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Méta trip-report - Rétrospective psychonautique

L'huitrerampante

Glandeuse pinéale
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4 Juin 2016
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Le confinement à été pour moi l'occasion de concrétiser une idée que j'avais derrière la tête depuis quelques années déjà.

En relisant de temps à autre mes TR et en voyant les rétrospectives de certains je me suis dit que j'aimerais bien faire un gros efforts de mise en cohérence de mon vécu psychonautique, d'inscrire les fragments que constituent chacun de mes trip report dans le cadre global de ma vie. Je voulais mettre en mots la façon dont mon rapport à la drogue à influencé ma vie, mettre celle-ci à sa juste place

Je me suis adonné presque quotidiennement à cette tâche ces cinquante derniers jours. Le récit qui en découle est très personnel mais cela s'inscrit dans ma démarche et ma volonté de transmission que de le partager avec vous.

Je serais bien entendu heureux d'échanger avec ceux qui auront pris le temps de me lire.
 

Fichiers joints

  • Rétrospective psychonautique.pdf
    1,3 Mo · Affichages: 41

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Psychopstick
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6 Mai 2015
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Très cool comme démarche mais 72 pages waaah ça fait beaucoup !
Je vais au moins tenter de lire quelques pages pour voir un peu ce que ça donne ^^
Par contre niveau mise en forme ça fait assez gros pâté de texte, je pense que t'y gagnerais en lisibilité en ajoutant des images/photos, une couverture (à designer sur Canva par exemple), des numéros de page, enfin un peu de vie :)
 

L'huitrerampante

Glandeuse pinéale
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4 Juin 2016
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Merci de ton retour.
Oui c'est vrai que ça fait beaucoup, je me suis vraiment laissé aller à approfondir les choses, et c'est la première fois que je produis quelque chose d'aussi long donc je sais pas ce que ça donne de l'extérieur, mais tu as raison je devrais retravailler la forme.

J'actualiserai ce post une fois cela fait

Edit: Voilà qui est fait, c'est pas grand chose, mais je suis vraiment pas un expert de l'édition ou des outils graphiques en général
 

Tridimensionnel

Holofractale de l'hypervérité
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27 Avr 2016
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Cool ! J'ai pas encore lu mais j'ai créé un tag [Rétrospective] vu qu'il commence à en avoir quelques-unes... peut-être qu'un jour on les regroupera toutes dans une section à part :)
 

GaetanCz

Elfe Mécanique
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15 Avr 2019
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Merci pour cette rédaction.
Tes trips sont souvent bien expliqués, j'aime bien comment tu le fais. Et c'est super intéressant de voir cette évolution sur 10 années !
 

Tridimensionnel

Holofractale de l'hypervérité
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27 Avr 2016
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J'ai voulu lire une ou deux pages et je m'suis retrouvé à fin du PDF... chapeau d'avoir ainsi capté mon attention ! (en même temps j'adore les romans, et le roman d'une vie c'est un peu l'ultime...)
Mais je n'ai lu qu'en diagonale les TRs qui émaillent ta rétrospective ; à la fois parce que ça ne m'intéressait pas trop (énormément de détails qui ne servent pas l'histoire), et à la fois parce que j'en avais déjà lu quelque-uns au fil de leurs publications séparées sur le forum.

Mon travail me laissant un appréciable temps libre je passais un temps conséquent sur le forum et je dois bien avouer que pendant cette période de mon existence il a constitué pour moi un lien social. À mesure que ma lecture des écrits de ses membres s’étoffait, j’essayais d’imaginer leur quotidien, de cerner leur mental, leurs peurs et leurs aspirations, de comprendre leur cheminement. Ce que j’ai pu écrire sur ce forum n’est que la pointe de l’iceberg dont la partie immergée constitue ce que j’ai pu y lire. Ainsi, même si je pense y être passé relativement inaperçu, je me sens lié à un certain nombre de ses utilisateurs. Ce lien purement virtuel est assez unique et même s’il ne saurait se substituer aux liens sociaux réels que j’ai, il n’en reste pas moins appréciable et enrichissant pour ma psyché. Ce forum a permis à ma pensée de se diversifier en ingurgitant des bribes de vécus radicalement différents des miens. Et même si vous n’en êtes probablement pas conscient – et je sais que cette pensée de hippie mangeur d’herbe en fera sourire certains - ma pensée bonne vous accompagne :Je fais autant partie de ceux que j’ai pu lire que ceux qui me lisent font partie de moi.

Merci pour cet hommage :blush:
Et merci aussi de nous avoir partagé ton parcours ! C'est beau comment trois plans de ta vie s'entremêlent pour former un récit cohérent : l'aviation, l'amour et les psychédéliques. Que d'évolutions en dix ans ! Et comme ça doit être grisant de voir ainsi tout se "résoudre" dans le même temps ! Car c'est l'impression que m'a donné cette rétrospective : trois résolutions - intrinsèquement liées - et le franchissement d'un grand cap.
En lisant tes TR j'avais déjà eu cette impression d'un esprit étonnamment calme et résolu. Je crois avoir même commenté un truc du genre "ça a l'air chouette dans ta tête". Je réitère mon propos en lisant cette rétrospective : tu as une chance énorme d'être tel que tu es. Tel qu'on te lit dans ce récit, tu as une bonne santé mentale et c'est infiniment précieux.

La conclusion est parfaite. C'est l'aboutissement cohérent de tout ce que tu as dit avant. Je me demande s'il viendra un jour où nous pourrons prendre des psychédéliques sans la paranoïa d'être démasqués.
 

L'huitrerampante

Glandeuse pinéale
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4 Juin 2016
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Merci beaucoup pour ce retour tridimensionnel !
Je suis content que tu ai accroché, les tr ne servent en effet pas forcément tout le temps l'histoire, j'ai voulu les laisser tels que je les avais écris et ai bâtis mon récit autour de ceux ci. Pour ceux qui les ont déjà lu c'est sur que ça n'apporte pas grand chose.

Je considère effectivement que c'est lors de ces dix dernières années que je suis passé de l'adolescent à l'adulte, entre autre avec le concours des psychédélique. Si effectivement beaucoup de choses se sont dénouées et résolues pendant cette période je pense que j'ai encore chaque jour à apprendre sur le monde les autres et moi.
 

Globuleis

Neurotransmetteur
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13 Nov 2020
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Quelques temps après la lecture de cette longue rétrospective, je reviens enfin dessus. 



