Quoi de neuf ?

Bienvenue sur Psychonaut.fr !

En vous enregistrant, vous pourrez discuter de psychotropes, écrire vos meilleurs trip-reports et mieux connaitre la communauté

Je m'inscris!

TR Royal Beluga Amsterdam

Meirrion

Elfe Mécanique
Inscrit
16 Oct 2011
Messages
287
Qui : un ami et moi-même, 20 ans et 80 kilos chacun. 2 autres amis spectateurs.
Quand: été 2011
: Amsterdam, dans notre appartement et son jardin. Environnement calme et rassurant, contexte de vacances, pas de stress, pas de portables susceptibles de nous stresser. De la nourriture et de l'eau en quantité.
Quoi : Truffes Royal Beluga, 10g par personne consommé en deux lots de 5g environ espacés de 40 min. Un petit assaisonnement à l'herbe, on est quand même à Amsterdam!


Après vous avoir espionné et beaucoup appris grâce à ce site durant 2 années, il est temps pour moi d'apporter ma pierre à l'édifice.


Avant cette expérience, j'avais consommé deux fois des truffes, à chaque fois à Amsterdam, durant l'été 2010. J'avais ainsi pu entrevoir la puissance des hallucinogènes : le ciel qui change de couleurs, mon oeil qui devenait sensible à une couleur pendant 20 secondes, puis une autre, la rue qui respire, bref ces petites choses qui font qu'on en redemande :D .

Cette troisième expérience s'est donc déroulée à Amsterdam (quelle ville !), l'été dernier (2011, je précise pour la postérité). Nous étions 4, et mis à part votre serviteur, aucun de mes amis n'avait jamais eu d'expérience hallucinogène. Je proposais donc l'idée à l'un d'entre eux, R, que je savais intéressé. Durant un an, je lui avais parlé de mes expériences, je l'avais poussé à se renseigner, à regarder par lui même pour se faire une idée. Après avoir refusé, par peur, il a fini par se lever un matin et par me dire grosso modo : « On ne vit qu'une fois, t'es mon ami, jte fais confiance, on y va ! ».

Nous voilà donc en train d'acheter deux boîtes de truffes (10g chacun) « Royal Beluga » (comme dans un TR très récent). On retourne à notre joli appartement, avec jardin et salle principale à l'entresol, chargés de nos champis et de weed pour un siège. On mange les petites merveilles au goût plutôt moyen (la moitié maintenant, on finira le reste 40 min après), on fait passer avec de la flotte, et c'est parti.
En attendant les effets, et contre les conseils du vendeur, on se roule quelques pets de Blueberry et Jack Herrer (pure, of course :lol: ). Je sais qu'il ne faut pas se presser, ça arrivera quand ça arrivera, mais je vois bien que R est dans l'expectative, il cherche les effets, et me rappelle par son attitude qu'on est tous les deux à la merci de quelque chose de puissant et d'inconnu. On partage tous les deux cette excitation et cette curiosité prudente. Je sais que nous avons beaucoup d'affinités, je sens qu'on va vivre une superbe expérience.
On cherche les effets pendant la première demi-heure, une certaine lourdeur physique nous envahi, on ne sens pas juste posé par les bédo, mais plus lourd physiquement. Puis la première partie arrive. Enfin.
On discute des effets, de ce qu'on attend de l'expérience, et on commence à rire, à rire, à hurler de rire, à se tordre dans tous les sens. Jamais de toute ma vie j'ai autant ri. Tout était devenu drôle, et nos fou-rires l'étaient eux aussi. Alors que nous nous esclaffions, les effets montaient doucement mais surement. Nous étions dans notre petit jardin, situé derrière la maison, à l'abri des regards, et pourtant nous entendions les bruits de la ville. Jusque là aucun d'entre nous n'y avait prêté attention, mais là tous ces sons métalliques, ces bruits citadins, si familiers auparavant étaient devenus étranges. Je pris la sirène d'une ambulance pour un vaisseau extraterrestre, un vacarme hallucinant (c'est le cas de le dire) qui bougeait dans l'espace tout en englobant mes oreilles. On riait de la situation, de rien et de nos réactions. Le mur du jardin recouvert de fleurs semblait onduler légèrement. Je décidai d'aller marcher pied nu dans le jardin pour sentir la vie végétale, ces murs d'êtres vivants immobiles, sentir le charme de cette nature dans ces constructions de pierre. Effet garanti.
On est resté là pendant ce qui me semble être 1h à compter de la prise jusqu'à ce qu'une araignée ait la bonne idée de descendre sur son fil jusqu'à 15 cm de ma tête. Avec l'effet loupe des champis sur les objets proches, j'ai été plutôt surpris. Je me suis tout de suite inquiété de l'état d'un de mes amis arachnophobe (qui ne nous avait pas suivi, mais profitait de la douceur sucré des space-cake amstellodamois) qui heureusement allait bien. On est rentré dans l'appart, de peur de croiser d'autre insecte.

Deuxième temps. Les fous rires continuaient, ils nous suivirent même tout le trip. Avec R, on décide d'explorer l'appart, pour voir ce que les truffes avaient à nous montrer. On sait qu'on ne peut pas décider expressément de ce sur quoi on va tripper, mais partir en quête de cet inattendu est toujours exaltant.
Nous décidons de nous allonger sur le lit dans la chambre. Les ombres du plafond ondulaient comme des vagues en bord de mer, mais avec les mêmes couleurs que si on les regardait de sous la surface de l'eau. La chambre inspirait, expirait, respirait au rythme des vagues. Loin d'être oppressant ou écrasant, nous avions la sensation de faire parti de la maison, d'habiter un être vivant. Nous sommes restés là un quart d'heure ou une demi-heure, nous nous laissions porter par la psilocybine.

