ChatonMort a dit:
J'avais pas répondu jusqu'ici, même si j'me sentais concerné par ton histoire…
En fait j'me considère/considérais comme phobique social, mais ça a rien à voir avec ce dont tu souffres, j'pense qu'en fait c'est juste des restes d'une timidité maladive de quand j'étais plus jeune (je dis timidité mais dans ma tête ça a jamais eu de rapport, c'était dix fois plus violent que de la timidité, et j'ai commencé à m'en débarrasser très progressivement vers mes 16 ans je crois). Bref en temps "normal" ben je suis… "normal", enfin non évidemment (quelle horreur) mais mes relations avec les gens le sont à peu près.
Mais y a toujours eu quelques passages inévitables, dont la fréquence variait selon les périodes de ma vie, où j'étais incapable de supporter les relations sociales (genre me réveiller chez des gens que je connais vitaif' après une soirée, et faire semblant de pioncer pendant une demi-douzaine d'heures après mon réveil parce que je supporte pas l'idée de devoir parler aux gens — alors que je les apprécie et tout), mais pendant pas plus d'une journée en général. Mais sinon voilà, j'ai jamais vraiment fait de crises, c'est pas grand chose comparé à ce que tu décris.
Bref, c'était juste pour dire que tous les inconforts que j'avais en société, le regard des gens que j'arrivais pas à supporter, tout ça… J'm'en suis débarrassé y a quelques semaines, j'pense que le changement a été instauré par une prise de champi qui a fait remonter & éclater des valeurs que j'avais au fond de moi mais que j'exploitais pas vraiment. En gros j'me suis mis à déborder d'amour constamment (ça pue le patchouli je sais mais je suis sérieux), pour moi-même comme pour les autres, et bizarrement ça occulte tous les malaises & incohérences sociaux.
Je sais pas si j'interprète la phrase de Cleminou ("il faut que tu ai confiance en toi à tout instant, sans prendre en compte tes résultats") de la même manière que lui, mais en gros, pour moi, ma confiance en moi et ma stabilité viennent du fait que j'aime mon identité, et je suis fier de l'avoir construit depuis ma naissance jusqu'au point où j'en suis actuellement. C'est pas une histoire de réussite dans la vie, juste de te construire toi-même ; tout le monde le fait et c'est pas considéré comme un exploit mais mine de rien, c'est quand même toi qui t'es inventé toi-même (tes goûts en art, tes souvenirs, tes valeurs, etc.), et rien de ce qui peut t'arriver (te ridiculiser en public, échouer dans un truc important…) n'a d'importance face à ça : tu seras toujours toi-même de toute façon. Ton identité est un putain de monolithe inaltérable (bon t'es pas non plus invincible, si t'abuses sur certaines drogues ou que tu te fais torturer pendant trois mois dans une cave obscure c'est sûr que le monolithe va en prendre un coup, mais y a quand même une grande solidité à prendre en compte), et les situations sociales auxquelles tu t'exposes ont aucune espèce d'influence dessus ; t'as l'intelligence et le recul nécessaires pour décider toi-même de quelle manière elles vont t'affecter (et donc n'en garder que le positif). De la même manière, t'as pas à te soucier de l'image que tu donnes de toi, parce que tu sais que si tu donnes une image peu valorisante, c'est qu'elle est erronée, le pire que ça peut signifier c'est que t'es pas doué pour donner une image représentative de toi-même, mais ça affecte en aucun cas ton identité et ton intégrité (c'est pas parce quelqu'un, sur un malentendu, croit que t'es un sociopathe nécrophile, que c'est la réalité). Si, hypothétiquement, des gens te jugent par rapport à ce qu'ils voient de toi en société, et qu'ils ont une mauvaise image de toi, c'est juste qu'ils ont pas la patience d'apprendre à te connaître, et limite c'est leur problème, pas le tien.
