Ensuite, si je ne m'abuse, l'autisme se caractérise par un défaut d'empathie cognitive, et c'est déjà un trouble plus courant. D'ailleurs j'avais eu envie de te demander si t'as l'impression de vivre les prods différemment de tes éventuel-les potes neurotypiques ?
Effectivement c'est ça : en fait en tant qu'autiste on ressent de l'empathie comme les neurotypiques, voir on a une tendance à en avoir davantage, mais il y a un décalage entre ce qu'on ressent émotionnellement et notre réponse concrète pour exprimer notre empathie (décalage entre l'empathie émotionnelle et cognitive). Vu qu'on a une grosse difficulté dans la compréhension des normes et règles sociales, les conventions, les implicites etc, il va y avoir décalage entre comment on exprime notre empathie à une personne et ce à quoi elle s'attendait par rapport aux normes sociales qui régissent la manière de l'exprimer (c'est ce phénomène qui laisse d'ailleurs penser que les autistes ont pas d'empathie).
Pour ce qui est de vivre les prods différemment de mes potes neurotypiques j'en ai pas l'impression. Y'a quelques différences que j'ai pu noter pour certaines drogues dans ce que j'ai ressenti pas rapport à ce que je lisais sur les fiches informatives ou témoignages sur l'effet d'une drogue, je pense plus cependant que c'est lié à des différences d'effets entre individus qu'à l'autisme en particulier, mais bon je te les précise quand même parce que sait-on jamais qu'en fait tu me sortes une étude que ces différences soient bien liées à l'autisme.
Pour la MDMA par exemple, j'ai bien l'effet empathogène (j'écris des messages d'amour à mes proches par téléphone, je kiffe encore plus le son avec mes potes, j'me sens comme uni et super bien avec l'environnement qui m'entoure sur le moment), mais par contre quand j'interagis avec des inconnus je leur déballe pas ma vie comme si c'était mes potes comme ça a l'air de pas mal être le cas pour d'autres. Ca exacerbe davantage mon côté sociable que j'ai déjà de base hein, mais je sais me contrôler pour pas parler sans cesse et leur dévoiler tout de moi. J'ai même pas besoin de faire un effort particulier d'ailleurs, juste que la MD me fait pas ça.
En ce qui concerne les hallucinogènes tels que les champignons et le LSD, j'y suis par contre bien plus sensible que mes potes : je fais partie des gens pour qui les effets dure 20H00 voir plus (quand je m'endors j'ai encore un tout petit peu les effets, à mon avis si j'attendais jusqu'à ne plus rien avoir du tout y'a moyen que je tape les 24H00 sous trip), et ceux sans prendre particulièrement de grosses doses ou en redropant quelques heures après, genre ça me fait ça en prenant un demi carton (bon ça vaut pas grand chose parce qu'on sait pas la quantité, mais c'est pour donner pour dire que j'ai pas besoin d'me bouffer 2 cartons d'un coup pour ça). Pour te dire par exemple avec un pote on avait drop en même temps, moi 1 carton et lui 2, bah ça lui a duré tout au plus 8-9H00 (et il a réussi à dormir 1H00 en plus ce fou) alors que moi quasi 21H00. Certes il fait 15-20 kg de plus que moi mais c'est proprement hallucinant (c'est l'cas d'le dire). De même pour les champis : quand j'en ai pris avec mes potes ils étaient tous redescendus après 6H00 de trip environ, moi il me restait encore un peu d'effets 9H00 après la prise
Voilà pour les quelques différences, je sais pas si l'autisme joue là-dedans, j'en doute. D'un autre côté avec la kétamine, pour le même dosage, j'y suis bien moins réceptif qu'un autre pote à moi, mais ça à mon avis c'est sûrement parce que je fais environ 10 cm et 20 kg de plus que lui, bien que de manière générale j'ai l'impression d'être moins réceptif à un dissociatif qu'un lysergamide ou des champignons.
Tout ça pour dire que je pense que ces différences sont plus liées à la variabilité individuelle du ressenti subjectif d'une drogue qu'à l'autisme, mais qui sait tu vas peut-être m'apprendre que c'est l'inverse ^^.
Après je précise que je suis un autiste qui a eu beaucoup de chances : dès mes 4 ans mes parents ont vu que j'avais un comportement atypique, ils m'ont directe envoyé voir un CADIPAH pour me faire les tests et on a pu me diagnostiquer Asperger (j'ai une mère médecin donc ça aide pour reconnaître ce genre de comportements). Suite à cela j'ai été pris en charge pendant plusieurs années, jusqu'à presque mes 12 ans, par des CMP et CATTP et jusqu'à mes 17 ans, âge où j'ai commencé à consommer d'autres drogues que le cannabis et l'alcool, par une psychologue pour surmonter les handicapes liés à l'autisme. Ca fait que depuis ce moment là j'ai vraiment quasiment plus aucun trait autistique, c'est devenu plus un trait de personnalité qu'autre chose. Il m'en reste que des traits bénins (par exemple parfois je me passionne pour un sujet d'un coup puis je le lâche quelques temps plus tard) et le côté positif (un intellect un peu plus développé sur certains points par rapport à la moyenne de mon âge, notamment le langage selon les rapports du CADIPAH de l'époque). Pour te dire malgré mon autisme je fais partie des gens les plus sociables de ma bande de potes tous neurotypiques. De ce fait c'est pour ça que je pense que ça n'a pas d'influences, ou infimes, sur mon ressenti par rapport aux effets des prods, ça aurait sûrement différent si mon autisme était encore bien marqué actuellement.
Par contre, une bonne chose, c'est que je suis sûr que le fait d'avoir été pris en charge si tôt et très longtemps par ces centres et une psychologue m'a aidé à avoir une très bonne santé mentale qui fait que je connais pas de dépressions, d'anxiété, ou quelconque trouble de ce style dont pas mal de personnes d'environ mon âge souffre. Et ça ça a aidé à ce que j'ai un rapport aux drogues sans addictions et pas dans l'idée d'être plus sociable ou dans une pulsion d'autodestruction comme ce que font certains d'autistes dans ce que j'ai pu lire sur quelques rapports.