Tout d’abord, et après y avoir réfléchi, je ne sais trop comment aborder véritablement tout ton texte ; comme un topic sur un forum, ou comme une histoire, un roman d’un auteur. Car si vrai soit-il, on est rapidement prit dans cette histoire, on s’approprie et on s’identifie à des moments, des pensées, à un personnage principal, tout comme lors d’une lecture de fiction. Alors cette simple ambiguïté nous projette je pense, nous lecteurs, doucement entre histoire et réalité, vécu et inconnu. J’ai l’impression après lecture d’avoir imprimé une partie de ta mémoire, de connaitre intiment cet Humain, sans pour autant rien n’en savoir, de connaitre la bergerie isolée et d’y avoir partagé des expériences, de ressentir ces envies, ces refoulements, cette quête vers la profession de pilote de ligne qui se perd progressivement, ces échecs, et ce rapport à l’amour et à la sexualité auquel s’entremêle ta copine/compagne/femme.

Cela reste délicat de décrire ce sentiment, si étrange soit-il, qu’on ressent en finissant ton texte, et en particulier lorsque tu en joues dans ta conclusion en t’adressant directement au « moi »  du lecteur.

 Enfin, je pense que le partage enrichit autant celui qui donne que celui qui reçoit, aussi suis-je heureux d’avoir partagé ce récit avec toi, qui que tu sois.

Ça m’a surpris, touché, et véritablement renforcé ce sentiment de proximité.
 
Au-delà de ça, je suis certain qu’écrire tout ceci t’a autant apporté, qu’à chaque personne t’ayant lu. S’il est vrai que parfois il y’a des longueurs, en particuliers dans les trip-report qui (à mon gout) ne sont pas tous nécessaires dans la progression de ce tout,  tu ne t’es heureusement pas simplement cantonné à relater des faits, mais apporte l’évolution d’une pensée, de tes perceptions, et c’est concrètement cette évolution de ton « moi » personnel, consciencieux, qui m’a intéressé, et qui je pense a apporté aux autres. Plusieurs passages précis m’ont questionné, interrogé sur ma vision des choses, mais le seul point de raccord global et important que je perçois c’est qu’on est (lecteurs) face à un humain très optimiste, heureux de vivre et qui partage ce bonheur aisément, et qui évolue vers toutes ces pensées de contemplations, d’observations, et surtout non plus dans une quête interminable du « renouveau », mais plutôt du renouvellement de notre vision face à de ce qu’on a déjà. Ça peut également paraitre étrange à dire, et c’est peut-être aussi ce qui a renforcé ce sentiment de proximité dont je parlais plus haut, mais je me suis senti très proche de toi sur beaucoup d’aspects de ta vie, comme complètement opposé sur d’autres. Je dis ça dans un seul sens car je n’ai à contrario pas écris de « mémoires », mais nous partageons une évolution commune et opposée, (évolution de pensées, personnelle, comportementale, rapport aux autres, à la société, à l’amour, à la nature etc…) bref très peu de passages « neutres » ; rien d’incroyable là-dedans je dirais, mais c’est aussi ça qui m’a amené au bout de ta rétrospective.

Le seul point que je te reprocherais, et c’est singulièrement subjectif, c’est de (même si tu as parlé de tes échecs, peurs, frustrations etc…) tu n’as que très peu évoqué tes défauts, ce qu’il pouvait y’avoir de « mauvais » en toi selon toi, on a foncièrement et tout au long de tes écris une bonne image de ta personne, et de mon point de vue c’est qu’il manque quelque chose à ta rétrospective. Nous ne sommes pas des gens bons, qui que nous soyons, et qui dit le contraire enfouit ses mensonges au plus profond de lui-même. Attention je ne dis pas que c’est ton cas, je dis simplement que au-delà de ta vision des choses ça aurait été bon de voir ce que tu pensais de toi, et ce que tu pensais de la pensée des autres sur toi, ambigu à dire donc j’espère être clair.

 
Enfin, merci tout simplement d’avoir partagé ceci tant c’est intime.
Bravo pour ton écriture belle et prenante.

A dans 10 ans j’espère.
 

L'huitrerampante

Glandeuse pinéale
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4 Juin 2016
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Merci Globuleis pour cette critique/commentaire. 
Tu soulèves des points intéressants et me replonge dans des pensées que j'ai eu à développer et mettre au clair lors de l'écriture.

Premièrement, sur la forme. Je suis bien conscient que tout les TR présents alourdissent parfois le récit et peuvent laisser une impression d'inégalité. Ma façon d'écrire et de penser ayant évolué, s'étant affiné au fil des ans, il faut plus les voir comme des instantanés. Mais ce résultat était inévitable car j'ai construit mon récit autour de la contrainte "articuler tout les TR que j'ai déjà écrit en un ensemble cohérent traduisant une évolution personnelle" avec cette volonté de les garder tels quels, pour pouvoir me replonger dans mes différentes pensées tels que je les ai écrites instant après instant et non uniquement en 2020.

Ce qui m'amène au second point que tu soulèves et qui est qu'en effet j'ai écrit ce texte à la fois pour moi, et pour le partager avec des inconnus.
Pour moi car je sais d'expérience que plus le temps passe plus les contours du vécu et de l'expérience passé deviennent flous et filtrés par le cerveau, écrire permet de replonger avec finesse dans des idées, des sensations, des vécu et m'aide dans mon avancement global.
Pour les autres aussi, car j'ai envie de partage.

J'arrive donc au point crucial que tu soulèves - et je te remercie vraiment de l'avoir soulevé - sur le partage des défauts et plus généralement sur le pouvoir qu'a l'auteur (dans le cas de toute forme d'autobiographie) sur la réalité.
J'ai écrit en sachant que j'allais être lu. J'ai donc plus ou moins consciemment appliqué des filtres.
D'une part pour de bêtes raison de vie privée. J'ai par exemple beaucoup hésité à parler de mon métier de pilote, mes consommation étant légalement incompatible avec. Je sais que je fais attention à ce que je dis et écris sur internet mais je pars du principe qu'un individu motivé arrivera probablement à remonter à moi.
C'est pour cela que je n'ai pas inclus certaines problématiques liées à ma sexualité par exemple.
Mais au delà de cet aspect, sachant que je vais être lu et jugé, et je m'en suis clairement rendu compte lors de mon écriture, l'ego cherche à manipuler la réalité en sa faveur. J'ai au maximum été honnête dans ce que j'ai écrit dans le sens ou j'ai essayé d'enjoliver et de dramatiser le moins possible mes vécus et ressentis (même si l'on reste nécessairement subjectif et que j'aime à me laisser emporter par des élans poétiques), mais j'ai effectivement omis certaines choses et ce, pas toujours consciemment.
De plus quand je replonge mon esprit dans le passé, j'ai tendance à voir un vernis doré s'appliquer sur mes expériences, positives comme négatives. J'ai l'impression que c'est ainsi que la mémoire fonctionne, il n'y a qu'a voir comment les gens parlent de leur enfance en général…
Ces deux phénomènes qui doivent avoir surement un nom précis et que j'appellerais ici biais de désirabilité (du à l'ego) et biais de mémoire conduisent mon texte à présenter une vision des choses et de moi même un peu plus valorisante et dorée que ce que j'ai pu penser et ressentir de moi à mesure que j'ai vécu. Je ne cherche pas à le nier, j'en suis conscient depuis mes premier TR. Ce que je ne savais pas c'est dans quel mesure un esprit autre que le mien pouvait ressentir ces effets à la lecture de mes textes et c'est en ça que cette partie de ton retour est fondatrice, et amènera certainement à plus de subtilité dans mes futurs écrits.
Je pense vraiment que ceci s'applique à toute forme d'autobiographie et depuis que j'ai écrit ce fragment de la mienne, je ne lis plus les autres avec le même regard.
Il n'empêche que je suis globalement heureux de mon existence et que ce ceci est le plus souvent vrai, et que j'ai volontairement cherché à faire transparaître cet état de fait dans mon texte.
Finalement je dirais aussi que je cherchais à faire passer une réalité et que m'épancher sur certains éléments de moi aurait été inutile au récit, mais la question de savoir ce que l'on choisit de dire ou pas m'a souvent taraudé et je me suis régulièrement posé des questions du types : mais pourquoi t'écris ? tu chercherais pas à te faire mousser là ? Qu'est-ce que tu veux faire passer au fond ? rappelle toi quand même de ça et de ça… 

