pendant une fraction de seconde, je vois cette forêt, je vois ces barrières qui l'entourent et la séparent du monde réel, je vois de la lumière qui perce la canopée... et puis plus rien, la vision disparaît aussi vite qu'elle était arrivée. J'ai l'impression qu'elle a duré juste le temps d'un battement de cils, mais je ne sais pas si je dois me faire confiance.

T+5h40 : C'est l'heure de Neelix, nous nous levons pour profiter de ce dernier concert, et réussissons rapidement à retrouver le reste de nos compagnons dans la foule - qui s'est bien clairsemée depuis les têtes d'affiches de la soirée, il faut le dire. Je n'avais pas spécialement envie de voir Neelix, ne trouvant pas sa musique transcendante, mais j'apprécie beaucoup son mix et le temps passe toujours aussi rapidement.

T+6h40 : Il est 6 heures du matin, c'est la fin du festival, nous nous dirigeons vers le parking quelques minutes avant le gros du public pour ne pas nous retrouver bloqués. Nous nous préparons à un retour difficile, une heure et demie à pied dans les rues d'Alès à six heures du matin ; ça n'est pas extrêmement motivant, avouons-le. En plus, nous devons attendre Lisa, qui est allée sur le parking voir on ne sait qui...


Le retour

06h10 : Nous voyons revenir Lisa avec un grand sourire.
- Comme ça me saoulait de rentrer à pied, j'ai demandé à mon frère de nous emmener à la gare en voiture, et il est d'accord.
Explosion de joie collective. Nous réussissons à rentrer à 8 dans la petite bagnole de son frère ; le voyage est inconfortable, mais au moins nous avons chaud et nous arrivons à la gare en une dizaine de minutes. Le petit groupe avec lequel j'ai traîné toute la soirée ont des billets de train pour 8h30 du matin... mais de mon côté, j'avais compté large et mon TER ne part que vers 14h. J'aurai le temps de me reposer, au moins, me dis-je.

06h25 : Enfin à la gare, tous les sièges sont déjà occupés par des festivaliers mais nous n'avons pas besoin de tant de confort. Nous nous asseyons dans un coin, collés les uns contre les autres pour tenter de nous tenir chaud, tous dans un état d'assoupissement plus ou moins avancé. Je n'ai pas le souvenir de m'être endormi, ni celui de m'être réveillé, encore moins celui d'avoir fait le moindre rêve.

08h50 : Je me rends compte qu'il manque "quelque chose" dans mes souvenirs. Je suis toujours dans la gare, pourtant il y a un problème. Mais quel est-il ?
Les visuels ? Ils sont en train de s'estomper, même si les couleurs ne semblent toujours pas très naturelles et que je me "sens" toujours perché.
Mes affaires ? Mon sac est toujours là, j'ai même encore un morceau de cookie dans la main. J'ai acheté des cookies, moi ? Je ne m'en souviens pas...
Je réalise finalement que mes potes ont disparu. Enfin, "disparu", façon de parler. Je regarde mon portable : évidemment, leur train est parti il y a une vingtaine de minutes. Mais alors, je ne leur ai pas dit au revoir ? Je n'arrive pas à me rappeler, mais je ne me rappelle pas avoir dormi, je me sens plus perdu que je ne l'ai jamais été...

09h30 : Je sens les derniers relents de mon trip s'estomper. Plus aucune déformation visuelle, plus aucune hallucination... je commence à discuter avec les festivaliers (plus ou moins fatigués et plus ou moins endormis), je parle pas mal à ma "voisine de banc" qui doit attendre son covoiturage jusqu'à 17h45. Encore bien plus tard que moi, je ne peux que compatir. Nous passerons finalement une bonne partie de l'attente ensemble.

10h00 : Je sens la réalité reprendre possession de mon corps. Je me rappelle de ma copine, de mes amis, de ma vie, je reprends conscience du temps, des dates, je me rends compte que nous sommes dimanche et qu'il est 10 heures du matin, et pour la première fois depuis un certain temps cette information a du sens. C'est à la fois très plaisant (être incapable de conceptualiser la réalité, c'était tout de même pas mal handicapant) et un peu triste (ça marque vraiment la fin du trip... et c'est stressant de se rappeler de toutes ses obligations en même temps).

12h30 : Nous sortons tous les deux sur le quai de la gare pour fumer le premier joint de la journée. Je me rends compte à ce moment-là que les champignons n'ont pas du tout cessé d'agir sur ma perception des choses... ou est-ce simplement un effet "persistant" ? Quand j'inhale la fumée, je ne ressens plus l'existence de cette forêt, de ce monde parallèle, mais la sensation est mille fois plus intense qu'auparavant. Je ressens précisément chaque détail de ma gorge, je sens la chaleur se répandre dans mon corps comme si j'étais encore en plein plateau. Pourtant, j'ai avalé les champignons il y a déjà plus de 13 heures.

15h00 : Je fume une nouvelle fois avec quelques compagnons d'infortune sur le quai de la gare. Les "effets" sont sensiblement les mêmes, et ils n'ont toujours pas disparu à ce jour, même si leur intensité décroît légèrement au fur et à mesure que le temps passe. Ce n'est pas désagréable, après quelques journées passées à ce régime j'ai pu analyser la sensation avec un peu plus de finesse... et surtout, m'y habituer.