Et parallèlement, quand je parle d'amour pour les autres, c'est-à-dire qu'indépendamment de leur identité à eux, de ce qu'ils pensent etc., tu relativises et tu te dis qu'ils sont humains, comme toi, qu'ils ont des forces et des faiblesses, comme toi, et que le pire qu'il peut résulter de votre contact c'est une mésentente si les conditions sont mauvaises ou si vos personnalités sont incompatibles. C'est un niveau de vision des choses qui inclut aucun jugement de valeur ; tu te dis juste "chacun est différent, mais tout le monde est humain", y a pas de rapport de domination ni de supériorité, si tu trouves un truc stupide tu sais que dans la tête de la personne qui l'a fait ben c'est peut-être vachement pertinent, et inversement y a plein de moments où des gens vont te trouver con ou ridicule, et tu sais que c'est juste leur manière de voir les choses, que ça a aucune valeur de vérité.
Pour résumer je considère que le fait de communiquer avec des gens est quelque chose de bien trop positif pour que des trucs comme ton image aient une quelconque sorte d'importance en comparaison. Enfin, d'un point de vue "échange humain", c'est insignifiant quoi.
Bon après j'ai des périodes de faiblesse où je me réfugie dans une vision plus égoïste et primaire du monde, ça reste fatiguant le contact social. Mais bon.
Bref j'explique juste comment je suis sorti de mon malaise global en société, je dis pas que tu vas être guéri en lisant mes conneries ou quoi, d'ailleurs c'est pas un effort que j'ai fait, ça m'est venu un peu tout seul, enfin c'était l'évolution logique de ma personnalité je suppose. J'sais même pas si ça sert à quelque chose de raconter ça, mais si y a une chance de te faire voir ton problème différemment… J'sais pas.
Courage en tout cas (désolé de pas pouvoir te renseigner niveau médocs). Et bisous :)
Je sais pas trop si ça se fait de répondre à un post vieux de trois ans (je débute sur le forum), mais après avoir lu ça j'ai pas pu m'empêcher...
Pour te résumer la situation, un peu à l'inverse de toi ma phobie sociale s'est déclenchée autour de mes 16 ans (même si je l'avais déjà en moi depuis quasi toujours mais ça je l'ai compris après). Je l'ai sentie s'installer tout d'un coup. Je crois qu'il n'y a pas de mots pour décrire ça, pour dire l'horreur que c'est, ou en tout cas moi je ne saurais pas les trouver, ça passe par le vécu. J'étais aux aguets de mes peurs, je tentais de reprendre le contrôle mais je les voyaient au contraire s'étendre à de plus en plus de situations sociales un peu comme une épidémie. Ca m'est arrivé de me sentir un peu possédé, genre a des moment je me sentais étrangère à tout le monde, même ma famille proche, avec une sorte d'effroi qui montait en moi et qui durait durait... j'avais une peur affreuse que ça ne s'arrête pas. Je crois que je supportais pas l'idée d'être un esprit séparé des autres, un peu comme si je voulais être deux dans ma tête. Ça m'arrive encore de temps en temps mais c'est plus rare et je le gère (un peu) mieux. Mon entourage proche n'était pas très compréhensif, ça c'était dur aussi, mais ça se justifie parce que c'est un trouble hyper discret. Je passe beaucoup d'énergie à cacher ma gène, à faire semblant, vu que c'est justement d'être gêné sous le regard des autres que je n'arrive pas à supporter.
Les choses ont beaucoup évoluées par rapport au début mais pendant longtemps l'idée de se soigner absolument était devenu obsessionnelle. Au point que l'angoisse ressentie dans les relations s'est étendu jusqu'à ce que je me sente mal aussi seule. (Genre boule dans la gorge, sensation d'avoir la tête bizarre, muscle tendus dans la nuque au point d'avoir des migraines le jour et même des fois en dormant quand je rêvais...).
Depuis j'ai fais un gros travail sur moi pour arriver à pratiquer la pleine conscience (chose quasi insurmontable vu mon état d'angoisse) et c'est clair que ça a été une énorme aide pour moi. Je prend en plus des médocs mais c'est super léger. J'estime en tout cas être à peu près sortie de cet état de tension physique. Je me sens à nouveau bien seule et c'est déjà une victoire. Sauf qu'en présence des autres c'est resté à peu près pareil. Après plusieurs années comme ça je me suis beaucoup isolé, et faut voir ce qui est, je n'ai presque plus de vie sociale. Le pire c'est d'avoir énormément de mal à rencontrer de nouvelles personnes, alors que j'en ai énormément envie. J'aime les autres de manière général, j'ai envie de les connaître et je suis consciente que ma peur d'être jugé est infondée puisqu'il n'y a rien à juger justement. Comme tu dis, les gens sont humains ils sont juste différents mais pas mieux ou moins bien que. Leur vision des choses dépend de leur vécu comme la mienne dépend de mon vécu.