Quand tu dis " nous ne somme pas des gens bon " tu veux dire que nous somme des gens mauvais ou que nous somme des gens pas QUE bon ? Dans le premier cas je serais en désaccord complet avec toi, dans le deuxième en effet je pense qu'il y a des parts d'ombre en chacun de nous et qu'effectivement sous l'action des biais que j'ai décrit, les miennes se retrouvent minimisées dans mon texte.

Je serais curieux de savoir sur quels points nos évolutions et pensées sont communes ou au contraires opposées ? Sans que tu développes trop hein, juste pour me faire une idée globale et rétablir l'asymétrie de connaissance qu'induit nécessairement le partage d'un récit sur soi à des inconnus.

Enfin je suis content que tu ai pris plaisir dans cette lecture et te remercie du retour que tu as pris le temps de faire.

Ps: ces réflexions sur le fait qu'écrire sachant que l'on va être lu nous amène à biaiser la réalité ne sont pas sans me rappeler il me semble le cheminement et la décision de styloplume (maintenant stylo 2.0) d'arrêter de partager ses TR avec l'internet mais de continuer à les écrire pour lui même.
 

Globuleis

Neurotransmetteur
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Tes approfondissements, rebonds sur ce que je t’ai dit sont intéressants, et ton retour sur ta vision m’amène à vouloir ajouter d’autres choses, puisque tu as ouvert la discussion.
 
 
Premièrement, le gros point que tu soulèves sur la mémoire et nos souvenirs suite à mon annotation sur les défauts permet d’élargir considérablement l’ouverture du propos, donc merci de ramener ces questionnements à un point de vue plus général. Si je te suis lorsque tu parles du « vernis doré » qui s’applique sur nos souvenirs, leurs dilution progressive, et du rôle, du poids de l’ego sur ces derniers, je pense qu’on peut ramener tout ceci à une question plus fondamentale encore : à quel point sommes-nous conditionnés par notre mémoire, et par conséquent par notre ego, car justement acteur principal de la manipulation, de l’illusion de la mémoire ?
 
Avant de continuer, mon but n’est pas de détourner le centre d’intérêt de ton topic sur d’autres discussions divagantes, mais je me permets d’approfondir des idées malgré tout en espérant offrir matière à réflexion, partage et discussion. J’ai eu un échange avec un inconnu sur un autre site, un autre forum, qui m’a apporté des pensées fondamentales particulièrement remuantes, je me les approprie ici pour continuer mais c’est avant tout cette personne qui m’a permis de prendre ce recul, si particulière soit-elle, et de ce que je « connais » de ta personnalité, pensée, je me dis que l’on peut arriver à différente ouvertures. Le principe de cette réflexion et de se demander à quel point nous sommes conditionnés par notre Ego d’une part (mémoire, conscience, pensées) et d’autre part par notre Corps (rapport aux sens = captation de la réalité). Que nous reste-il si on nous sépare de l’Ego, ainsi que du Corps (encore une fois, au sens que j’ai évoqué) ? Nous n’avons, en regardant ceci, pas besoin de ces deux choses pour Etre ; simplement Etre n’a ni besoin d’Ego ni de Corps, toutefois l’Ego a besoin d’Etre avant de pouvoir « exister ». La vérité à laquelle nous autres Humains sommes confrontés, c’est que nous voulons exister, notre Ego veut inexorablement exister, quitte à se construire toute une réalité illusoire, superficielle et egocentrique. Toutefois l’erreur qu’on fait c’est de s’identifier à notre Corps, à notre Ego, car justement pour « exister » nous nous appuyons sur ces deux éléments, mais pour autant ils ne sont pas réellement nous. Tu n’as pas besoin de croire (en une quelconque réalité) pour Etre, simplement Etre. Un premier exemple est celui du lecteur DVD, c’est comme-ci celui-ci s’identifiait au contenu qu’il lit, persuadé d’en être le contenu il en oubli ce qu’il est réellement une fois dépourvu de tout contenu, et donc de toute réalité car restreint à une mémoire relative à son contenu, il n’en demeure pas moins que c’est un lecteur DVD, et pas le film qu’il contient. En poursuivant dans cette lignée, prenons l’exemple du Sommeil qui est plus ou moins significatif de ce phénomène de simplement Etre. Une fois endormis, nous perdons quasiment tout rattachements à notre Ego ainsi qu’à nos sens (je dis quasiment car malgré tout les rêves sont également une énième manifestation de l’Ego, qui sont évidemment reliés à nos souvenirs, à notre connaissance de la « réalité »), et pourtant nous Sommes, on Est dans le sommeil, même délestés de ces deux éléments.  
 