Je n'oubliais pas de boire de l'eau, de manière à conserver un certain confort, éviter la pateuse et autre. J'allais donc souvent (3 fois) soulager ma vessie. Les toilettes étaient exigus, enfin comme des toilettes, et il y avait un grand miroir sur la gauche. Je ne sais pas vous, mais à chaque fois que je suis bourré ou sous effet d'un produit, j'aime bien savoir à quoi je ressemble. Je jetais donc un œil à mon reflet en pissant. Le bruit résonnait dans ma tête et la couleur de environnement tout entier virait au jaune alors que je le regardais. C'était drôle et récurrent.
Ensuite, R et moi entreprîmes de marcher un petit peu dans l'appart. Situé à l'entresol et boisé, plein de charme, l'endroit se prêtait vraiment à cette expérience. Nous avions l'impression d'être dans un bateau en pleine mer, ça tanguait comme pas possible, c'étai assez difficile de marcher droit. Je me souviens du couloir qui faisait, avis aux amateurs, comme dans le temple de la forêt dans Zelda Ocarina of Time, c'est à dire complètement penché ! Nous déambulions, rions, parlions, nous nous commentions en live, profitions à fond du moment.
A un moment R m'a appelé, m'expliquant qu'il avait une sorte de persistance rétinienne, c'est à dire que quand il bougeait sa main, il voyait plusieurs doublons de sa main en mode strobo. Je vivrais la même chose plus tard, mais à ce moment là, j'admirais les petits arc-en-ciel qui se formaient au niveau de la lumière, comme si elle était passé dans un prisme.

Enfin, dans une sorte de plateau mystique, nous allumâmes la musique. Le dubstep ne passait pas aussi bien que prévu, en tout cas il ne se prêtait pas à la contemplation champignonesque. Mon choix se porta donc tout simplement vers The End des Doors. Là c'était du lourd. Allongés dans le salon, contemplant le plafond, moi une lumière, chacun vécu une expérience quasi mystique. Je ne sais pas ce qu'il a ressenti à ce moment là, mais je ne pense pas me tromper en disant qu'il était au même niveau que moi, qu'on a partagé la même extase côte à côte. Je fixais cette lampe au reflet arc-en-ciel, une lumière d'une profondeur jamais vu. J'en oubliais presque que j'étais sous l'effet d'une drogue. Cette musique si parfaite, comme un lever de soleil, me transcendait. La voix de Morrison, comme celle d'un prophète, d'un dieu lointain, un dieu hippy du fin fond des années psychédéliques, me réchauffait et me transportait ailleurs, un ailleurs très lointain...
L'extase dura une éternité ou deux, le temps que le morceau se termine.

Nous redescendions progressivement, terrassés par ce final mystique. Nous fixions le tapis au motif géométrique en temps normal, maintenant carrément psychédélique. A croire que tous les choix esthétiques de cet appartement, et peut être d'autre élément de décoration ou d'architecture à plus grande échelle, ne prennent leur sens que sous substances. Et si une fois parti dans le monde psychédélique, on pouvait voir par ce biais les jalons laissés par ceux qui nous on précédé sur ces terres mentales ?
Nous reprenions nos esprits, en silence, allongés sur ce fameux tapis. J'avais des crampes dans les jambes, rien de méchant, mais c'était signe que la réalité reprenait le dessus. Nous étions fatigués de rire, fatigués de cette formidable expérience.

Par la suite, nous avons parlé quelques fois, toujours longuement, de cette expérience formidable. C'était un grand moment que j'ai été ravi de vivre avec un ami cher. Et je dois reconnaître que j'étais aussi content d'initier un pote à ce monde là, il y a tant de choses à découvrir pour peu que l'on soit curieux, patient et prudent.


Que c'est bon de se remémorer tout ça !
 

Mercredid

Neurotransmetteur
Inscrit
15 Oct 2011
Messages
66
Whoaow, très bon Tr, très bien écrit. Ca me donne envie de faire deux choses:
1) Faire mon premier trip aux champis (bientôt :lol: )
2) Aller à Dam (peut-être pas bientôt :? )

L'extase dura une éternité ou deux, le temps que le morceau se termine.

Sinon très belle qualité d'écriture, tu fais un peu de littérature, à tes heures perdues?
 

Meirrion

Elfe Mécanique
Inscrit
16 Oct 2011
Messages
287
Merci beaucoup Mercredid :)

Les truffes (les champis ne se vendent plus en smartshop) valent vraiment le coup, et le volume important à ingérer (10g) fait que tu peux vraiment le doser comme il faut. En tout cas le risque de se rater dans les dosages est faible (en général, restons prudent).

Aller à Dam c'est le pied, si tu prends tes billets au moins 2-3 mois avant tu peux avoir des bons prix. Cet été, je les avais pris 2 mois avant et j'avais eu Toulouse-Paris-Amsterdam pour 50€ avec un train de nuit. Bref, hors saison, en auberge de jeunesse, y'a moyen de s'en sortir.

Je te remercie pour ton compliment, mais non je ne fais pas de littérature à mes heures perdues! Par contre, repenser et réécrire cette expérience me replonge dans ce monde poétique, ensuite y'a plus qu'à se laisser aller!
 
Haut