Je ne considère pas cet "effet persistant" comme quelque chose de négatif, ça relève plutôt des phénomènes agréables que je ne cherche pas à analyser (et surtout pas à faire disparaître). Enfin, que je le veuille ou non, ça finira bien par s'estomper ; en attendant que ça arrive, j'en profite un maximum !


Réflexions post-trip

Je suis très curieux de tester les champignons dans un contexte plus calme et posé qu'un festival. Le trip a été très agréable, j'ai découvert des manières de voir et de ressentir les choses qu'aucune substance ne m'avait jamais apporté, mais je dois dire que ma mémoire en a pris un sacré coup... écrire ce TR a été vraiment difficile, alors que la plupart du temps les mots coulent naturellement du début à la fin - je dois même souvent me brider pour avoir le temps de noter toutes mes idées.
En tout cas, je n'ai aucun regret. C'était un contexte rêvé pour une première approche, en espérant vivre d'autres périples dans le monde des champignons (en écartant suffisamment les prises, bien entendu !) et en découvrir d'autres facettes.


J'espère que vous avez apprécié de lire ce TR ! Que vous l'ayiez survolé ou lu d'un bout à l'autre, n'hésitez pas à laisser un petit commentaire, ça fait toujours plaisir :)
 

Pâtisserie

Elfe Mécanique
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20 Déc 2013
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476
Tu n'y vas vraiment pas de main morte avec les doses toi ^^ 8g de MG pour une première fois et 2,5g de champis première fois aussi :rolleyes:

Courage ou inconscience ? :grin:

En tous cas tes TR sont intéressants et c'est cool que ça se soit bien passé.
 

Procyon

Glandeuse pinéale
Inscrit
29 Mar 2014
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136
Pour les 8g de MG, je suis d'accord avec toi, c'était une erreur de débutant. L'impulsivité, l'envie de tripper avaient pris le dessus ; et puis, je m'en rends compte maintenant, mais c'est simplement la méconnaissance des sensations pouvant être entraînées par les psychédéliques en général qui m'avait fait redrop à T+2h. Je n'avais tout simplement pas réalisé que j'étais déjà en pleine perche.
Même si ce tout premier trip avait été un franc succès et que tout s'était passé sans embrouille, je ne peux m'empêcher quand je relis mon TR d'avoir des coups de flippe pour moi-même... en réalisant le nombre de fois où je suis passé à deux doigts de la "catastrophe" et où j'aurais pu partir en bad complet. Comme dit le proverbe, "il ne savait pas que c'était impossible, alors il l'a fait" !
Mais j'ai tendance à bien réfléchir mes dosages et mes S&S, désormais, en tout cas pour mes prises de psychédéliques. La dose de 2,5g peut paraître assez conséquente (c'est la limite haute d'un trip "normal", pour Erowid) mais j'avais lu sur un des topics d'informations de Psychonaut que pour la même masse de champis, moins il y avait de champis moins le trip était intense (en gros, 5 champis pesant au total 2,5g contiennent plus d'alcaloïdes qu'un seul champi de 2,5g, si j'ai bien tout compris), donc je ne me suis pas trop inquiété d'un possible surdosage. En revanche, j'ai mis beaucoup plus de temps à trouver mon S&S... depuis le 15 août qu'il traînait, bien emballé au fond de mon placard, j'ai plusieurs fois été tenté de le prendre dans différents contextes, mais je me suis toujours retenu d'une décision trop hâtive. Les champignons, dans mon imaginaire (qui semble partagé par une partie du forum), ont un côté "mystique" très prononcé qui demande un contexte mental assez particulier.

Courage ou inconscience ? Je ne me considère pas comme un exemple de courage, donc c'est probablement de l'inconscience. Les années m'apprendront sans doute à me mesurer, et quand je relirai mes TR de 2014 je raillerai sûrement mon "inconscience" et mes dosages irréfléchis. Pour l'instant, j'essaie de faire attention au maximum, mais je ne considérais pas 2,5g comme une grosse dose... Enfin, je prends chaque expérience comme un enseignement, qu'elle soit bonne ou mauvaise, et pour ma prochaine rencontre avec les champis, je songerai à revoir mes dosages à la baisse ^_^

Merci pour ton commentaire, en tout cas ! Si mes TR t'intéressent, c'est que mon écriture n'est pas vaine, et ça ne peut que me faire plaisir :)
 

190BPM

Holofractale de l'hypervérité
Inscrit
25 Sept 2013
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1 090
"J'ai toujours un joint dans ma main et un monde parallèle dans la bouche." mdrrr

Sacré festoch! fallait rester sur le parking pour taper after :D bon fallait une caisse vu qu'il flottait... ahlala. Sacré soirée
 
Inscrit
18 Juil 2014
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1 092
Baptême de trypta, huh ?
Bienvenu au club ;).

Tu retranscrit bien le genre de délire (du gout de noix jusqu'à l'effet du tar, et même "le monde parallèle dans la bouche", l'impression me rappelle quelque chose ...)
Ce que je trouve bizarre en soit, c'est ton parcours psychonautique :
Lyser > Phéné > Trypta.

Après, je suis un peu obsédé par le cliché de la "puissance graduelle" des 3 substance.
Ceci-dit ... mon cotrippeur me dit qu'à de bonnes doses, les tryptas (dont les champis) aurait le même potentiel que le LSD.

Ton tr me rappelle un vieux du 14 juillet 2013 à 3g (dans Paris) ;).

Edit : conseil malicieux : réduit les doses par 2 et rallonge d'une demie-bouteille d'un produit à base de DXM (Tu devrais trouver ça quelque part ...)
 
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