Toutefois, il est pour nous impossible de véritablement capter ce sentiment, cet état de vie des plus singuliers, car justement à l’exact opposé de notre état « Humain ». Je vais essayer de m’expliquer le plus clairement possible avec les divers éléments à ma portée.
Tout d’abord regardons notre réalité, le plus singulièrement c’est un simple composé de l’Espace-Temps, et les seules choses qui nous permettent de capter Espace et Temps sont encore une fois d’une part nos Sens, notre Corps, et de l’autre côté notre Ego, constructeur de mémoire, et donc ouvrier de l’illusion du Temps. Qu’avons-nous concrètement ? Rien, si ce n’est peut-être un présent, un instantané profondément illusoire, notre mémoire, elle, est morte. Quelque part, et plus artistiquement, nous sommes des sortes de morts-vivants. Une fois qu’on comprend ça, on comprend pourquoi on ne peut « saisir » l’état d’Etre sans rien autour, car cela signifierais détruire tout l’Espace-Temps consciencieusement, et c’est impossible tant nous sommes attachés à ces deux principes, plongés dans leurs illusion. Quand je te parle, c’est mon Ego qui te parle, et je suis donc strictement dans l’incapacité de dépasser ces limites dont j’ai pourtant conscience. On voit je pense déjà là une première marque de cette opposition, cette polarité des états, mais on peut également l’évoquer d’une autre manière. Ces limites prouvent notre limitation, et comment peut-on être dans la limitation autrement qu’en ayant accès au savoir, à la connaissance ; en n’ayant connaissance de rien, conscience de rien, on ne peut alors plus tomber dans la limitation. Ces deux états s’opposent encore une fois car l’un se manifeste, l’autre pas. Nous sommes dans la manifestation, nous sommes une apparition, un éclat bref limité, Etre simplement induit donc un état de non-manifestation, car non limité par Espace et Temps.
 
(Petite aparté, bien qu’appuyant des idées à travers des arguments, des conceptualisations de celles-ci qui peuvent apparaitre comme très assurées de ma part, il n’en est rien. Il est particulièrement délicat d’exprimer ce « principe », et je n’affirme rien dans l’absolu, ne pose pas la « vérité » comme si je la connaissais. Je ne saisis pas 1/10 de toute cette vaste réflexion fondamentale, et c’est justement une discussion qui peut m’amener, nous amener un peu plus loin je suppose, bien que jamais à un résultat complet.)​
 ​
J’en reviens alors à l’opposition manifestation/non-manifestation, on peut comprendre ce qui nous amène à chercher (nous, Humains) cet état de dissolution d’Ego et Corps pour simplement Etre car nous connaissons les sentiments, la souffrance et le bonheur, la douleur et le plaisir, la peur paralysante. Nous attendons chaque jour que la vie réalise nos désirs, et craignons chaque jour qu’elle réalise nos peurs. En perdant notre raccord à cette réalité, on perd tout ceci ; l’état de non-manifestation, Etre tout simplement, signifie alors atteindre une plénitude dénuée de tout ce que j’ai évoqué. Et en voyant ceci,  on peut se rendre compte que toutes nos croyances, toutes nos Espérances convergent vers cette même idée, mais à des niveaux « sous-jacents » de réflexion. La notion qu’on a de Dieu, bien que très divergente, se résume malgré tout à cette notion de plénitude, ce qui enrobe le tout, ce qui maitrise le tout, en chacun de nous et en chaque chose, et non soumis au temps car éternel. Ça se rapproche étroitement de notre notion d’Etre, et pourtant ce n’est pas tout à fait ça, car encore une fois là où nos croyances divergent se sont sur les « explications », la verbalisation de la croyance. Pour capter cette idée de simplement Etre, il faut se délester de l’Ego, et quoi de plus contre-nature pour l’Ego que de s’infliger ceci ? On demeure alors dans l’incompréhension, l’incapacité de verbaliser notre opposé, notre idée du Dieu. Alors ce qui nous fait diverger, c’est encore et toujours notre Ego, et pourtant toutes nos pensées, toutes nos croyances, toutes nos réflexions se rattachent à cette notion sans même en avoir conscience, car incapable de la verbaliser. Il n’en demeure au final pas moins que coincés dans cette réalité, cet état nous reste inaccessible, incompréhensible.​


 ​
On en arrive alors à une question sur laquelle j’ai beaucoup bloqué face à ce sujet : à quoi bon avoir conscience de la notion d’Etre, qu’est-ce que cela peut nous apporter puisque il n’y a pas de bout à cette idée, qu’elle nous demeure inaccessible ?​
 ​
Et bien le plus dur à accepter là-dedans, c’est qu’il n’y a justement rien à en tirer.​
 ​
Chercher à comprendre, à voir un bout à ces idées, leur donner sens, serait étonnamment vain. C’est une lutte qui ne mène nulle part, car lutter avec son Ego contre son Ego, ne fait qu’animer encore une fois le cours de notre vie, là où le piège de l’Ego se referme inexorablement sur nous. Comment une illusion pourrait se débarrasser de l’idée d’être une illusion ?​
 ​
Avoir connaissance de cet état d’Etre, ne veux donc pas dire chercher à perdre Ego et captation de notre Réalité, autrement dit devenir un légume, loin de là. C’est justement accepter la superficialité de toute notre conception de la réalité, l’illusion persistante dans laquelle nous sommes plongés, et s’y fondre. Notre Ego a besoin d’exister, et pour exister il se raccroche à tout ce qu’il peut, les passions, l’amour, la guerre, la création, le travail ; nous sommes biens quand perdus dans un film, un travail, un voyage, lorsque nous échappons à nous même. Alors quitte à être coincé ici, autant en profiter, autant accepter librement sans résistance notre nature illusoire et futile, autant se laisser porter par nos besoins, nos envies humaines.​
Aimons-nous, tuons-nous, détruisons-nous, car il n’y a que ça à faire.​
 ​
Ainsi, cette même discussion, bien qu’enrichissante, n’est qu’un énième divertissement, une énième manière de passer le temps.​
Encore une fois, je n’affirme rien, je n’assure rien, j’exprime simplement une pensée, une notion à mon sens fondamentale. Libre à quiconque de me contredire, rebondir sur tout ceci, approfondir, car je ne détiens rien de la compréhension de tout ceci. 


Après cette longue prolongation autour de la mémoire à la base, j’en reviens maintenant plus simplement à notre échange ! 


Tout d’abord par rapport à ma phrase « nous ne sommes pas des gens bons », j’avoue avoir été un peu trop crue en disant ceci et ça porte à interprétation. Evidemment d’un point de vue Humain je ne pense pas que nous soyons mauvais, d’ailleurs ce serait absurde de dire « nous sommes mauvais » car si nous l’étions tous sur quel comparaisons pourrions-nous appuyer ceci, quelle échelle ? Ce que j’entendais par là c’est que nous n’avons pas de vie « parfaite », plongée dans le bonheur et remplie de bienveillance, comme tu me l’as toi-même dis sur un autre topic, nous sommes tous confrontés aux mêmes peurs, souffrances, problématiques. L’erreur est humaine, et nous faisons tous des choses que nous regrettons, que nous pensons « mauvaise », ou y sommes confrontés. Voilà ce que j’entendais en ce sens, et merci de l’avoir relevé.​