En fait je suis impressionnée que tu dises avoir vaincu ta phobie "naturellement". Enfin sauf si on considère la prise de champi (quoique naturel aussi...) mais tu sembles dire que même sans ça tu tendais de toute façon à ce changement. Je voudrais savoir si ça t'es vraiment resté durablement (bah oui faut mettre à profit son retard de 3 ans).
Je veux dire est ce que cette timidité autrefois maladive reste en arrière plan dans ta vie ou est ce qu'elle redevient par périodes, maladive justement ? J'ai l'impression que ta « guérison » procède plus d'un lâché-prise qu'autre chose. Là où je comprend pas c'est qu'au final je pense avoir la même vision des choses que toi mais c'est pas pour autant que je change. Je sais pas si c'était ton cas mais moi j'ai mis en place des mécanismes de peur/de malaise dans les situations concernées contre lesquels la tête ne peux rien. C'est un truc physique en fait. Il y a bien des pensés de jugement de soi même derrière qui provoque cet état mais sur le moment c'est impossible de les maîtriser.
Ce sentiment de débordement d'amour que tu décris (que je trouve plutôt cool d'ailleurs) ça me paraît bien être un truc physique. Pareil pour ton monolithe intérieur, au final ça installe une stabilité dans ton corps qui te protège de tes émotions négatives.
Ton expérience me rappel les livres de certains maître spirituel que la phobie m'a fait découvrir (c'est bien le seul truc que je lui reconnais). Tu sais qui tu es, tu aimes ce que tu es alors tu ne t'identifie plus à l'image que les autres te renvoient. Enfin de ce que j'ai lu ça irait un peu plus loin, parce que là tu t'identifie quand même à la personnalité que tu t'es faite qui est un truc qui s'inscrit dans le temps (le passé surtout), alors qu'eux parlent plus d'aimer qui on est dans l'instant (de toute façon on n'est jamais autre chose que ce qu'on est là tout de suite puisque le passé et le future n'existent que par projections mentales). Ca toucherait plus à une conscience d'être.
Bref pour en revenir au sujet, si tu t'es détaché progressivement de ta phobie à partir de tes 16 ans c'est bien que tu as fait un travail sur toi non ? Un peu comme si tu avais préparé le terrain avant d'arriver à ce changement profond du à ta prise de champi.
Désolé si je suis relou avec mes questions. En fait j'aimerais vraiment savoir s'il est possible de sortir de ça sans se battre. Je passe mon temps à lutter, pour continuer de me confronter aux autres, pour ne pas éviter. Et ça me prend de l'énergie. Je vois que c'est toujours aussi dur et je n'en peux plus. C'est pourtant ça que préconise toutes les thérapies comportementales. Mais c'est long, c'est usant et je voudrais réussir simplement à lâcher prise. En fait pour moi les thérapies comportementale c'est plus se refaire progressivement un ego positif en multipliant les bonnes expérience, en se jugeant positivement, et l'alternative ce serait faire sans l'ego, en s'acceptant complètement. Mais alors là je connais pas le mode d'emploi.
Je voudrais oser la gène, l'accepter au lieu de la rejeter toujours, m'aimer
avec. Parce que oui tu as dis l'essentiel, l'échange est tellement plus important que de s'atteler à une image. Tellement plus riche que le soi que l'on s'invente et auquel on essaye de coller du matin au soir.
Enfin voilà je crois que j'ai pas été super clair, et peut être que ta phobie et la mienne ont trop rien à voir pour que ton aide soit possible, j'en sais rien.
Merci en tout cas d'avoir laissé ce témoignage, moi il m'a donné beaucoup d'espoir et même si je ne suis pas sur de m'en sortir un jour par la voie que tu as prise, ça reste une belle expérience je trouve.