Ensuite, par rapport à nos proximités et oppositions, je t’avoue vouloir éviter de m’étaler trop sur ma vie personnelle bien que comprenant pleinement ta demande, simplement par soucis d’intimité. Toutefois, pour te dépeindre un portrait grossier, ton évolution personnelle de réflexion, ta tendance au départ à tout penser, tout réfléchir qui t’a amené au cours de tes trips vers un idéal de contemplation, d’acceptation, j’en suis très proche du même parcours, des mêmes étapes. Dans ton rapport aux drogues, ta vision de celles-ci, et ta façon de consommer. Dans ton évolution comportementale à contrario, où tu as débuté en tâtonnant maladroitement à travers des soirées très alcoolisés, des amitiés assez « futiles » de ce que j’ai compris, pour te rapprocher finalement d’une relation de couple solide et puissante, avec qui tu sembles partager intensément beaucoup de choses. Si j’ai plus de 10 années de différence avec toi, tout ce parcours a été pour moi aussi très proche du tient bien que beaucoup plus condensé dans le temps. De mon côté j’ai commencé avec le cannabis en « racaille », rap, bagarres violentes, petit trafique, avec des personnes pour le moins inintéressantes, pour finalement rencontrer une femme qui m’a amené bien plus loin que quiconque l’aurait pu, la différence de l’avant et l’après a été si importante qu’il est quasiment impossible de faire le lien (d’ailleurs gros choc pour mon entourage). En conclusion, une fille avec qui je partage tout et qui n’est plus que le seul point de raccord de tout mon petit univers égocentré.​

J’en discuterais bien avec toi, mais à quoi bon se parler de nos petites vies ?​

 ​
Enfin, merci d’avoir ouvert la discussion, merci d’échanger, en m’excusant encore une fois si j’ai trop débordé sur ton topic avec mon précédent paragraphe.
 

L'huitrerampante

Glandeuse pinéale
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4 Juin 2016
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Tout d'abord merci d'avoir pris le temps de me répondre, et merci pour ces échanges.

Effectivement je ne souhaite pas particulièrement que nous nous épanchions sur nos petites vies et je préfère que l'on reste dans le domaine des idées. Je comprends aussi particulièrement bien la problématique de livrer son intimité sur l'internet.
D'un autre côté il est vrai que cherchant sans cesse à faire des liens, j'aime savoir dans quel contexte s'inscrivent les idées développées par telle ou telle personne, et t'étant comparé à certaines de mes évolutions ma curiosité en a été exacerbée. Ainsi la vision globale que tu m'a donné de ton parcours me convient amplement et je n'ai nul souhait de fouiller plus en avant.

Fin de la parenthèse, venons en maintenant au gros morceau qu'est l'ego.
Tu en as dit beaucoup, et je te rejoins beaucoup dans ce que tu développes aussi vais-je pas mal te paraphraser.
 Peu importe la métaphore pourvu qu'il y ait l'ivresse ? Tu utilise celle du DVD j'aime celle du flacon même si dans le fond elle revient au même. 
De ce que j'en comprends, si nous étions un élixir, notre égo serait l'étiquette colée sur le flacon et le flacon serait notre corps. Avec ou sans étiquette le liquide reste le même. Mais comme on le sait l'étiquette sert à faire vendre ainsi on va l'enjoliver, travailler sa présentation, utiliser un beau papier peut-être, de belles phrases bien senties pour vanter les mérites du contenu etc.
Tout naturellement l'on finit par penser que nous somme l'étiquette.
Et c'est là l'illusion de l'égo que tu dénonces. Et comme tu le dit, même en étant conscient de cette illusion, celle ci persiste, l'ego cherchant à s'immiscer dans chaque instant de nos vie - dans la temporalité - et à se les approprier. Il est toujours à chercher à se renforcer, craignant toujours de perdre ce qu'il pense avoir acquis.

Cette illusion une fois qu'elle est comprise amène en général dans un premier temps à vouloir se défaire à tout prix de l'ego, arrivent souvent derrière cela des récupérations égotiques sous la forme de ce que l'on appelle ego spirituel, le piège de l'ego se referme, son travail est inlassable.

C'est pourquoi je rejoins ta conclusion qui est d'accepter cette illusion persistante, cette réalité et de ne pas chercher un but absolu qui serait par exemple de se défaire de son ego. Malgré ses défaut inhérent, l'ego reste utile tout comme l'étiquette peut nous en apprendre sur le contenu, permettre de s'imaginer son goût, de ne pas s'empoisonner etc. Et ceci sans jamais nous donner la connaissance complète du contenu. L'ego permet aux personnes d'interagir entre elles, de se rapprocher, d'un peu se connaître. Il est donc important je pense de développer un ego sain, de rester le plus souvent possible conscient que l'on est insignifiant dans l'espace-temps. De faire preuve d'auto dérision dès que l'on commence à se croire important.
C'est en tout cas je pense un prérequis pour pouvoir développer sincèrement des qualités d'altruisme, d'empathie et de pardon par exemple. Pas comme l'humanitaire qui cherche à aider les autres pour valoriser l'image qu'il a de lui même et qui souvent fera plus de mal que de bien par exemple. 
L'enfer est pavée de bonnes intentions comme dirait l'autre. je dirais surtout qu'il est pavé des récupérations égotiques de nos intentions.
Ceci m'amène à la problématique suivante. Il est difficile je trouve une fois que l'on a pris conscience de la vacuité de la vie et des illusions dans lesquelles on baigne d'inscrire des actes dans le matériel. On ne peut rester dans la non-manifestation, mais que manifester ? 
Je suis certain qu'il n'y  a pas de réponse unique et que chacun peut y répondre différemment. Je suis intimement persuadé que j'ai envie de transmettre et d'aider les autres par exemple, je ne sais en revanche pas encore bien comment mettre en pratique le second point.


Pour répondre à ta question initiale, oui je pense que nous somme fondamentalement conditionné par ce que nous apportent nos sens et ce que récupère notre ego, que sans cesse nous nous identifions à tort à ceux-ci. Mourir à soi mille fois pour renaître mille fois…

Je ne sais pas si j'ai apporté l'ouverture attendue par ton ego qui cherche à prolonger le divertissement que lui procure nos échanges, car essentiellement je suis en accord et retrouve vraiment ma pensée profonde dans ce que tu as écrit. l'exemple de ce paragraphe en est le plus frappant 

Globuleis a dit:
J’en reviens alors à l’opposition manifestation/non-manifestation, on peut comprendre ce qui nous amène à chercher (nous, Humains) cet état de dissolution d’Ego et Corps pour simplement Etre car nous connaissons les sentiments, la souffrance et le bonheur, la douleur et le plaisir, la peur paralysante. Nous attendons chaque jour que la vie réalise nos désirs, et craignons chaque jour qu’elle réalise nos peurs. En perdant notre raccord à cette réalité, on perd tout ceci ; l’état de non-manifestation, Etre tout simplement, signifie alors atteindre une plénitude dénuée de tout ce que j’ai évoqué. Et en voyant ceci,  on peut se rendre compte que toutes nos croyances, toutes nos Espérances convergent vers cette même idée, mais à des niveaux « sous-jacents » de réflexion. La notion qu’on a de Dieu, bien que très divergente, se résume malgré tout à cette notion de plénitude, ce qui enrobe le tout, ce qui maitrise le tout, en chacun de nous et en chaque chose, et non soumis au temps car éternel. Ça se rapproche étroitement de notre notion d’Etre, et pourtant ce n’est pas tout à fait ça, car encore une fois là où nos croyances divergent se sont sur les « explications », la verbalisation de la croyance. Pour capter cette idée de simplement Etre, il faut se délester de l’Ego, et quoi de plus contre-nature pour l’Ego que de s’infliger ceci ? On demeure alors dans l’incompréhension, l’incapacité de verbaliser notre opposé, notre idée du Dieu. Alors ce qui nous fait diverger, c’est encore et toujours notre Ego, et pourtant toutes nos pensées, toutes nos croyances, toutes nos réflexions se rattachent à cette notion sans même en avoir conscience, car incapable de la verbaliser. Il n’en demeure au final pas moins que coincés dans cette réalité, cet état nous reste inaccessible, incompréhensible. ​

Il n'y a rien a rajouter à cela !
 

rosiernain

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30 Jan 2020
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Merci pour cette rétrospective que j’ai lue et qui m’a bien intéressé et ému aussi:
j’ai eu les larmes aux yeux quand tu relates la « révélation collective » (p 10), ( et par ailleurs, ça me fait penser à une sorte d’initiation au stade turquoise de la spirale dynamique de Ken Wilber and co, tel qu’il semble être vécu par certaines communautés ) et quand tu racontes le rapprochement amoureux avec Mymi, après ces années d’approfondissement de votre amitié (p 54).
Quel magnifique chemin tu as fait depuis ces peurs viscérales des femmes jusqu’à cette amitié tendre avec Mymi qui a finit par se déployer en amour !
Je souhaite que votre amour continue de s’épanouir et de rayonner autour de vous !
J’étais intéressé aussi par le récit du voyage où des mondes très différents se cotoient, et s’acceptent dans leurs différences (p60), et par tes réflexions à propos de ton métier, l’acceptation de le poursuivre pour l’instant tout en étant lucide sur les méfaits de l’aviation et sur son futur, et te préparant intérieurement à une tout autre vie.
En te lisant je mesure une fois de plus la complexité de la relation entre les révélations immédiates offertes par les psychédéliques, cette sorte d’aperçu spirituel dans la conscience éprouvée de l’unité, et le défi à long terme de grandir en humanité, d’aimer des êtres singuliers, de trouver des façons de travailler, de contribuer qui aient du sens, de déployer ses dons personnels, de tisser sa toile existentielle pour le meilleur, de célébrer au quotidien la grâce du mystère d’être en vie.

Bonne continuation sur ton chemin !
 

Globuleis

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13 Nov 2020
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Avant toutes choses, et de la même manière que toi, merci sincèrement pour le temps et l’attention que tu m’accordes, et que tu m’as déjà accordé. 

 
Sur toute notre bulle autour d’Ego, Corps, Mémoire et Etre, on se rejoint visiblement bien, je ne vois donc pas grand-chose à ajouter ; il est surement temps de rencontrer l’avis de personnes extérieures à toute cette réflexion pour obtenir de nouveaux éléments par opposition, car personnellement, je sens que je ne suis encore noyé à la surface, et qu’il me reste beaucoup à saisir dans les profondeurs de ces idées.

Vouloir descendre toujours plus dans nos fondations existentielles, pour alléger la remontée vers tout notre quotidien, notre société, nos vies. Très jeune, chacun est plongé dans les rouages qui enrobent nos conditions humaines en société, sans rien en saisir pour autant. Le système des carrières, les rapports aux autres, les modes etc… Se faire enfermer dans un monde rempli d’absurdité, et vouloir y trouver une place sans rien en saisir me semble particulièrement malsain. Alors chercher à descendre aux plus bas dans nos fondamentaux est le meilleur moyen, en tout cas pour moi, d’arriver à remonter vers le monde social.
 

Concernant ton expression de l’Ego Sain, de ton envie d’ancrer les choses dans la transmission sans pour autant en avoir les clés, je tenais à te dire que d’une part tu m’as appris, tu m’as aidé et ce je suppose sans trop en avoir conscience. Depuis ma brève ouverture à la discussion sur mon autre topic, j’ai beaucoup appris par ce biais, par les autres, et en moins d’un mois j’ai fait un bond en avant dans mes pensées, et tu en as été l’un des acteurs. Sur nos échanges préalables, sur la lecture de ta rétrospective, certains éléments essentiels que tu m’as amené sont restés, m’ont fait grandir, et je considère qu’ils prennent racines avant tout dans ta nature bien plus altruiste, optimiste et ouverte, donc merci beaucoup. Bien que je n’aie aucune légitimité à faire cela, car trop limité sur la connaissance du sujet, je pense que l’apprentissage se base avant tout sur un échange fondé dans le respect, l’acceptation et la compréhension de l’autre. J’ai connu et je connais trop de professeurs qui établissent un équilibre pesant avec leurs élèves, en se fermant à toute objection, toute nouveauté, car détenir l’autorité, ne signifie pas détenir une quelconque supériorité, et c’est ce que beaucoup trop oublient. Apprendre aux autres, c’est avant tout apprendre des autres, et tu vois je pense que si tu le ne saisis pas consciemment, je vois personnellement que tu as déjà un atout majeur c’est celui d’un altruisme sincère, en tout cas de tout ce que j’ai pu lire de toi. Toujours se questionner, c’est alors surement là la clé de tout apprentissage.

 
D’autre part, quand je parlais de nos parcours querellés et opposés, notre opposition majeure se base justement autour de nos visions plus ou moins optimistes, c’est aussi pour cela que j’ai appris de toi sur ce point, car je le suis bien moins. Toutefois, et avec peut-être moins de gaieté, j’aimerais questionner cet altruisme, cet optimisme, avec une simple question. Dans nos rapports humains nous grandissons avec l’intention de tendre vers un idéal meilleur, vers une utopie collective, mais la question que je pose et qui me semble bien plus fondamentale, c’est est-ce que l’Humain change, est-ce que l’Humain évolue ? Si on bâtit des villes, si on s’approprie une technologie toujours plus performante, si on instaure des systèmes sociaux plus « égalitaires », évoluons nous pour autant dans nos fondamentaux ? Nous continuons inexorablement à nous entre-tuer, à nous détruire, à nous fondre dans une violence toujours plus grande pour en oublier la précédente, et je suis intimement persuadé que si les moyens changent, les raisons changent, rien ne change véritablement. Si nos sociétés modernes tentent de réfréner ces pulsions, de les maitriser, nous sommes je pense des animaux violents et destructeurs, guidés par des instincts primaires, si enfouis soient-ils, meurtriers et sexuels. Il suffit de regarder notre Histoire, fondée, construite, et vivante par le sang. Alors je répète ma question, est-ce que l’Humain change ? Je ne veux donc  pas dénoncer un quelconque « mal », et il n’y a rien d’un jugement personnel là-dedans, je me ressens aussi Humain que n’importe qui, cela n’empêche pas que je nous vois comme des sales bêtes répugnantes, moi y compris.

Tu crois en l’Humain, pas moi.  Je t’inviterais bien à essayer de capter ces pulsions, qui peuvent êtres si particulièrement infimes qu’elles nous demeurent inconnues, toutefois je les crois bien présentes en chacun, persistantes et enracinés dans nos cœurs. Si l’Espoir que c’est faux nous fait vivre, nous fait espérer dans un futur meilleur, je crois encore une fois qu’il est bien plus sain d’accepter cette nature primaire, car si dans notre individualité nous ne connaissons pas cela, il suffit de regarder les gens, le monde autour de soi pour en avoir la preuve éclatante et écarlate. 

 
Discours un peu plus morose, mais je te questionne encore une fois, et je me questionne en même temps de la même manière, car quelque part j’espère que je suis dans le faux.

Merci pour tout.
 

L'huitrerampante

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rosiernain: Merci d'avoir pris le temps de me lire et de me faire ce retour. Je suis heureux que cette lecture t'ai plu et ai pu participer à tes réflexions.
Merci pour ta phrase sur le lien entre révélations issues des psychédéliques et vie quotidienne. Je la trouve frappante de limpidité et de concision.
Bonne continuation sur ta voie à toi aussi et au plaisir d'échanger avec toi à l'occasion.

                                                                                  ***

Globuleis: Merci pour cette nouvelle réponse et ce nouveau rebond. J'avais effectivement ressenti que tu étais moins optimiste que moi sur la nature humaine.​
À ce sujet tu parles de l'individu et de la capacité de l'Homme en général à évoluer. Je pense qu'il est très important de distinguer ces deux points.​
Pour commencer avec le point de vue général comme tu l'a fait, quand je regarde l'Histoire je ne peux que constater avec une pointe de tristesse que depuis des millénaires l'Humain dans sa globalité répète des schémas destructeurs : la soif de pouvoir et de contrôle, la volonté d'asservir l'autre à son idéologie et sa vision du réel amènent à la violence et au sang, les instincts "primaires" ont souvent libre cours. Et là ou il y a violence, des haines tenace peuvent s'enraciner, perdurer par delà les générations, ainsi s'entretiennent des cercles ou les pires facettes de l'humain brillent plus fort que les autres.​
D'un point de vue global je te rejoins donc avec une pointe d'amertume et constate que l'homme en général évolue peu.​

En effet, je ne relève pas d'un optimisme aveugle, et je suis bien conscient des pulsions que tu m'invites à capter. Je suis conscient que persistent en moi des peurs profondes, qu'y sommeillent aussi des colères aveugles et que je n'ai pas moins de potentiel destructeur que n'importe qui. Ceci posé je constate aussi que localement dans l'espace temps et de manière assez régulière, des individus ont su apprendre à ne pas se laisser aller à ces émotions et pulsions négatives (Attention je ne dis pas qu'il y ait eu d'individu parfait, mais qu'un nombre significatif d'humains ont traversés la vie très majoritairement loin de ces pulsions, les ont dépassés).​
Je suis aussi conscient qu'a un niveau individuel, tout un chacun cherche à ne pas souffrir. ​
Jusque ici j'ai constaté que ces résultats étaient issus d'un travail approfondi sur soi, et que chacun avait un chemin unique de compréhension et d'évolution.​
Ce en quoi je crois donc ce n'est pas tant que l'humain soit fondamentalement bon ou mauvais (et je reconnais volontiers tout ce qui peut le traverser) mais je crois en la capacité que chaque humain a d'évoluer. Je pense que chacun d'entre nous peut apprendre à reconnaître ces émotions,  ces pulsions, à les gérer, à les laisser glisser sur sa tête sans les refouler, à convertir ces énergies destructrices en autre chose. Je crois au potentiel de transformation de chaque individu.​

Partant de ce postulat il est aisé de comprendre pourquoi l'Humain dans sa globalité évolue si peu, voir pas. Ce n'est pas l'évolution de la technologie ni d'une quelconque société qui peut amener l'humain à évoluer et à se libérer de ses pulsions. C'est d'ailleurs une vaine illusion dans laquelle nombre de penseurs politiques et sociaux ont plongés, essayant d'imaginer des sociétés, des systèmes politiques qui rendraient l'Humain meilleur.​
C'est l'humain qui doit évoluer à un niveau individuel pour que la société dans laquelle il se trouve puisse évoluer en retour, et NON l'inverse. ​
Idéalement donc une société devrait simplement fournir les conditions matérielles basiques nécessaires à la vie de l'homme et lui permettre d'évoluer et de s'accomplir sans faire sur lui de pression idéologique quelconque.​

En me basant sur le même postulat, je ne pars pas avec en tête l'idée d'une mission évangélisatrice du genre : j'ai compris des choses je vais pouvoir aider et changer l'humanité. Je préfère d'une part continuer à me cultiver et évoluer personnellement (je sais qu'il me reste encore bien des choses à apprendre et comprendre), mais au delà de ça je suis conscient et trouve cela préférable d'avoir un impact local par mon mode de vie. En partageant mes idées avec mes amis proches, ma famille, sur ce forum ou même avec un inconnu croisé dans la rue, le train ou en stop je développe ma réflexion et celle de mes interlocuteurs se développe aussi.  ​
J'essaie autant que possible d'incarner le changement que je veux voir dans le monde, pas de changer le monde. Je suis infime et j'aurais un impact infime, mais c'est brique après brique que l'on construit une maison.​

Ainsi mon optimisme vient du fait que j'essaie de considérer chaque humain individuellement, sans fermer les yeux sur rien bien entendu. Ton pessimisme vient peut être du fait que tu considère plus l'Humain dans sa globalité.​

Ps: je pense aussi qu'une part de mon optimisme vient d'une pensée tout à fait subjective qu'il y a au fond de moi. Peut être est-elle simplement un moyen que j'ai de me rassurer. Je pense que les forces d'Amour qui peuvent nous traverser et nous animer sont bien plus grandes et fortes que les autres.​

Pps : Il y a un livre qui a façonnée une partie des réflexions que j'ai pu développer ici, et que je considère comme l'un des plus important que j'ai pu lire. Il s'agit de ''plaidoyer pour l'altruisme" de Matthieu RICARD. Je ne peux que t'encourager à le lire.​
 

Globuleis

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Merci pour ces approfondissements dans ta pensée, tu dis beaucoup de choses justes et sur lesquelles je m'accorde avec toi, toutefois j'y perçois un problème majeur.

Tu n'as pas tord de distinguer individu, et Humanité, mais pour autant l'un pèse sur l'autre et inversement. Dans ton message tu défends justement le poids que peut avoir un individu localement en travaillant sur lui-même, en évoluant entre-autre pour réfréner ses pulsions primaires, ses envies débordantes. Comme tu l'as dis, nous ne voulons pas souffrir, et pour ne pas souffrir il faut commencer par ne pas faire souffrir les autres je suppose ; et d'ailleurs ça nous ramène à un passage de ta rétrospective pendant un trip sous LSA si je ne me trompe pas, où tu parlais de vivre un grand sentiment d'unicité avec toute l'Humanité, car nous avions la souffrance comme dénominateur commun. Lorsque tu dis : 

[quote="L']

J'essaie autant que possible d'incarner le changement que je veux voir dans le monde, pas de changer le monde. Je suis infime et j'aurais un impact infime, mais c'est brique après brique que l'on construit une maison.​

[/quote]

Je suis complètement d'accord, mais encore une fois le problème majeur dans l'évolution individuelle, c'est le poids de l'Humanité dessus. Regarde un exemple tout simple, tu suis les idéaux que tu as exprimé ci-dessus, donc de bienveillance, d'altruisme etc... Et un beau jour quelqu'un te pointe une arme sous le nez, supposons que tu ais la possibilité de te défendre, tu te retrouves face à un choix : continuer d'incarner tes idéaux, et refuser de jouer la carte de la violence quitte à la subir toi-même, ou alors te défendre, utiliser la violence contre ton agresseur et donc briser tes convictions. On en parlait un peu plus haut, mais j'ai été confronté plusieurs fois à ce genre de situation, et si auparavant je pouvais même être "l'agresseur", maintenant je partage l'idée de vouloir éviter le plus possible toute violence, la parole est déjà un instrument fabuleux si bien utilisé. Mais encore une fois, parfois tu n'as plus le choix, et c'est en ce sens que je dis que même si l'individu à des convictions profondément ancrées, elles ne suffisent parfois pas face à une situation de crise. Un autre exemple c'est celui des guerres entre peuples, si parfois il y'a de véritables haines entre de hauts pouvoirs, c'est généralement une question de défense, qui entraine après un effet boule de neige destructeur certes, mais lorsqu'un peuple entier t'attaque, l'autre est obligé de l'attaquer pour autant et de se fondre dans la violence. 
Le "sage" te dirais de ne rien faire, de subir, car justement c'est peut-être le meilleur moyen de rebuter, de changer l'autre, mais qui a autant de convictions, qui a accepté d'ores et déjà à l'avance que face à ça il serait prêt à mourir pour l'autre. Il faut avoir un amour profondément gravé en soi pour l'Humain, et l'Humanité, pour accepter une telle chose. On s'en demande alors à quel point sommes-nous redevable de l'Humanité, jusqu'à où serions nous prêt à aller pour elle, en en oubliant son individualité ? Personnellement, je tiens trop à certaines choses, à certaines personnes dans ma vie pour accepter de perdre beaucoup, voir de mourir pour l'Humain, l'Humanité ; seul, en ermite, peut-être aurais-je une pensée différente. Je t'invites à te poser la même question alors. 

Merci par ailleurs pour l'intéressante référence de lecture.
 

L'huitrerampante

Glandeuse pinéale
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Merci pour cette réponse.

Il s'agit d'un problème certes, que je ne perçois pas comme majeur car il est pour moi inhérent à tout système de pensée individuel. Je dis ceci dans le sens où pour moi n'importe quel système de pensée/ philosophie de vie couvre forcément un certain nombre de cas pratiques qui ne se pas encore imposé au sujet et qui ne s'imposeront peut être jamais à lui. Ces cas, peuvent d'ailleurs faire évoluer ou conforter le système de pensée lorsqu'ils adviennent.

Tu prends par exemple celui de la violence et plus spécifiquement le cas ou on a le choix entre être tuer ou se défendre et tuer.
Avec mon expérience personnelle je répondrais de cette manière.
J'ai jusque là évité la violence toute ma vie, grâce aux mots principalement et à la fuite occasionnellement, j'ai réussi à n'avoir que quelques très rares disputes verbale et je n'ai pris part à aucune bagarre physique.
Le plus possible et jour après jours j'entretiens des conditions qui m'éloignent de ces cas de figures. 
Si toutefois - et je ne le souhaite pas bien sur - un tel cas se présentait:
Idéalement je me dis que j'aimerais arriver à dire quelque chose à la personne comme "attention à ce que tu vas me faire mec, en me tuant tu te tueras toi aussi, tu détruira ton humanité en détruisant la mienne" et éventuellement à mourir en étant fidèle à mon principe de non-violence.
Ceci posé je suis aussi conscient de ce que sont les réflexes viscéraux de survie qui peuvent s'emparer de nous dans ces moments intenses ou notre intégrité est immédiatement menacé. Et il est probable que sous le coup de l'adrénaline et de la peur je cesse de me poser des questions et je tue mon agresseur dans un geste de défense.
Je ne souhaite pas cela et ma vie serait bouleversée par un tel événement.
Quoiqu'il en soit il reste impossible d'anticiper et d'avoir une parade parfaite pour tout les cas de figures possibles que peut réserver le futur. Et je pense qu'une des meilleurs manières de réagir selon ses idéaux dans un maximum de situations et de les cultiver et de les ancrer profondément dans notre réalité et dans ce que nous somme en travaillant dans le présent, jours après jours.

L'on apprends pas à naviguer dans la tempête, on s'entraîne d'abord par beau temps et près des côtes, après un temps seulement on envisage le large, et toujours nous souhaitons éviter de traverser la tempête, même préparé.
On a donc plus de chance d'être (non-violent) dans un cas extrême si l'on est (non-violent) chaque jour "normal"  et que l'on cultive avec soin cette (non violence). (on peu remplacer ce qu'il y a dans la parenthèse par toute autre idée) 
Comme tu le dis cela présuppose effectivement d'un amour de l'Humain que l'on a profondément gravé en soi.
Et bien souvent nous ne voulons pas perdre certaines choses à l'échelle individuelle ou d'une nation ( et l'ego y joue pour beaucoup)


Ceci posé il me vient à l'esprit un exemple de cas très extrême et collectif de non-violence. Lors de l'annexion du tibet, le Dalaï Lama n'a eu de cesse d'appeler à la non-violence et à ne pas riposter par les armes, et une majorité l'a suivie et s'est laissée massacrée et torturée par les Chinois sans recourir à la violence. Le gouvernement tibétain est depuis lors en exil et continue à prôner d'être non-violent envers leur envahisseur. (Enfin de ce que j'ai compris et que l'on me corrige si je me trompe)
 
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